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Liban - Polémique

Promotion de 1994 : « Toute crise a sa solution »

Tant le chef de l'État que le président de la Chambre ont tempéré hier leurs propos.

Le chef de l’État a reçu hier le commandant en chef de l’armée à la tête d’une délégation d’officiers supérieurs, dans le cadre de ses rencontres successives avec des délégations de la Sûreté générale, de la Sûreté de l’État, des Forces de sécurité intérieure, des douanes et de la garde présidentielle. Photo Dalati et Nohra

Des notes optimistes émanent de milieux politiques sur la fin prochaine de la polémique liée au décret d'avancement des officiers de « la promotion Aoun ». Toutefois, selon des sources proches du ministère des Finances interrogées par L'Orient-Le Jour, le pays fait face à « une véritable crise vouée à durer ». Une crise par laquelle le chef du législatif, Nabih Berry, entend manifestement faire pression sur le président de la République Michel Aoun et sur le Premier ministre Saad Hariri, pour des raisons qui restent à élucider.

Pour l'instant, ce sont les répercussions de cette crise sur les échéances prochaines qui sont évoquées : un possible parasitage de la conférence de Rome et de celle de Paris IV, dont l'Élysée a donné l'impulsion en faveur du régime. Ou encore le blocage de la prorogation des délais d'inscription des émigrés aux prochaines législatives (chère à Gebran Bassil), que des milieux berrystes contestent d'ores et déjà en estimant qu'elle nécessiterait un amendement de la loi électorale. D'autres « menaces » se profilent, comme une possible abstention du ministre des Finances de signer le décret de promotion de l'armée (à distinguer de celui de la promotion de 1994) allant du grade de colonel à celui de général et de commandant à celui de colonel, attendu en janvier prochain. Cela sans compter, enfin, la perspective radicale d'un retrait des ministres berrystes du gouvernement.

Les tensions sont telles que des parties étrangères auraient conseillé aux parties libanaises d'œuvrer à résorber la crise au plus vite, selon des sources citées par l'agence d'information al-Markaziya. Cette crise aurait en effet suscité « l'étonnement des chancelleries » d'un tel manque de jugement interne face au « danger d'une crise de surcroît inutile », selon les sources précitées. Dans ce contexte, et considérant que l'escalade a « atteint son plafond », selon certains observateurs, une médiation serait toujours en cours, loin des feux de la rampe, à l'initiative du Hezbollah. Celui-ci aurait confié à « l'un de ses responsables » la mission de trouver une solution médiane, dont les contours n'ont toutefois pas été révélés, mais qui pourrait porter ses fruits au début de l'année prochaine, rapporte al-Markaziya. Cette issue dont il est ainsi fait mention devrait vraisemblablement rapporter au président de la Chambre la contrepartie qu'il entend recueillir de la crise. C'est une allusion à cet accord potentiel qui a été faite hier, aussi bien par lui que par le chef de l'État.

 

(Lire aussi : Au fond des aïeux, le billet de Gaby Nasr)

 

Les « droits de tous au sein de la troupe »
« L'objectif du débat en cours est sans lien avec les droits des militaires, mais porte sur un conflit politique relatif à d'autres dossiers », a indiqué Michel Aoun à Baabda devant une délégation de hauts officiers de l'armée, emmenée par leur commandant en chef, le général Joseph Aoun.

C'est une référence liminaire à la solution en vue qui a aussi été faite hier par Nabih Berry devant ses visiteurs. « Toute crise a inéluctablement sa solution », a-t-il dit, avant d'évoquer « la priorité qui est celle de préserver l'unité du pays ». Comprendre qu'il faut préserver tant bien que mal le semblant de cohésion du système de gouvernance instauré par le compromis de la présidentielle. Par-delà ces adoucissements de ton, les deux hommes continuaient hier de défendre leurs positions respectives. « Il existe une Constitution. Qu'elle soit donc appliquée ! » a affirmé M. Berry.

Pour sa part, Michel Aoun a abondé dans le sens du respect des institutions, en s'affichant comme le parrain de la troupe, et des services de sécurité dont il a reçu tour à tour les délégations respectives à l'occasion de la fin de l'année (lire par ailleurs). « Oubliez ce que vous entendez en politique. L'armée est la grande muette. C'est ce que nous avons appris. Et c'est ainsi que nous avons accompli nos missions au sein de l'institution. Si une chose doit être dite, c'est à l'intérieur de l'institution militaire, et pas à l'extérieur. Et c'est à l'intérieur qu'elle sera entendue », a déclaré Michel Aoun aux officiers de l'armée. Et d'ajouter : « Il y a des choses véridiques et d'autres non véridiques qui sont dites en société, mais nous maintiendrons nos efforts pour rester équitables. » Il a dans ce cadre réitéré ses arguments selon lesquels « nul n'a le droit de confisquer à des officiers deux ans de leur carrière. C'est par souci de compensation, ne serait-ce que partielle, que nous avons pris notre décision (NDLR : de signer le décret d'avancement de la promotion de 1994). Surtout que nous avons constaté que certains officiers qui avaient longtemps été aux abonnés absents se sont vu attribuer le grade de général, et que d'autres ont été affectés à des missions pour lesquelles ils n'étaient pas habilités, faute d'avoir réussi l'examen nécessaire, avant de bénéficier ensuite d'un avancement au grade de général ». « Désormais, il n'y aura plus de violations, et les droits de tous seront préservés », a-t-il ajouté, avant de conclure néanmoins sur un ton plus souple, en évoquant le caractère strictement politique de la polémique autour de la promotion de 1994.

 

 

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commentaires (2)

ET TOUTE GAFFE SON HOMME !

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 55, le 29 décembre 2017

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Commentaires (2)

  • ET TOUTE GAFFE SON HOMME !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 55, le 29 décembre 2017

  • Le Liban est une éponge à absorber les conflits: cette régulation unique traite des crises secondaires dont la solution neutralise momentanément un conflit majeur....

    Beauchard Jacques

    11 h 05, le 29 décembre 2017

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