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À La Une - Conflit

Pour gagner en influence en Syrie, les Etats-Unis ont besoin de l'appui de la Turquie

Erdogan est en train d'accepter que le régime syrien se maintienne sous une forme ou une autre et cherche dans ce contexte un arrangement avec Moscou et Téhéran, selon un spécialiste turc.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan et son homologue américain Donald Trump. Photo d'archives AFP

Au moment où le groupe Etat islamique (EI) perd ses derniers bastions en Syrie, les Etats-Unis se préparent à rester dans le pays où, pour contrer l'influence de Moscou et de Téhéran, ils comptent sur la Turquie, ce qui les place dans une position diplomatique délicate.

L'appel téléphonique du président américain Donald Trump vendredi à son homologue Recep Tayyip Erdogan semblait ainsi destiné à obtenir les faveurs d'Ankara, avec une concession cruciale sur l'envoi d'armes aux milices kurdes YPG.

M. Trump s'est apparemment engagé à cesser d'armer ces milices, qui sont considérées comme "terroristes" par Ankara. Un geste qui devrait satisfaire la Turquie, membre de l'OTAN, mais être aussi perçu comme une trahison des Américains qui s'appuient sur les YPG pour combattre l'EI en Syrie.

 

(Lire aussi : Pas de contact "pour le moment" entre Ankara et le régime Assad, affirme Erdogan)

 

'Soutien diplomatique turc'
"Nous ne pouvons pas être en Syrie durablement sans les bases et l'espace aérien turc et dans une certaine mesure sans le soutien diplomatique turc", a expliqué à l'AFP l'ancien ambassadeur américain James Jeffrey. "C'est tout l'objet de l'appel téléphonique" entre MM. Trump et Erdogan, a assuré cet ancien conseiller en sécurité nationale qui a été ambassadeur en Irak et en Turquie.

La Turquie fait officiellement partie de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis mais mène par ailleurs sa propre intervention dans le nord de la Syrie, combattant à la fois l'EI et les YPG qu'elle considère comme l'extension en Syrie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui livre une sanglante lutte armée contre Ankara depuis 1984.

Selon M. Jeffrey, qui en tant que membre du Washington Institute for Near East Policy est toujours en contact avec des hauts responsables turcs, "il n'y a rien qui n'énerve plus Erdogan" que le soutien américain aux YPG.

 

(Lire aussi : Avant Genève, qui veut quoi, qui peut quoi ?)

 

Après l'appel de vendredi, le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu a affirmé que Donald Trump avait "donné des instructions très claires en vue de l'arrêt de la livraison d'armes" aux YPG. La Maison Blanche a été moins explicite, confirmant que M. Trump avait informé son homologue des "ajustements en instance concernant le soutien militaire apporté à nos partenaires au sol en Syrie".

Les deux chefs d'Etats ont par ailleurs évoqué l'importance du nouveau cycle de pourparlers syriens sous l'égide de l'ONU qui doit débuter le semaine prochaine à Genève, toujours selon la Maison Blanche. Ce point à son importance car la Turquie participe aussi au processus de paix parallèle et potentiellement rival conduit sous les auspices de la Russie dans la capitale kazakhe Astana.

Mercredi, M. Erdogan s'est entretenu avec les alliés de Bachar el-Assad, le président russe Vladimir Poutine et son homologue iranien Hassan Rohani dans la station balnéaire russe de Sotchi pour évoquer les deux processus de paix. Ce qui pourrait expliquer le timing de l'entretien téléphonique de vendredi, selon l'ancien parlementaire turc Aykan Erdemir.

 

(Lire aussi : Le Congrès du dialogue national sur les rails)

 

'Demi-tours radicaux'
Dans les premières années du conflit syrien qui fait rage depuis 2011, M. Erdogan, tout comme son homologue d'alors Barack Obama, étaient entièrement hostiles au régime de Bachar el-Assad mais l'intervention militaire de la Russie et le soutien de Téhéran ont changé la donne, mettant Américains et Turcs face à une nouvelle réalité.

Pour M. Erdemir, qui est désormais chercheur pour le cercle de réflexion "Foundation for Defense of Democracies", le président turc est en train d'accepter que le régime syrien se maintienne sous une forme ou une autre et cherche dans ce contexte un arrangement avec Moscou et Téhéran. La Turquie a ainsi ouvert son espace aérien à Bachar el-Assad qui se rendait à des pourparlers avec M. Poutine en Russie, mais aussi aux militaires russes qui acheminaient du matériel vers la Syrie.

"Erdogan a récemment fait référence à Assad en tant qu'administration centrale, en tant que gouvernement central en Syrie et beaucoup ont perçu cela comme une déclaration majeure", a expliqué Aykan Erdemir à l'AFP. Mais selon lui, cette attitude ne devrait pas durer car le président turc s'est évertué à dépeindre Bachar al-Assad comme un criminel de guerre et parce que Moscou voudra à terme voir les militaires turques quitter la Syrie. "J'ai de sérieux doutes sur la persistance de cette position d'Erdogan avec l'Iran et la Russie", a-t-il avancé, assurant que la politique étrangère de la Turquie ces dernières années avait été "une série de voltes-face".

Washington pour sa part, a clairement fait connaître la semaine dernière son intention de rester en Syrie même après une défaite de l'EI. "Nous allons nous assurer que nous créons bien les conditions d'une solution diplomatique", a déclaré le ministre de la Défense Jim Mattis. Et pour ce faire, une bonne entente avec Ankara se révélera indispensable.

 

 

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commentaires (2)

BABA MINI SULTAN N,EST QUE LE DELEGUÉ DE TRUMP ET N,AGIT QU,EN CONSEQUENCE ! HIS MASTER,S VOICE !

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 49, le 27 novembre 2017

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Commentaires (2)

  • BABA MINI SULTAN N,EST QUE LE DELEGUÉ DE TRUMP ET N,AGIT QU,EN CONSEQUENCE ! HIS MASTER,S VOICE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 49, le 27 novembre 2017

  • Quelle honte pour la 1ere puissance mondiale de se voir diriger par un déséquilibré mental de cette espèce de mèche jaunie. C'est pas bon pour le monde dit civilisé.

    FRIK-A-FRAK

    17 h 05, le 26 novembre 2017

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