Le chef du groupe jihadiste Fateh el-Cham dans la région du jurd d'Ersal, Abou Malek el-Tallé, a accordé un entretien au site Zaman el-Wassel dans lequel il apporte sa version des faits concernant l'accord conclu avec le Hezbollah à l'issue d'une semaine de combats dans cette région frontalière de la Syrie.
"L'accord avec les milices du Hezbollah prévoit la sortie des rebelles de la zone du Qalamoun-Ouest (le jurd d'Ersal) et des sunnites syriens qui souhaitent échapper aux tortures infligées par les milices chiites et aux mauvais traitements imposés par les gouvernements libanais et syrien", affirme le chef jihadiste, dans cet entretien paru mardi sur ce site qui se présente comme un média syrien indépendant fondé en 2005 à Homs. Zaman el-Wassel indique être "engagé dans la révolution des Syriens pour la dignité et la liberté".
La deuxième partie de l'opération d'échange entre Fateh el-Cham et le Hezbollah, sous la supervision de la Sûreté générale libanaise, qui avait débuté lundi matin puis a été suspendue dans la journée pour des raisons logistiques, a repris mardi matin. Rapidement, il apparaissait toutefois que des points de blocage persistaient.
La seconde étape de l'accord entre l'ex-branche d'el-Qaëda et le Hezbollah prévoit la libération de combattants du parti chiite capturés - ils seraient au nombre de huit, dont trois qui se sont égarés dans le jurd durant la dernière bataille - en échange du transfert vers Idleb de combattants de Fateh el-Cham, ainsi que de civils. Selon l'Agence nationale d'information, le nombre de personnes souhaitant rejoindre Idleb (jihadistes et civils réfugiés syriens) s'élève à 10 800.
"L'accord prévoit également la libération de 10 Syriens, cinq détenus à la prison de Roumieh et cinq aux mains du parti d'Iran au Liban (le Hezbollah, ndlr)", affirme Abou Malek el-Tallé.
En cours d'après-midi, certains médias locaux ont rapporté que l'accord tardait à se concrétiser en raison de demandes supplémentaires de la part des jihadistes, notamment la libération de quatre détenus à la prison de Roumieh afin qu'ils rejoignent Fateh el-Cham". L'Agence nationale d'information (Ani, officielle), a démenti ces informations.
"L'accord fait face à des obstacles car il y a un désaccord entre le parti (le Hezbollah, ndlr) et le gouvernement libanais", avance le leader jihadiste.
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"Pas d'interférence"
Le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, qui est le négociateur en chef au niveau de ce dossier, a lui aussi fait part d'obstacles, mardi dans l'après-midi. "Les négociations pourraient être conclues d'ici quelques heures comme elle pourraient prendre plus de temps, car les pourparlers à ce niveau sont longs et épuisants. Les tractations se poursuivent depuis six jours, mais si nous divulguons les obstacles rencontrés, d'autres pourraient surgir, c'est pour cela que je préfère garder le silence car la situation est délicate", a-t-il confié.
Dans ce contexte, le chef de Fateh el-Cham dans le jurd d'Ersal a assuré qu'"il n'y a pas d'interférence dans l'accord de la part de puissances étrangères, sauf exceptionnellement de la part de l'Iran. L'accord est négocié officiellement par le général Abbas Ibrahim qui représente le gouvernement libanais".
Par ailleurs, Abou Malek el-Tallé a affirmé que "le combat pour la libération du Levant ne se passe pas au Liban". Il a accusé le Hezbollah "d'avoir poussé le Liban dans cette bataille après être intervenu militairement en Syrie au début de la révolution", aux côtés du régime du président Bachar el-Assad.
Lire l'intégralité de l'entretien d'Abou Malek el-Tallé au site Zaman el-Wassel ici
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06 h 16, le 03 août 2017