Le mois prochain, il aurait fêté ses 29 ans et se serait marié, mais des matamores au sang bouillonnant ont fauché sa vie au surlendemain de ses fiançailles, en février de l'an dernier. Marcelino Zamata a eu la malchance de faire une rencontre funeste qui lui a été fatale.
Sitôt que le feu rouge de la place Sassine vire au vert, Marcelino, arrêté en tête de file, est assailli par les klaxons d'automobilistes qui se trouvent derrière lui, lui enjoignant de démarrer. Mais le jeune homme attend que les deux passants qui traversent la rue finissent de le faire. Il s'agit d'un Libanais, Hassan Ibrahim Fakih, et d'un Palestinien, Ahmad Mounir Saad, à qui la fiancée de Marcelino hurle de se dépêcher. Ce qui n'a pas l'heur de leur plaire et suscite aussitôt leurs insultes. La densité du trafic aidant, Marcelino se retrouve face à eux, nez à nez, sur la chaussée. Saad dégaine son couteau et le plante d'abord dans le bras du jeune homme, lequel ne peut se défendre car vite maîtrisé par Fakih. Il reçoit ainsi 5 coups, dont 3 dans le cœur, d'une profondeur de 9 cm chacun, comme le confirme le médecin légiste entendu par la cour criminelle en charge du procès.
Ainsi, un différend de passage, un échange de paroles rudes et le port et l'utilisation d'une arme blanche auront emporté la vie d'un garçon cher à sa famille, notamment à son père, Souheil. « J'ai assuré l'éducation de mon fils avec la prunelle de mes yeux. Si les parents de ses meurtriers en avaient fait autant, je ne serais pas là à le pleurer », se lamente M. Zamata, contacté par L'Orient-Le Jour, affirmant qu'il a dû assumer le dur rôle de père et de mère, du fait que Marcelino a perdu sa maman à l'âge de 5 ans. « La brûlure qui me ravage ne s'éteindra jamais », assure-t-il, estimant toutefois qu'« elle diminuerait légèrement d'intensité » si justice lui est rendue.
(Lire aussi : La vendetta au Liban, ou lorsque les morts tuent...)
Capturés par les FL
Les assassins présumés sont sous les verrous, ce qui console un tant soit peu Souheil Zamata. Ils avaient été capturés par des membres des Forces libanaises dont la permanence se trouve dans le secteur, avant d'être remis aux forces de l'ordre. Via L'OLJ, le père éploré exhorte l'État à « assumer ses fonctions de gardien de la sécurité et de la justice des citoyens », à défaut de quoi, met-il en garde, « les parents des victimes risqueraient de se transformer en criminels ».
Il se montre cependant satisfait du cours du procès. « En dépit de leur affiliation à un parti politique, les assassins de Marcelino ne bénéficient pas d'ingérences et de protection », reconnaît-il, appréciant l'esprit consciencieux des magistrats en charge du dossier. « Les juges ont à cœur d'éclaircir toutes les données pour parvenir à émettre un jugement adéquat », affirme-t-il, déplorant toutefois « certaines lenteurs ». Il indique dans ce cadre que la prochaine audience n'est prévue qu'en septembre, après les vacances judiciaires.
Également jointe par L'OLJ, Ronalda Ibrahim, amie et voisine d'immeuble de Marcelino, plaide pour « l'application des sanctions les plus sévères à l'encontre de ceux qui ont arrêté les battements d'un cœur si bon ». Plus généralement, cette étudiante en droit ne cache pas son souhait de voir réhabilitée la peine de mort pour les crimes intentionnels. « Cela ferait réfléchir à plus de deux fois tout fier-à-bras dont la gâchette ne serait plus alors aussi facile », estime-t-elle, déplorant qu'« avec les peines maximales de 25 ans actuellement émises – une année carcérale n'est que de 9 mois – les condamnés se retrouvent rapidement hors de prison, prêts à récidiver ».
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commentaires (4)
C'est encore la jungle dans notre pays...pauvre Liban...
Soeur Yvette
16 h 01, le 06 juillet 2017