Après que le président américain Donald Trump eut fait connaître mercredi sa position sur le statut de Jérusalem, une autre attente se dessine : la présentation prochaine d'un projet de paix entre Palestiniens et Israéliens qu'il est en train de préparer, et dont des versions préliminaires commencent à circuler.
L'administration Trump a laissé entendre que la nouvelle mouture sera rendue publique en janvier prochain.
Mais, vu les entourloupes et les détours caractéristiques du président américain, elle risque d'être « dead on arrival » (morte à l'arrivée), selon Tikun, une publication américaine qui est la voix des Juifs américains non sionistes. Il y est précisé que « presque dès le premier jour de sa présidence, Donald Trump s'est vanté qu'il allait résoudre le conflit israélo-palestinien. Il prétendait, entre autres, qu'il pouvait faire ce qu'aucun autre président américain n'a pu faire. Et il a appelé cela "the ultimate deal". Mais maintenant, presque tout le monde sait que Trump est un vantard. Et ses fanfaronnades n'ont aucune connexion avec la réalité ».
La dernière semaine, le New York Times et des médias israéliens ont toutefois rapporté que le plan de paix de Donald Trump est réellement en train de prendre forme. À Washington, les sources ont été vagues sur son contenu exact. Néanmoins, des fuites ont laissé comprendre qu'à part l'annonce verbale de la création d'un État palestinien, le plan n'offre rien aux Palestiniens. De même que Jérusalem ne sera pas désignée comme la capitale du futur État palestinien. Aucune référence, non plus, à l'évacuation des colons. D'après ce plan, Washington vise à soutenir la plupart des besoins sécuritaires de l'État israélien, y compris la présence de son armée le long de la frontière avec la Jordanie.
Il s'agit d'un plan qui satisfait presque toutes les revendications du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, lequel a déclaré à plusieurs reprises qu'il veut parvenir au maintien du contrôle israélien de la sécurité sur tout le territoire palestinien. Ce qui implique, en cas de faisabilité, que les Palestiniens n'accéderont pas à la souveraineté totale.
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Les Palestiniens « snobés »
En principe, ce plan en préparation est associé au gendre du président, Jared Kushner, qui était censé l'assumer complètement et qui, en fait, s'est avéré le moins qualifié pour cette mission. En outre, Kushner est accusé de conflit d'intérêts, car lui et sa famille participent financièrement à des projets pour les colons juifs dans les territoires palestiniens. Mais le travail effectif de la mise sur pied de ce plan revient à Jason Greenblatt, l'envoyé spécial de Donald Trump au Proche-Orient. Il œuvre en collaboration avec Dina Powell, adjointe du conseiller à la Sécurité nationale, et l'ambassadeur américain en Israël, David Friedman. Et le groupe est en continuelle consultation avec le département d'État et avec le consul général américain à Jérusalem, Donald Blom.
Des analystes ont confié au New York Times qu'en toute logique, l'on doit s'attendre à ce que ce plan soit basé sur la solution des deux États qui a été au cœur des efforts de paix durant des années.
Mais les plus réalistes croient que Donald Trump n'ira pas dans cette direction. Il va plutôt privilégier des mesures visant à rétablir la confiance entre les deux parties, afin de remettre le processus de paix en marche. C'est-à-dire qu'Israël pourrait se limiter à l'élargissement de constructions de colonies existant déjà sans s'approprier de nouvelles terres, se réengager dans la solution des deux États et redessiner une petite partie de la Cisjordanie pour donner plus de terre aux Palestiniens. Les pays arabes, particulièrement l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et la Jordanie, pourraient essayer d'assouplir le deal, en permettant notamment le survol de leur espace aérien par des avions commerciaux israéliens.
Toutefois, cette approche concoctée par Donald Trump et qui « snobe les Palestiniens » est en train de perturber la région. La revue The Atlantic voit là « une politique étrangère en demi-mesures symboliques ». Mais l'ambassadeur israélien à Washington, Ron Dermer, se dit optimiste.
Quant à l'annonce par le président Trump du transfert de l'ambassade américaine à Jérusalem, elle laisse plus d'un observateur sceptiques, la plupart pensant que cette mesure sera longue et difficile à réaliser. On a même nommé cette initiative « Trump First », plutôt qu'« America First ».
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