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Macron et Tillerson veulent préserver le Liban des ingérences régionales

Pendant plusieurs heures, la version arabe du communiqué final de la réunion publiées sur le site du Quai d'Orsay ne mentionnait pas la résolution 1559 de l'Onu, qui figurait, en revanche, dans les versions française et anglaise dès le départ.

De gauche à droite au premier rang : le Premier ministre libanais, Saad Hariri, le président français, Emmanuel Macron, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et son homologue américain, Rex Tillerson, le 8 décembre 2017 à Paris. Photo AFP / POOL / PHILIPPE WOJAZER

La France et les Etats-Unis ont appelé vendredi les puissances régionales à tenir le Liban à l'écart de leurs rivalités, afin que le Premier ministre Saad Hariri puisse réussir son pari de relance de son pays.

"Pour que le Liban soit protégé, il est primordial que l'ensemble des parties libanaises et des acteurs régionaux respectent le principe cardinal de non ingérence", a déclaré le président français Emmanuel Macron en ouvrant la réunion du Groupe de soutien pour le Liban (GISL), au Quai d'Orsay à Paris.

Le message s'adressait au Hezbollah, soutenu par l'Iran et considéré comme un de ses "bras armés" dans la région, notamment dans la Syrie voisine.
Il visait aussi par ricochet l'Iran et l'Arabie saoudite, pays engagés dans un bras de fer régional et qui soutiennent des camps opposés au Liban.

Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a aussi demandé à l'Arabie saoudite, premier allié des Etats-Unis dans la région, de faire preuve de plus de "mesure" face au Qatar - contre lequel Riyad a décrété un embargo -, au Yémen mais aussi au Liban. "Nous les encourageons à être un peu plus mesurés, un peu plus réfléchis et à pleinement considérer les conséquences" de leurs actes, a souligné le chef de la diplomatie américaine.

L'Arabie saoudite, toute à son obsession de contenir l'influence régionale croissante de l'Iran, est soupçonnée d'avoir poussé Saad Hariri à démissionner, renforçant d'autant son aura aux yeux des Libanais.

"D'importantes menaces continuent à peser sur la stabilité du Liban et rendent indispensable le soutien fort et résolu de la communauté internationale", a martelé Emmanuel Macron. "Avec le retour du Premier ministre Saad Hariri au Liban, le travail commence", a pointé la secrétaire générale ajointe de l'ONU, Amina Mohammed, qui coprésidait la réunion de Paris.

 

 1559 et 1701

"Le Groupe souligne la nécessité de mettre en œuvre et de respecter pleinement toutes les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies, notamment les résolutions 1559 (2004) et 1701 (2006)", peut-on également lire dans le communiqué final du GISL, publié en français sur le site web du Quai d'Orsay.

La version anglaise mentionne également la résolution 1559. Toutefois, le texte en arabe publié par la diplomatie française a omis, pendant plusieurs heures, de mentionner la résolution 1559, se contentant de faire référence à la 1701.

Le 2 septembre 2004, le Conseil de sécurité de l'Onu avait voté la résolution 1559, appelant au retrait des troupes étrangères, au désarmement et la dissolution de toutes les milices et à l'organisation de l'élection présidentielle hors de toute interférence étrangère.

Le GISL réunit les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu (France, Chine, Russie, Etats-Unis, Grande-Bretagne) aux côtés de l'Italie, de l'Allemagne, de l'Egypte, de l'Onu, de l'Union européenne, de la Ligue arabe, de la Banque mondiale.

 

(Lire aussi : La « B » attitude, l'édito de Gaby NASR)

 

"Consensus"
De son côté, le Premier ministre libanais a déclaré qu'il y avait un "consensus" de la communauté internationale pour préserver la stabilité du Liban. En ouverture de la conférence, M. Hariri avait déclaré que le Liban venait de "traverser une crise qui aurait pu se répercuter sur sa situation politique, économique et sécuritaire. Il s'en est sorti grâce à ses amis". "La stabilité du Liban peut paraître comme un petit miracle au vu des nombreux conflits qui déstabilisent la région. Elle est maintenue au prix de sacrifices, de dialogues et de compromis", a poursuivi le Premier ministre. "Les sacrifices de l'armée libanaise et des services de sécurité ont permis de contenir la menace terroriste et de l'éloigner de nos frontières. La capacité de dialogue et de compromis permet de maintenir la paix civile dans le respect de la Constitution et l'accord de Taëf", a-t-il ajouté.

"La décision de distancier le Liban des conflits régionaux a été prise par l'ensemble des parties libanaises et nous ferons ce qu'il faudra pour aboutir à des résultats concrets sur ce plan", a-t-il insisté. M. Hariri a également déclaré qu'il n'y avait pas de crise avec l'Arabie saoudite. "Nous sommes attachés à nos relations mutuelles", a-t-il souligné.

 

(Lire aussi : Le Hezbollah soucieux de maintenir une stabilité politique jusqu’en mai)

 

Entretien avec Tillerson
En marge de cette conférence, Saad Hariri s'est entretenu avec le chef de la diplomatie américaine, en présence du ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil. Des sources citées par la chaîne locale LBCI ont qualifié cet entretien de "bon". Les personnes présentes se sont accordées sur le fait que la question des armes du Hezbollah devait être traitée dans le cadre d'un dialogue interne.

Un autre rencontre a réuni M. Bassil, le chef de cabinet du chef du gouvernement libanais, Nader Hariri, et l'ambassadeur du Liban à Paris, Rami Adwan.

"La volonté de tous les Libanais est de sauvegarder notre démocratie et notre coexistence dans une région en proie à l'extrémisme et à l'exclusion", a poursuivi le chef du gouvernement, expliquant que le Liban était un "modèle pour la région et le monde".

Au cours de cette conférence, le Premier ministre a insisté sur l'importance de "régler la crise des déplacés syriens" sur le territoire libanais. M. Le Drian a annoncé qu'une conférence serait organisée à Bruxelles pour "aider le Liban à prendre en charge les nombreux réfugiés présents sur son sol". "Nous faisons face aux défis économiques et sociaux qui découlent directement de la crise syrienne", dont le règlement passe par une "issue politique assurant le retour des déplacés dans la dignité et la sécurité".

Par ailleurs, M. Hariri a estimé que la reconnaissance par Donald Trump de Jérusalem comme capitale d'Israël, qui suscite la colère des Palestiniens, "compliquera encore plus le processus de paix et posera un défi supplémentaire à la stabilité de toute la région". "Je ne peux que répéter notre refus de cette décision et notre attachement à l’initiative arabe pour une solution basée sur deux Etats avec Jérusalem comme capitale de la Palestine", a ajouté le chef du gouvernement libanais.

 

(Lire aussi : Le Groupe de soutien au Liban compte réclamer l’application de la 1559)

 

Une nouvelle conférence de soutien à l'économie libanaise se tiendra dans les quatre premiers mois de 2018, a précisé M. Macron. Le gouvernement libanais travaille notamment sur un ambitieux programme de modernisation de ses infrastructures pour lequel il a besoin d'investissements internationaux.

Une réunion est également prévue en 2018 à Rome pour mobiliser des aides en faveur de l'armée libanaise, en formation et en matériel. L'Arabie s'était engagée à payer 2,2 milliards d'euros d'équipements militaires français avant de faire volte-face en 2016 en invoquant déjà "la mainmise du Hezbollah" au Liban.

 

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commentaires (6)

Le rôle de la France a été extrêmement apprécié par toutes les parties concernées et au premier chef, par les libanais. Il est d'une grande importance que la France (soutenue par d'autre pays s'il le faut), prenne à cœur la préservation du Liban des conflits régionaux qui ne cessent de se compliquer au fil du temps. Les efforts de la France ont le mérite de décourager certains pays qui se permettaient jusqu'ici, un peu trop facilement des ingérences nocives à la stabilité du Liban. La Russie est un acteur majeur dans la région certes, mais au vu des désaccords entre l'occident et Poutine (regrettable bien sur) il vaut mieux que la France se montre résolue, et garante de la stabilité du Liban. Bravo au président Macron.

Sarkis Serge Tateossian

00 h 44, le 09 décembre 2017

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Commentaires (6)

  • Le rôle de la France a été extrêmement apprécié par toutes les parties concernées et au premier chef, par les libanais. Il est d'une grande importance que la France (soutenue par d'autre pays s'il le faut), prenne à cœur la préservation du Liban des conflits régionaux qui ne cessent de se compliquer au fil du temps. Les efforts de la France ont le mérite de décourager certains pays qui se permettaient jusqu'ici, un peu trop facilement des ingérences nocives à la stabilité du Liban. La Russie est un acteur majeur dans la région certes, mais au vu des désaccords entre l'occident et Poutine (regrettable bien sur) il vaut mieux que la France se montre résolue, et garante de la stabilité du Liban. Bravo au président Macron.

    Sarkis Serge Tateossian

    00 h 44, le 09 décembre 2017

  • On oublie le principal acteur . Vladimir Poutine. Les 2 autres là c'est menu fretin.

    FRIK-A-FRAK

    20 h 48, le 08 décembre 2017

  • Nous sommes attachés à l'application de la résolution 1559 du 2/9/2004 qui appelle au désarmement et à la dissolution de toutes les milices. Nous sommes attachés autant à la résolution de la proclamation de notre indépendance le 22/11/1943 à l'égard de l'Est et de l'Ouest. Ces deux résolutions sont non-négociables et forment une ligne rouge à ne pas dépasser.

    Un Libanais

    20 h 14, le 08 décembre 2017

  • CONFERENCE POSITIVE DES AUTRES POUR LE LIBAN... IL MANQUE MAINTENANT L,ATTITUDE POSITIVE DE TOUTES LES PARTIES LIBANAISES... ET SURTOUT DES SACRILEGES QUI JOUENT AVEC LE NOM DE DIEU !

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 02, le 08 décembre 2017

  • PARAGRAPHE 4, LIGNE 4 UN PEU PLUS REFLECHIS ETC...

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 47, le 08 décembre 2017

  • PREMIER PARAGRAPHE, LIGN 2 SON PARTI OU SON PARI ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 44, le 08 décembre 2017

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