Le président de la République, Michel Aoun, a affirmé hier devant ses hôtes que le Premier ministre démissionnaire Saad Hariri était "détenu" en Arabie saoudite, qualifiant cet acte d'agression contre le Liban, lequel fera tout ce qu'il faut, y compris au niveau des capitales de décision, pour réclamer la libération du président du Conseil et son retour au Liban.
Le Premier ministre Saad Hariri n'a pas attendu longtemps avant de répondre au président de la République en assurant, via Twitter, qu'il était sain et sauf et qu'il retournait au Liban, comme il l'avait promis. La famille Hariri a également répondu au chef de l'État, assurant à son tour que les propos relatifs à sa détention sont faux.
Quoi qu'il en soit, la position du chef de l'État a créé la surprise, dans la mesure où le retour de Saad Hariri était attendu avant dimanche, selon des sources de retour de Riyad. L'escalade du Liban officiel en a étonné plusieurs, aussi bien dans les milieux diplomatiques que politiques.
À titre d'exemple, les Forces libanaises (FL) ont fait part de leur étonnement face à ce durcissement de ton à l'heure où la crise était réglée en douce. Les milieux FL ont également été stupéfaits par les informations selon lesquelles Baabda envisageait de faire appel à l'ONU pour la libération de Saad Hariri et sa famille.
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Pour un diplomate arabe, l'absence de démenti concernant ces informations officieuses est grave, d'autant qu'une plainte d'un pays arabe contre un autre à l'ONU reste un événement sans précédent. Sans compter le danger d'une telle démarche dans un contexte régional en ébullition, à l'heure où la Ligue arabe se réunit dimanche au Caire à la demande de Riyad pour discuter des ingérences iraniennes dans le monde arabe, et au Liban plus particulièrement.
Des sources proches du courant du Futur, elles, estiment que la position en flèche de Baabda constitue une réponse à la visite du patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, à Riyad et à l'accueil exceptionnel qui lui a été réservé. Il s'agirait aussi d'une réaction aux propos de Mgr Raï après sa rencontre avec Saad Hariri, selon lesquels il était convaincu des motifs de la démission du Premier ministre.
Des milieux loyalistes estiment, pour leur part, que le chef de l'État veut simplement préserver la patrie et ses fils, conformément à son serment constitutionnel. Il a attendu en vain, durant 12 jours, le retour de Saad Hariri pour que ce dernier lui explique les causes de sa démission à partir de l'étranger et pour discuter des solutions. D'autant que cette démission a été accompagnée de certaines prises de position, puis suivie d'un entretien télévisé où il a proposé des solutions. Partant, sa présence au Liban est nécessaire pour un entretien franc et sincère, surtout que les contacts avec lui à Riyad sont difficiles. L'entourage du président de la République est gêné par le manque de communication entre ce dernier et son Premier ministre, d'où le ton des propos de Michel Aoun hier matin.
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De son côté, le Hezbollah garde le silence, laissant à ses alliés le soin d'exprimer leur rejet du rôle négatif joué par l'Arabie saoudite et de gloser sur la mise en résidence surveillée de Saad Hariri. La pression doit donc rester sur Riyad, mise sur le banc des accusés, pour ne pas parler de Téhéran.
La rue sunnite a interprété quant à elle la position de Baabda comme un refus de la feuille de route pour une solution présentée par Saad Hariri lors de son entretien télévisé. Des milieux politiques sunnites qualifient en effet la réaction du chef de l'État d'inacceptable, la plaçant dans la foulée de la politique de l'autruche que le pouvoir continue de mener face aux causes de la démission du Premier ministre, en l'occurrence l'hégémonie iranienne sur la décision libanaise. L'hostilité du pouvoir à l'égard de Riyad constituerait donc une tentative de ne pas parler de ce qui ne va pas : la mainmise de Téhéran sur le pays du Cèdre.
Des sources bien informées rapportent dans ce cadre que le Premier ministre Saad Hariri ne voulait pas recevoir l'émissaire iranien Ali Akbar Wilayati lors de sa dernière visite au Liban, mais qu'il l'a fait face à l'insistance du président de la République et du président de la Chambre. Ce sont les positions exprimées par le dirigeant iranien concernant « la victoire de la résistance » au Liban, après la visite, qui ont fini d'envenimer la relation avec Riyad.
Il reste à savoir si la France, grâce à ses efforts intensifs pour désamorcer la crise et préserver la stabilité dans la région, pourra bloquer l'escalade en cours. Faute de quoi, la situation pourrait exploser dimanche, lors de la réunion de la Ligue arabe au Caire, comme l'a dit le ministre démissionnaire de l'Éducation, Marwan Hamadé.
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commentaires (8)
admettons que hariri est bien sequestre en arabie, oserait on admettre que l'Iran fait la pluie et le beau temps au Liban ? SELON LE VRAI POUVOIR - donc Hezb,aoun, gentil gendre ( exclure berry) NON NON ET NON . l'Iran n'est qu'un protecteur du Liban- benevole il faut le preciser. de ttes les manieres un nouveau dilemme se pose a nous,pauvres heres : "l'ingerance" ""ds les affaires internes libanaises""" duquel de ces 2 pays preferons nous ? en fait de dilemme rien de nouveau je me trompais : ""the story of lebanon's life "" n'est ce pas .
Gaby SIOUFI
11 h 21, le 16 novembre 2017