Le Premier ministre libanais, Saad Hariri, a annoncé samedi, à la surprise générale, sa démission de la présidence du gouvernement, en accusant le Hezbollah et son allié iranien de "mainmise" sur le Liban et en affirmant "avoir peur d'être assassiné".
"J'annonce ma démission du poste de Premier ministre", a déclaré M. Hariri, qui se trouve actuellement en Arabie saoudite, dans un discours retransmis par la chaîne satellitaire al-Arabiya. Selon des sources interrogées par L'Orient-Le Jour, M. Hariri a fait son annonce de l'hôtel Ritz de Riyad, en présence du prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane.
La démission, totalement inattendue, du chef du gouvernement intervient un an après sa nomination.
"Là où l'Iran est présent, il sème la division et la destruction. La preuve de cela est son ingérence dans les pays arabes, sans parler de sa rancune profonde contre la nation arabe", a dénoncé M. Hariri, dans une attaque verbale inattendue contre l'Iran. "L'Iran a une mainmise sur le destin des pays de la région (...) Le Hezbollah est le bras de l'Iran non seulement au Liban mais également dans les autres pays arabes", a ajouté M. Hariri.
"Malheureusement, j'ai réalisé que des compatriotes sont main dans la main avec l'Iran qui cherche à soustraire le Liban de son environnement arabe. Peuple glorieux du Liban, le Hezbollah a réussi, grâce à ses armes, à imposer une situation de fait".
Et M. Hariri d'ajouter, dans un discours préparé à l'avance : "Je veux dire à l'Iran et ses acolytes qu'ils sont perdants. Les mains qui s'en prennent aux Etats arabes seront coupées. Et le mal se retournera contre ceux qui l'exercent. Je vous ai promis d’œuvrer pour l'unité des Libanais, pour mettre un terme aux divisions politiques, et confirmer le principe de distanciation (par rapport aux conflits de la région, ndlr) (...). Actuellement, c'est la frustration, les divisions qui prévalent, de même que les intérêts personnels au détriment de l'intérêt général. Il y a des hostilités qui se constituent au Liban mais qui ne nous regardent pas."
Le Premier ministre démissionnaire a par la suite déploré la gravité de la situation. "Nous vivons des circonstances similaires à celles qui prévalaient avant l'assassinat de Rafic Hariri", a-t-il mis en garde, faisant référence à l'assassinat de son père, le 14 février 2005. Quatre membres du Hezbollah sont mis en cause dans ce meurtre qui a ébranlé le Liban. Samedi après-midi, la chaîne al-Arabiya, a rapporté qu'une tentative d'assassiner Saad Hariri, a été mise en échec il y a quelques jour . "Ceux qui planifiaient l'attentat ont désactivé les tours de contrôle au moment où le convoi de Saad Hariri se déplaçait à Beyrouth il y a quelques jours", est-il ajouté sans plus de précision.
Saad Hariri a conclu en disant : "J'annonce ma démission de la présidence du gouvernement en étant convaincu que la volonté des Libanais est la plus forte, et qu'ils réussiront à surmonter la tutelle, qu'elle vienne de l'intérieur ou de l'extérieur".
L'annonce de cette démission a suscité de nombreuses réactions sur la scène politique libanaise : lire les réactions ici
Le ministère iranien des Affaires étrangères a, par ailleurs affirmé samedi "regretter" la démission de Saad Hariri, tout en rejetant ses "accusations sans fondement" contre l'Iran. (Lire ici)
Vendredi, Ali Akbar Wilayati, conseiller diplomatique du guide suprême iranien, Ali Khamenei, était en déplacement à Beyrouth. A l'issue d'un entretien avec Saad Hariri, le responsable iranien avait rendu un vibrant hommage à ce dernier et avait loué le gouvernement libanais car regroupant les coalitions adverses du 8 et du 14 Mars.
Depuis plusieurs jours, le ministre d'État saoudien pour les Affaires du Golfe, Thamer el-Sabhane, tenait des propos virulents à l'encontre de l'Iran et du Hezbollah. Il avait ainsi appelé le gouvernement libanais à exercer sa pression sur le parti chiite. Thamer el-Sabhane avait également lancé : "Ceux qui croient que mes tweets représentent mon propre point de vue se font des illusions. Ils verront dans les prochains jours ce qui va se passer. Quelque chose d'extraordinaire va se produire."
Saad Hariri avait rencontré lundi à Riyad le prince héritier d'Arabie, Mohammad Ben Salmane, et avait affirmé être totalement en phase avec Riyad pour ce qui a trait à la stabilité du Liban. Saad Hariri avait également été reçu le lendemain par Thamer el-Sabhane.
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Le Liban est otage du conflit Irano-Saoudien. Il est faux de dire qu’il y a une main mise iranienne sur le LIban. Au final c’est bien l’Arabie saoudite qui à torpiller le gouvernement et qui s’apprete A destabiliser le pays tout entier. Saad hariri que j’apprecie est un homme patriotique, malgré nos divergences. Il est clair qu’il a agit sous la menace, il ne pouvait agir autrement, et face au dilemme il a choisît le moindre mal pour lui. Comment ne pourrait-on respecter cela? Cela dit comment ne pas respecter ceux qui refusent de s’agenouiller et préfèrent mourrir la tête haute lorsque l’on respecte hariri? D’un côté nous avons hariri qui démissionne et de l’autre rifi qui revient a beirut, alors que les legislatives arrivent. Il est clair que l’arabie a preferer ne pas attendre l’issue d’elections « incertaines » tout au mieux, et d’avancer son nouveau pion rifi, laissant place ainsi a une suite de surenchère qui va entrainer une hausse des tensions de part et d’autres. L’objectif? Affaiblir le Hezbollah autant que possible en attendant le bon moment pour declencher la guerre. Coalition internationale ou israel? Le temps seul nous le dira, ce qui est clair c’est que de sombres jours nous attendent. Mais ne vous détrompez pas, la partIe d’echecs ne fait que commencer, et le Hezbollah ne va pas se laisser faire si facilement que ca soit au niveau politique, ou lors de la guerre si elle a lieu, ne vous réjouissez donc pas trop vite
17 h 15, le 05 novembre 2017