S'il est vrai que l'écrasante majorité des chrétiens s'est félicitée de l'accord de Meerab – conclu le 18 janvier 2016 – entre le Courant patriotique libre et les Forces libanaises, il semble que les secousses dont souffre cette entente seraient à même de la menacer, en dépit des tentatives de ses signataires de réduire l'impact des désaccords observés récemment entre les deux alliés chrétiens.
Depuis l'élection du général Michel Aoun à la tête de l'État, le 31 octobre 2016, à la suite d'un forcing significatif exercé par les FL dans ce sens, nombreux sont les dossiers épineux autour desquels les deux partis ont divergé. Il s'agit notamment du plan de production de l'électricité élaboré par le ministre de l'Énergie et de l'Eau, César Abi Khalil (CPL), ainsi que de la carte biométrique pour les législatives, pour ne citer que ces deux exemples.
Si le CPL et les FL ont tenté à plusieurs reprises de garder leur entente « stratégique » loin de ces désaccords « ponctuels », ce sont surtout les dernières permutations et nominations judiciaires qui ont fortement secoué l'entente de Meerab. À l'heure où les proches du chef de l'État, dont le courant aouniste, se félicitaient de cet « accomplissement », dans la mesure où il s'agit du tout premier train de nominations depuis des années, la formation dirigée par Samir Geagea n'a pas caché son mécontentement à l'égard de cet agissement, estimant que les nominations étaient « monochromes ». Les FL auraient ainsi laissé entendre que les personnes concernées par les nominations sont majoritairement proches du chef du CPL, Gebran Bassil. À cela viennent s'ajouter des propos tenus récemment par le chef du CPL, dans lesquels il a ouvertement tiré à boulets rouges sur les FL, stigmatisant leurs remarques portant sur le dossier de l'électricité.
Interrogé à ce sujet par L'Orient-Le Jour, un proche de M. Geagea tient à assurer que l'accord de Meerab « tient toujours, en dépit des divergences actuelles ». Il en veut pour preuve le fait que « l'opinion publique a immunisé la réconciliation interchrétienne » et que « les partis n'ont aucun intérêt à voir cet accord s'effondrer aussi rapidement ».
Mais, en dépit de ce constat, dans les milieux proches de Meerab on ne cache pas un certain mécontentement quant aux accusations de Gebran Bassil. « Le chef de la diplomatie a peut-être estimé que notre position au sujet du dossier des navires-centrales est dirigée contre lui, alors qu'elle s'inscrit dans le cadre de notre volonté de réformer la gestion des affaires publiques, qui n'est pas compatible avec l'approche adoptée par les aounistes », note-t-on dans les milieux FL, avant de faire valoir que la réaction violente de M. Bassil visait principalement à contourner l'action des ministres FL. Cette réaction serait peut-être la cause de la stagnation au niveau du dossier du conseil d'administration de Télé-Liban, ajoute-t-on de mêmes sources.
Mais à la faveur d'un pragmatisme politique qui a longtemps caractérisé le parti de Samir Geagea, on réduit la polémique en expliquant que certains ont outrepassé l'accord de Meerab. Celui-ci a besoin « d'entretien » de temps à autre, indique-t-on.
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« La précarité » de l'entente
Du côté de Rabieh, on est plus tranchants, voire même plus agressifs. Joint par L'OLJ, Ziad Assouad, député aouniste de Jezzine, déclare ainsi sans détour que « le partage du gâteau que certains dénoncent aujourd'hui est devenu très habituel dans notre vie politique ». Une allusion à peine voilée à la réaction des FL aux nominations et permutations judiciaires. « Nous tentons de défaire les nœuds de plusieurs décennies, dont notamment les permutations et nominations administratives et judiciaires, souligne M. Assouad. Mais certains estiment qu'il y a un partenariat. À notre sens, nous nous sommes réconciliés avec une formation politique. » Il va même jusqu'à faire valoir que « les désaccords avec le parti de M. Geagea ont débuté avec le premier train de nominations et n'ont rien à voir avec la voie réformiste que les FL prétendent adopter ».
Tout en critiquant les FL, le député aouniste ne manque pas de formuler des remarques importantes concernant l'accord de Meerab, « dans la mesure où il faut le renforcer et continuer à le bâtir, par le biais du dialogue, d'autant que la situation chrétienne est mauvaise et qu'il est crucial de la corriger pour éviter des pertes regrettables », note Ziad Assouad.
L'analyste politique Kamal Richa estime, lui aussi, que les relations perturbées actuellement entre le CPL et les FL ne sont que la conséquence naturelle de la précarité de l'entente de Meerab. « Pour expliquer ce phénomène, il faut chercher Gebran Bassil », lance-t-il, dans un entretien accordé à L'OLJ. Expliquant son constat, M. Richa souligne que « l'accord du 18 janvier 2016 a été conclu entre Samir Geagea et Michel Aoun ». « Ce dernier ne s'intéressait qu'au point portant sur sa candidature à la première magistrature de l'État », dit-il. Et de poursuivre : « Avec l'accession de M. Aoun à la présidence de la République, il a confié tous les dossiers importants à M. Bassil qui estime qu'il n'est concerné par aucune entente. »
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« Le complexe Samy Gemayel »
En dépit de cette attitude – jugée « vexatoire » – du chef du CPL, les FL restent attachées à la réconciliation interchrétienne. Mais cela n'éclipse aucunement les pertes qu'elles subissent tant sur le plan politique qu'au niveau de leur base populaire.
Selon Kamal Richa, « les FL vivent aujourd'hui le "complexe Samy Gemayel'', dans la mesure où le chef des Kataëb réussit à prendre des positions fermes au niveau des erreurs commises par le pouvoir politique, d'autant qu'il ne peut pas garder les bras croisés face à l'effondrement progressif du pays, alors que les FL ne peuvent pas faire de même ». « Il y a aussi l'incompatibilité des deux bases populaires et les visions politiques contradictoires des deux partis », ajoute-t-il.
Convaincu que « l'accord entre les FL et le CPL n'a pas vu le jour pour vivre longtemps », l'analyste politique estime que les législatives prévues en 2018 menacent sérieusement cette entente, « surtout si M. Gemayel et le reste des opposants continuent sur la même voie ».
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commentaires (8)
en tout cas le hakim a fait ce qu'il a cru bon de faire pour les chrétiens du liban et c'etait ca conviction et sa ligne directrice avant maintenant et tjrs pour les chrétiens du liban et les libanais en general nous ne pouvons plus LUI REMETTRE LA FAUTE, IL A SAUVER L'HONNEUR DES CHRETIENS EN LES REUNIFIANT, CAR L'ENTENTE DE MEERAB EST D'ABORDS UNE RECONCILIATION DES CHRETIENS LIBANAIS ET PAR APRES UNE ENTENTE ET C'EST CE QUE VOULEZ LE HAKIM L'ENTENTE POUR DEVENIR CADUQUE MAIS LA RECONCILIATION DOIT PERDURER JUSQU'A L'INFINI MAINTENANT LES LIBANAIS POURRONT VOIR ET EVALUER QUI SONT VRAIMENT LES TRAITRES A LA CAUSES DES CHRETIENS LIBANAIS MERCI YA HAKIM D'AVOIR ESSAYER AU NOM DE TOUS LES LIBANAIS QUI SE RESPECTE ARMEE PEUPLE ETAT
Bery tus
15 h 19, le 12 octobre 2017