Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s'est exprimé dimanche à l'occasion de la commémoration de l'offensive israélienne de juillet 2006 qui avait fait plus de 1.200 morts au Liban - la plupart des civils - et 160 tués du côté de l'État hébreu. Cela a été l'occasion pour lui de réaffirmer la force militaire de son parti et d'aborder les dossiers libanais d'actualité, tels que la prochaine bataille de l'armée dans le jurd et la visite de ministres libanais en Syrie.
"Onze ans après, la guerre de 2006 est toujours présente (dans les esprits) des leaders israéliens (...), a déclaré Nasrallah. Durant onze ans, les études et les discussions n'ont pas cessé. Cette guerre a été l'objet de leurs débats, de leurs soucis, de leurs études et de leurs recherches", a déclaré Hassan Nasrallah lors d'un discours télévisé retransmis en direct. Le chef du Hezbollah a en outre affirmé que "si une force israélienne entre sur nos terres, ce qui l'attend sera beaucoup plus dur que ce qu'elle a subi (en 2006)".
"Onze ans après, Israël parle de l'augmentation de la force du Hezbollah, de nos armes, de nos roquettes et de leur précision. Dans chacune de ses déclarations Israël admet sa défaite à l'issue de la guerre de 2006, a-t-il ajouté. La libération de 2000 est le résultat d'un travail sérieux et d'une résistance sérieuse. En 2006, en plus de la résistance sérieuse, il y avait une résistance politique sans laquelle nous n'aurions pas pu réaliser cette victoire".
"La résistance oeuvre jour et nuit, réfléchit, planifie, et n'a pas de congé annuel, elle possède les meilleures armes et cela est son droit, a indiqué le leader chiite. Nous devons connaître la valeur de cette résistance qui se distingue pas sa sincérité et sa loyauté et ne cherche ni à réaliser des objectifs politiques ni à réaliser ses propres intérêts ou ceux de sa communauté. Nous ne l'avons fait ni en 2000 ni en 2006 et nous n'allons pas le faire ni maintenant ni après la (guerre en) Syrie, a-t-il martelé. La résistance a des objectifs nationaux et ne cherche pas son propre intérêt".
"Cette résistance augmente en force jour après jour et l'ennemi sait que toute guerre contre le Liban, quels que soient ses objectifs lui coûtera très cher", a ajouté Hassan Nasrallah.
Selon le chef chiite, Israël respecte le Hezbollah, "parce qu'il connaît sa force". Ainsi, pour appuyer ses propos, il cite l'exemple du réservoir de Haïfa pouvant stocker 12.000 tonnes d'ammoniaque qui a du fermer ses portes suite à un ordre de la justice israélienne, alors que le Hezbollah avait menacé de le viser ."Si Israël ne prenait pas au sérieux nos propos et ne nous respectait pas, il ne l'aurait pas fait, a-t-il estimé. Il nous respecte parce qu'il sait que nous sommes forts".
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"Israël compte sur l'administration Trump"
"Parce que l'ennemi sait que la guerre militaire et sécuritaire contre le Liban ne peut réaliser son objectif d'éliminer la résistance il a recours à d'autres moyens, a accusé le secrétaire général du parti chiite. Israël compte sur l'administration (du président américain Donald) Trump et la pression qu'elle peut avoir sur le Hezbollah, le peuple libanais et les amis du Hezbollah où qu'ils soient, au Liban ou ailleurs. Mais l'administration américaine ne peut, quels que soient les moyens qu'elle détient, nuire à la force de la résistance", a-t-il ajouté.
"Nous avons constaté que Trump ne sait pas que le Hezbollah fait partie du gouvernement libanais et certains de ses amis prétendent que le Hezbollah domine le gouvernement libanais, mais cela est un mensonge", a-t-il encore dit.
Le Premier ministre libanais, Saad Hariri, a été reçu fin juillet à la Maison Blanche par le président américain. A l'issue de la réunion, Donald Trump a notamment déclaré que "le Liban en première ligne dans le combat contre l'État islamique, el-Qaëda et le Hezbollah".
Pour Hassan Nasrallah, le terrorisme est représenté par "les Etats-Unis et Israël" et celui qui "affronte le terrorisme dans la région c'est le Hezbollah"."Nous faisons face aujourd'hui à une campagne d'intimidation contre le Liban et j'espère qu'aucun Libanais n'est partenaire dans cette intimidation".
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"Le Liban a besoin de discuter avec la Syrie"
Le secrétaire général du Hezbollah a ensuite abordé le dossier libanais, notamment celui du jurd, à la frontière libano-syrienne. Selon lui, Israël était "mécontent" de voir ce qui s'est passé dans le jurd de Esal et Flita (où le Hezbollah a mené une bataille contre les jihadistes). "Israël et les Etats unis ont perdu espoir parce qu'ils savent que la défaite de Daech (acronyme arabe de l'Etat islamique) et al-Nosra (Front Fateh el-Cham) en Syrie signifie la victoire du Hezbollah et de l'Iran", a-t-il estimé.
Selon Hassan Nasrallah, "lorsque l'armée se rendra dans le jurd, le Hezbollah désertera la région". "Nous tous, au Liban et en Syrie, attendons le commandement de l'armée libanaise et sa décision de libérer le jurd de l'EI", a-t-il affirmé souhaitant qu'aucune limite temporelle ne soit fixée à la bataille de l'armée contre l'EI et qu'aucune comparaison ne soit faite, entre la bataille de l'armée et celle menée par le Hezbollah, fin juillet.
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En ce qui concerne le projet de visite de ministres libanais en Syrie, le chef chiite a appelé ceux qui s'y opposent a "y repenser". "Le projet sur lequel vous avez parié en Syrie est tombé ou va bientôt tomber, a-t-il dit. Observez les évolutions en Syrie et dans la région, prenez les faits et analysez-les. Le monde entier agit en fonction du fait que le régime syrien restera".
"Il est de notre intérêt national de nous entendre avec la Syrie, a indiqué Hassan Nasrallah. Dans tous les dossiers, le Liban a besoin de discuter avec la Syrie : que ce soit concernant les frontières, l'agriculture, la sécurité, le pétrole, ou le gaz". "Avec la fin de la bataille du jurd comment l'armée va-t-elle se déployer à la frontière sans une coordination avec le côté syrien?", s'est-il interrogé.
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commentaires (8)
Ce discours bravache et menaçant ne s'adresse pas qu'à Israël mais aussi à des acteurs bien d'ici qui n'auraient pas encore compris qui est le boss et qui décide des futures relations avec la Syrie. Un discours à double tranchant comme les armes du Hezbollah...
Marionet
13 h 10, le 15 août 2017