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Liban - Exécutif

Zones d’ombre sur l’énergie éolienne « approuvée » en Conseil des ministres

Fortes chances d'une entente inédite sur une « politique nationale » portant sur le dossier des déplacés.

Le Conseil des ministres, réuni hier au Grand Sérail sous la présidence de Saad Hariri. Photo Marwan Assaf

Un long débat à l'intérêt incertain, portant sur le mécanisme des nominations administratives, a prévalu lors de la séance du Conseil des ministres hier au Grand Sérail, sans toutefois être tranché. Pour rappel, le mécanisme en vigueur, tel que revu en 2011, prévoit une présélection en deux étapes par le conseil de la fonction publique : un premier filtrage se fait anonymement sur dossier, un second implique des entretiens avec les candidats choisis, qui débouche sur un choix final de trois candidats. Les trois noms sont soumis à l'approbation du cabinet, par consensus ou par vote, par le ministre compétent, qui peut signaler sa préférence pour un nom particulier.

Le Courant patriotique libre (CPL), secondé par le courant du Futur, demande à amputer ce procédé de présélection en donnant au ministre pleine compétence à choisir et proposer trois noms de candidats. Mais à la différence des ministres du CPL, qui souhaitent « l'annulation » du mécanisme en vigueur, le Premier ministre, Saad Hariri, préconiserait « sa suspension de trois à six mois », rapporte une source ministérielle.
Lorsque le Conseil des ministres avait décidé, en janvier dernier, de relever Abdel Menhem Youssef de ses deux fonctions de PDG d'Ogero et de directeur général de la maintenance au ministère des Télécoms et d'y nommer des successeurs sans passer par le mécanisme de nominations, M. Hariri avait déclaré que ce serait un court-circuitage « exceptionnel » de ce mécanisme. Il semble que sa proposition actuelle de « suspendre » le mécanisme en question s'inscrive dans cette logique...

 

(Lire aussi : En Conseil des ministres, le feu sous la cendre des compromis...)

 

Débat « inutile »
Mais comme lors de l'avant-dernier Conseil des ministres, la demande de revoir ce mécanisme, avancée par le ministre Gebran Bassil, a buté sur le refus des ministres du Hezbollah et de leurs alliés du mouvement Amal et des Marada, mais aussi des ministres des Forces libanaises et du Parti socialiste progressiste. Dans une déclaration, le député berryiste Anouar el-Khalil a révélé « l'insertion de ce point à l'ordre du jour à la dernière minute, à notre insu » et a dénoncé un « ancrage de la corruption » si le mécanisme de nominations venait à être abandonné.

Parmi les autres contre-arguments invoqués, l'utilité avérée du mécanisme en question qui permet que les critères de compétence prédéterminent le consensus politique, cela sans compter qu'un ministre qui propose un nom ayant remporté la présélection bénéficie d'une carte de pression en Conseil des ministres, en cas de volonté de bloquer la nomination. Au contraire, un ministre du courant du Futur estime que « le consensus politique sera de mise, avec ou sans mécanisme »...

Mais certains parmi ceux qui tiennent au mécanisme en vigueur ont proposé une solution médiane, qui consiste à en écourter les délais. Cette idée non plus n'a pas été retenue et le débat a fini par être reporté au prochain Conseil des ministres, contre l'avis de « plusieurs ministres » qui auraient préféré couper court à cette polémique « inutile », selon une source favorable au mécanisme en vigueur. Inutile surtout parce que le mécanisme ne porte pas sur les nominations diplomatiques et militaires, mais administratives de première catégorie, ce qui couvre entre dix et vingt postes en pratique.

 

(Lire aussi : L’esprit de fromagisme retarde les nominations diplomatiques)

 

Points d'interrogation sur l'énergie renouvelable
Il faut dire que ce débat a failli faire de l'ombre, dans la sphère médiatique, à une décision rapportée très succinctement par le procès-verbal du cabinet hier : « L'approbation du point relatif à l'énergie renouvelable. »
Des informations recueillies auprès de sources ministérielles se recoupent pour expliquer la teneur de cette décision, mais divergent sur certains points. Un ministre rappelle d'abord que « le plan de l'électricité avait prévu entre autres le recours à l'énergie éolienne pour générer de l'électricité. Afin de le mettre en œuvre, il serait prévu de confier à des sociétés privées la production de 200 MgW d'énergie éolienne, qui seraient vendus à l'État ». Ce ministre précise, en s'appuyant sur l'énoncé de ce point sur l'ordre du jour, que l'appel d'offres a déjà été lancé en mai dernier et trois sociétés ont été retenues.

Pourtant, un autre ministre affirme à L'OLJ que ce n'est qu'hier que « le cahier des charges a été décidé ». Sachant en principe que le cahier des charges est élaboré avant de lancer l'appel d'offres et n'est pas susceptible d'être revu ultérieurement, cette décision mérite de plus amples explications... Et le ministre d'ajouter que le cabinet a « également chargé le ministre de l'Énergie de négocier auprès des sociétés concernées une baisse des tarifs ». Ce qui confirme que l'ouverture des plis a effectivement eu lieu, mais pose la question de la régularité de revoir les tarifs fixés par les sociétés ayant remporté l'appel d'offres... Et, en parallèle, de réviser le cahier des charges. Se pose en outre la question du timing de cette décision prise hier, sachant que, selon nos informations, la Direction des adjudications doit transmettre la semaine prochaine au gouvernement, sous forme de rapport, son avis consultatif sur la procédure adoptée pour les navires-centrales.

La question du budget aurait par ailleurs été elle aussi débattue, à la lumière de nouveaux amendements au projet de budget décidés hier lors de la réunion de la commission des finances, que le cabinet n'approuverait pas, selon une source ministérielle. Mais le gouvernement n'envisagerait pas de se ressaisir du projet ni de la grille salariale (dont il avait confié l'examen au Parlement), la probabilité étant qu'un accord soit trouvé in extremis en marge des réunions parlementaires, selon la même source.

 

(Pour mémoire : Abi Khalil lance un plan pour développer les énergies renouvelables au Liban)

 

Le Hezbollah et le dossier des déplacés
Du reste, très peu a été rapporté hier sur les questions de politique d'ordre général, si l'on écarte l'allocution d'ouverture du Premier ministre, qui réaffirmait ses positions de la veille sur « l'appui entier du gouvernement à l'armée dans ses missions » et sur « la transparence » de l'enquête menée pour élucider les circonstances du décès de détenus syriens à Ersal. Il y aurait néanmoins, implicitement, une conscience, de la part des responsables, que la bataille prochaine dans le jurd de Ersal aura lieu. « Le Hezbollah mènera sa guerre sur le territoire syrien », précise un ministre, qui estime, du reste, que le parti chiite n'a « aucune intention de vider le bourg de Ersal des déplacés ».

D'ailleurs, il n'aurait nul intérêt à entrer en confrontation avec la communauté internationale, selon des sources concordantes. Preuve en est, la possibilité de voir un consensus politique inédit prendre forme incessamment sur le dossier des déplacés. Un expert juge très probable la mise au point d'une « politique nationale » à ce niveau, qui avait manqué jusque-là au Liban. Cela a fait partie des points débattus hier par le comité ministériel ad hoc, réuni hier dans l'après-midi au Grand Sérail, sous la présidence du Premier ministre, en prévision d'une réunion demain entre des représentants respectifs de l'ONU et des pays donateurs, et les ministres libanais concernés. Le comité entendrait demander en outre d'accélérer la mise en œuvre des donations internationales convenues à Londres et Bruxelles. Sur la question du retour des déplacés, une feuille de route est en voie de finalisation, qui en prévoit les modalités par le biais strict des canaux onusiens. Sa mise au point pourrait être confiée officieusement à un comité d'experts, par souci de libérer le dossier de ses ramifications politiques.

 

 

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Un long débat à l'intérêt incertain, portant sur le mécanisme des nominations administratives, a prévalu lors de la séance du Conseil des ministres hier au Grand Sérail, sans toutefois être tranché. Pour rappel, le mécanisme en vigueur, tel que revu en 2011, prévoit une présélection en deux étapes par le conseil de la fonction publique : un premier filtrage se fait anonymement sur...

commentaires (2)

L,ENERGIE EOLIENNE REPRESENTE UNE INFIME PARTIE DE L,ENERGIE DES ETATS QUI L,EMPLOIENT A PROFUSION... ELLE N,EST DONC PAS UNE REPONSE AUX BESOINS DU PEUPLE LIBANAIS... LES UNITES MOBILES DEVRAIENT ETRE LA REPONSE !

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 50, le 13 juillet 2017

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Commentaires (2)

  • L,ENERGIE EOLIENNE REPRESENTE UNE INFIME PARTIE DE L,ENERGIE DES ETATS QUI L,EMPLOIENT A PROFUSION... ELLE N,EST DONC PAS UNE REPONSE AUX BESOINS DU PEUPLE LIBANAIS... LES UNITES MOBILES DEVRAIENT ETRE LA REPONSE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 50, le 13 juillet 2017

  • L'énergie éolienne est la plus controversée parmi les énergies renouvelables. Faible rendement, paysages dévastés et danger des infrasons. Elle devrait être réservée aux zones inhabitées - qui n'existent pas au Liban. De plus, cette affaire sent encore la magouille. L'EDL devra encore, comme pour les bateaux turcs, acheter de l'électricité à une société étrangère. Voilà qui ne va pas encore arranger ses finances!

    Yves Prevost

    06 h 51, le 13 juillet 2017

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