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Liban - Taxes et salaires

Galvanisés par les divisions politiques, les grévistes durcissent leur mouvement

Préparatifs pour une manifestation massive ce matin devant le Grand Sérail.

Indifférents à l'avis du gouverneur de la banque centrale (favorable à l'ajournement de la grille des salaires), mais galvanisés, par contre, par les attaques du président de la Chambre contre l'indépendance du Conseil constitutionnel, ainsi que par les railleries du groupe des députés à l'origine de l'invalidation de la loi 46/2017 sur les taxes qui doivent financer la nouvelle grille des salaires dans le secteur public (voir par ailleurs), les employés du secteur public et les enseignants du privé et du public observeront une nouvelle journée de grève aujourd'hui et manifesteront ce matin place Riad el-Solh, pendant que le Conseil des ministres sera en train de se pencher sur la question.

Les fonctionnaires parlent même de grève ouverte, une position en flèche prévisible, dans la perspective d'une réunion dont l'unique ordre du jour consiste à trouver une parade acceptable pour tous à la mesure d'invalidation et ses conséquences conjoncturelles sur le paiement de la grille des salaires.
En effet, une partie des ministres en demandent la suspension provisoire, tous droits acquis préservés par ailleurs, le temps de trouver des sources de financement nouvelles et de les intégrer d'une façon ou d'une autre au projet de budget 2017.

 

(Lire aussi : Grille des salaires : les mesures fiscales peuvent être votées en dehors de la loi de finance mais pas en son absence)

 

Hier, l'appel à la grève lancé par les syndicats et les fonctionnaires a été largement suivi à Beyrouth et dans la plupart des villes et régions du pays. Les municipalités, les bureaux de l'état civil, les services publics (EDL, Office des eaux, Caisse nationale de Sécurité sociale, Ogero) ont partout fermé leurs portes. Les écoles publiques ainsi que certains établissements privés ont également suivi le mouvement. Et, si un certain flottement dans le respect du mot d'ordre a été observé dans certaines écoles et administrations (présence des fonctionnaires, mais suspension des formalités), l'on s'attend à un durcissement de la grève aujourd'hui.

Précisons que le mouvement de grève affecte en principe quelque 300 000 fonctionnaires du secteur public, mais il faut omettre dans ce décompte les membres des forces armées et autres services de sécurité (120 000), ainsi que les retraités (20 000 personnes). Par contre, il engage tous les autres fonctionnaires, dont 40 000 enseignants.

 

(Pour mémoire: Le Conseil constitutionnel retoque les nouvelles taxes)

 

Nouvel appel de la CGTL
Le président de la Confédération générale des travailleurs libanais (CGTL), Béchara Asmar, a annoncé dans la journée que la grève sera reconduite aujourd'hui, appelant les écoles publiques et privées à suivre le mouvement.
« Nous voulons nos droits, c'est tout », a affirmé en substance M. Asmar dans une conférence de presse, indifférent aux conséquences sur la tenue de la livre de dépenses engagées sans rentrées correspondantes. « Il est de la responsabilité du gouvernement de trouver des solutions et de mettre en place une politique correspondant à la situation sociale et financière de tous », a-t-il ajouté, dénonçant en particulier l'augmentation de 1 % de la TVA.

M. Asmar s'est déclaré favorable à ce que les banques, les sociétés financières et les amendes sur les empiétements sur les biens-fonds maritimes soient les principales sources de financement de la nouvelle grille des salaires.
Bien entendu, le leader de la CGTL a exprimé son opposition catégorique à tout retard dans le versement des salaires.
« Tous les bénéficiaires ont droit à leurs salaires tels qu'ils ont été fixés par l'échelle », a-t-il observé, précisant que la plupart des écoles ont déjà relevé leurs frais, considérant que la nouvelle grille des salaires était chose acquise.

 

(Lire aussi : Gemayel qualifie la décision du Conseil constitutionnel d’« historique »)

 

Dans les milieux syndicaux politiques et populaires, on s'étonne en particulier de la panique du gouvernement face à une dépense de l'ordre de 110 milliards de livres, coût de la nouvelle grille des salaires, alors qu'il est prêt à engager des millions de dollars dans d'autres projets, comme celui de la production de la carte électorale électronique (130 millions de dollars).
De son côté, le Comité de coordination intersyndicale et la Ligue des fonctionnaires du public ont renouvelé hier leur ordre de « grève ouverte » et appelé à manifester aujourd'hui devant le Grand Sérail. La Ligue des enseignants du secondaire et les enseignants contractuels du cycle secondaire des écoles publiques ont annoncé qu'ils se joignent au mouvement.

« Nous appelons à une forte participation à la manifestation devant le Grand Sérail, a affirmé un communiqué du comité intersyndical. Il est de la responsabilité du gouvernement d'assurer les recettes de la grille des salaires et cela peut se faire en arrêtant le gaspillage et la corruption, et sans imposer de nouvelles taxes. »

 

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