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Moyen Orient et Monde - Territoires palestiniens

« Jérusalem est à nous ! » : à Ramallah, la rue se soulève

Journée de manifestations hier dans les territoires palestiniens, après l'annonce de Trump de reconnaître la Ville sainte comme capitale d'Israël.

Des manifestants palestiniens près de Ramallah protestent contre la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël. Abbas Momani/AFP

Mercredi 6 décembre en conférence de presse, Donald Trump a annoncé que les États-Unis considéraient désormais Jérusalem comme la capitale d'Israël. Une annonce accueillie avec stupeur et colère par les Palestiniens pour qui cette décision éloigne encore un peu plus l'espoir de voir un jour Jérusalem-Est reconnue comme la capitale d'un État palestinien souverain.

Hier, des manifestations étaient organisées en Cisjordanie et à Gaza. À Ramallah, la capitale administrative des Territoires, des centaines de personnes ont manifesté leur colère, pacifiquement ou dans la violence. Sur la place d'al-Manara, au cœur de la ville, les lions de pierre d'habitude paisibles ont sûrement été étonnés de voir l'agitation qui régnait hier autour d'eux. Munies de drapeaux palestiniens et souvent drapées d'un keffieh, des centaines de personnes se sont rassemblées là pour manifester leur colère après l'annonce du président américain.

« Ce qu'a dit Trump hier (mercredi) ne concerne pas seulement les Palestiniens, le monde entier doit réagir », s'emporte un lycéen de 16 ans. Accompagné de ses amis, il a profité du jour de grève à l'initiative des différentes formations politiques palestiniennes pour venir manifester. « Pour moi, cette annonce est comparable à la déclaration Balfour (en 1917, les Britanniques se sont déclarés favorables à la création d'un foyer juif en Palestine). Donald Trump prend des décisions qui ne le concernent pas. » Autour du jeune homme, la foule scande des « Honte à toi ! » à l'adresse du président américain.

 

(Lire aussi : « Nous revivons le temps de la Nakba. Il y a eu 1948, il y a eu 1967 et il y a aujourd’hui »)

 

Quelques mètres plus loin, un groupe de jeunes filles se prend en photo devant la foule, visiblement ravies de voir autant de monde s'être déplacés pour l'occasion. Originaire de Naplouse et venu à Ramallah pour étudier, Abdallah fait la grimace. « À Jérusalem, nous sommes prêts à accueillir les juifs, à les laisser prier et vivre comme ils l'entendent. Mais ce que l'on refuse, c'est que Jérusalem perde son identité arabe, notre identité », s'emporte le jeune homme d'une vingtaine d'années. Sur son sweat-shirt à capuche, il a accroché un pin's aux couleurs du drapeau palestinien. Comme beaucoup d'autres jeunes ici, Abdallah semble assez désabusé par les hommes politiques qui dirigent son pays. « Ce qui est arrivé mercredi, c'est en partie la faute de Mahmoud Abbas. Il n'a pas su résister à la pression des étrangers. » Leila est beaucoup plus âgée que Abdallah, pourtant elle partage son jugement. À 63 ans, la femme aux yeux rieurs s'exclame : « Malgré ses appels à l'aide auprès des pays étrangers, Abou Mazen n'a pas pu s'imposer face aux Américains. »

Plusieurs heures après le début des rassemblements, il est près de 15 h lorsque le cortège commence lentement à bouger. Les étudiants les plus chevronnés en tête, la foule s'engouffre dans la rue Rukab. « Jérusalem est à nous », « Honte à toi » entend-on de nouveau dans les rues de Ramallah. Au loin, on entend soudain un bruit de sirènes. Alors que le convoi s'écarte pour laisser passer l'ambulance qui roule à toute allure, la foule crie de plus belle. La voiture file tout droit en direction du barrage de Kalandia, situé à seulement quelques dizaines de kilomètres et emprunté chaque jour par des centaines de Palestiniens désireux de se rendre à Jérusalem.

 

(Lire aussi : Après Jérusalem, Trump affine « son » plan de paix)

 

Aujourd'hui vendredi, journée-clé
En périphérie de la ville, ils sont en effet plusieurs dizaines à affronter les soldats israéliens. Munis de frondes et le visage souvent caché par un keffieh pour se protéger, ceux qu'on appelle ici les chebab (les jeunes, en arabe) ont passé plusieurs heures face à face avec l'armée israélienne avant de se disperser. Sur la route qui mène au point de passage, derrière les grandes vitres de sa pharmacie, Haia Kanan observe un groupe de jeunes en route pour Kalandia. « La violence ne résoudra rien », s'emporte-t-elle.

« Ce qui arrive aujourd'hui me rend très triste », explique la pharmacienne, visiblement émue. « Ici les gens sont fatigués de tout ça, les Palestiniens n'aspirent qu'à vivre tranquillement, en paix. » Pour celle qui a fait ses études en Égypte, l'annonce de Donald Trump a brisé une période de calme relatif entre Israéliens et Palestiniens. « Je ne sais pas ce qui se prépare, mais ce qui arrive n'est pas dû au hasard. Le président américain a voulu ces choses, il a voulu que la violence éclate de nouveau. » D'après le Croissant-Rouge, dans toute la Cisjordanie, hier soir on comptait une centaine de blessés.

« On ne peut faire face à la politique sioniste soutenue par les États-Unis qu'en lançant une nouvelle intifada », a annoncé hier Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas, dans un discours prononcé depuis la bande de Gaza. Alors que le groupe islamiste multiplie les appels au soulèvement jusque sur son compte Twitter, ce vendredi, jour de grande prière pour les musulmans, s'annonce comme un jour-clé. Sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem, mais aussi à Gaza et en Cisjordanie, les Palestiniens seront de nouveau dans la rue pour protester contre la décision du président américain.

 

 

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Hier, des...

commentaires (2)

ET IL NE PARLENT QUE DE JERUSALEM EST !

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 29, le 09 décembre 2017

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Commentaires (2)

  • ET IL NE PARLENT QUE DE JERUSALEM EST !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 29, le 09 décembre 2017

  • IL N,Y A QU,UNE VRAIE INTIFADA QUI POURRAIT POUSSER TOUS LES PAYS A TRAVERS LES NATIONS UNIES A REFUSER CETTE INSULTE FAITE A 2,18 MILLIARDS DE CHRETIENS ET 1,6 MILLIARDS DE MUSULMANS DANS LE MONDE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 04, le 08 décembre 2017

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