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À La Une - Repère

Économie, immigration, politique étrangère... : Ce que proposent les principaux candidats à l’Élysée

Gestion du dossier syrien, relations avec l'Europe, relance de l'économie, renforcement de la compétitivité  des entreprises, orientation fiscale des cinq années à venir, immigrations et réfugiés... Ce proposent les cinq candidats à la présidentielle française en tête des sondages.

Marine Le Pen, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, François Fillon et Benoît Hamon : les cinw principaux candidats à la présidentielle farnçaise. AFP / JOEL SAGET AND Eric FEFERBERG

 

Les programmes de politique étrangère des candidats


Faut-il parler au président syrien Bachar el-Assad ? Doit-on lever les sanctions prises contre la Russie dans le cadre du conflit ukrainien ? Faut-il poursuivre l'initiative française visant à raviver le processus de paix israélo-palestinien ?

Loin de faire l'objet d'un large consensus comme les sujets de Défense (voir plus bas), les questions internationales divisent depuis le début de la campagne les candidats à l'élection présidentielle en France, sur fond d'incertitudes américaines avec l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche.

Voici les programmes en matière de politique étrangère des principaux candidats à l'élection présidentielle qui se tiendra les 23 avril et 7 mai prochains en France :

 

FRANÇOIS FILLON, candidat de la droite (Les Républicains)

* Fixer et défendre une ligne "claire, stable et sans fausse naïveté" en matière de politique étrangère

* Levée des sanctions économiques européennes imposées à Moscou après l'annexion de la Crimée

* Inviter le régime d'Assad à la table des négociations sur la sortie de conflit en Syrie

* Décréter une "mobilisation mondiale totale" contre l’État islamique, coopérer avec la Russie en Syrie, "intégrer l'Iran dans une coalition anti-Daech"

* Mettre fin "à la guerre froide stupide et dangereuse entre l'Europe et la Russie"

* Création d'une "Alliance européenne de Défense"

 

MARINE LE PEN, candidate du Front national

* Bachar el-Assad considéré comme une solution "plus rassurante" que l’État islamique en Syrie

* Reconnaissance de l'annexion de la Crimée par la Russie

* Levée des sanctions européennes contre la Russie

* Propose une alliance trilatérale "Paris Berlin Moscou"

* Renforcer les liens entre les peuples qui ont le français en partage

 

EMMANUEL MACRON, candidat d'En Marche !

* Lever les sanctions prises contre Moscou dans le cadre du conflit en Ukraine une fois que l'accord de Minsk aura été respecté

* Instaurer un dialogue "indépendant", "constant" et "souverain" dans un cadre européen avec la Russie

* Sur la Syrie, il estime que la destitution de Bachar el-Assad posée comme préalable a bloqué les négociations et souhaite que la France prenne l'initiative d'un groupe de contact avec l'ensemble des parties prenantes pour déboucher à une transition politique.

* Avoir un dialogue avec la Russie, la Turquie ou les pays du Moyen-Orient et du Golfe à la fois "constant" et "exigeant"

* Estime que les conditions de l'entrée de la Turquie dans l'UE ne sont pas réunies

 

BENOÎT HAMON, candidat du Parti socialiste

* Sur la Syrie, la solution politique passe par une discussion avec le régime syrien

* Reconnaissance de l’État palestinien

* Créer un visa humanitaire pour "un accueil et une protection temporaire" des réfugiés

* Inscrire l'aide publique au développement dans une trajectoire de 0,7% du revenu national brut

* Mise en place de "partenariats équitables" principalement avec les pays d'Afrique

 

JEAN-LUC MÉLENCHON, candidat de la France insoumise

* Syrie : réviser les "alliances hypocrites" avec les pétromonarchies du golfe (Arabie saoudite, Qatar) et le régime turc actuel,

* Mise en place d'une coalition universelle sous mandat de l'Onu pour éradiquer l’État islamique ; construction d'une solution politique reposant sur un cessez-le-feu excluant les groupes islamistes, le soutien au processus de Genève et l'organisation d'élections libres et pluralistes sous surveillance de l'Onu

* Reconnaissance de l’État palestinien, appui à la solution à deux États coexistant pacifiquement par l'application pleine et entière des résolutions de l'Onu

 

 

Europe: rupture, confrontation ou approfondissement au programme


Les projets des cinq principaux candidats laissent présager une rupture avec l'Union européenne si Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon l'emportent en mai, une confrontation avec certains États si c'est Benoît Hamon, une réorientation si c'est François Fillon et un approfondissement si c'est Emmanuel macron.

Tous voient le "Brexit" et le désengagement américain annoncé par Donald Trump comme une confirmation : de l'urgence de se replier sur les frontières françaises pour les uns, de changer de cap pour d'autres ou de se rapprocher davantage.

Dans ce paysage, Emmanuel macron se distingue en présentant l'Europe comme une solution quand ses concurrents soulignent avant tout les échecs et exigent une refondation, totale ou partielle, ou de réduire les pouvoirs de l'exécutif européen.

 

LE PEN ET MÉLENCHON PRÊTS À CLAQUER LA PORTE

Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon sont les plus offensifs. Ils veulent l'un et l'autre que les règles organisant la zone euro et l'Union européenne soient totalement réécrites et annoncent que la France les quittera si elle ne peut l'obtenir.

"L'UE, on la change ou on la quitte", proclame le programme de Jean-Luc Mélenchon, expliquant sans ambiguïté qu'"il nous faudra désobéir aux traités dès notre arrivée au pouvoir". Pour le candidat de La France insoumise, s'affranchir des règles budgétaires qui fondent l'euro, transformer la Banque centrale européenne pour qu'elle puisse financer les États et ne soit plus indépendante sont les priorités. Il appelle de ses vœux une sortie concertée des traités européens et la renégociation de nouvelles règles et a arrêté son plan en cas d'échec : sortie de l'euro, arrêt de la contribution française au budget européen, contrôles des capitaux et des marchandises aux frontières françaises. Un référendum validerait ce processus.

 

Pour Marine Le Pen également, reconquérir la souveraineté monétaire et budgétaire de la France est prioritaire. Un grand nombre de ses principales mesures étant incompatibles avec les règles européennes, elle prévoit de négocier pendant six mois avec les partenaires européens une refondation de l'Union et une dislocation de la zone euro. Elle promet d'organiser ensuite, quelle que soit l'issue des négociations, un référendum sur la sortie de l'UE et de l'euro, et précise qu'elle ne pourra rester présidente si les Français votent pour rester dans une UE qui ne lui conviendrait pas.

 

FILLON, L'ANTIFÉDÉRALISTE

Ancien tenant du "non" à Maastricht, François Fillon rejette l'Europe dans sa forme actuelle.

"Aujourd'hui, ce projet d'Europe fédérale que j'ai toujours combattu est arrivé à terme", expliquait l'ancien Premier ministre lors de la primaire de la droite, l'accusant d'avoir "mis à mal la cohésion des sociétés, creusé un fossé d'incompréhension entre les peuples et les responsables politiques, nourri la montée des populismes et des extrémismes".

Dans son projet présidentiel, il confirme vouloir une Europe "qui respecte pleinement les nations" et fixe cinq priorités : crise migratoire, sécurité, gouvernance de la zone euro, intérêts économiques et commerciaux, réforme des institutions.

Il prône une réforme des accords Schengen pour prévoir l'expulsion systématique des étrangers coupables de crimes ou de délits et l'interdiction d'entrée des étrangers condamnés pénalement ou ayant participé à une entreprise terroriste.

Il souhaite la création d'un directoire de la zone euro composé de chefs d’État et de gouvernement ainsi que d'un secrétariat général de la zone euro assurant le suivi et la gestion de la zone économique.

Au chapitre commercial, il veut de nouvelles règles de réciprocité pour l'accès aux marchés publics et lutter contre la concurrence "déloyale" par des normes sociales et environnementales.

 

MACRON VEUT UNE PLUS FORTE INTÉGRATION DE LA ZONE EURO

Loin de vouloir rapatrier des pouvoirs, Emmanuel Macron s'est exprimé pour des transferts de souveraineté et la création d'institutions, dont un gouvernement économique et un budget de la zone euro.

Dirigé par un ministre de l’Économie et des Finances et contrôlé par un Parlement constitué des députés européens des pays de la zone euro, ce gouvernement devrait, selon ses déclarations, pouvoir assurer des transferts financiers entre États membres et emprunter sur les marchés, tout en promouvant les réformes souhaitables dans les pays. Pour y parvenir, l'ancien ministre de l’Économie a estimé qu'il faudrait avant tout faire sauter deux tabous : un tabou français, qui est le transfert de souveraineté, et un tabou allemand, celui des transferts financiers ou de solidarité.

Le programme publié par le candidat d'En Marche ! est moins explicite mais reprend l'idée d'un budget de la zone euro sous la responsabilité d'un ministre de l’Économie et des Finances de la zone euro et voté par un Parlement de la zone euro.

Pour mener ces changements, Emmanuel Macron compte proposer aux partenaires européens de la France d'organiser des "conventions démocratiques" fin 2017 sur l'avenir de l'Union.

Il prône de concentrer l'action européenne sur la sécurité, la protection de l'économie - avec notamment un "buy european act" réservant l'accès aux marchés publics aux entreprises localisant au moins la moitié de leur production en Europe et un contrôle des investissements étrangers pour les secteurs stratégiques - le développement durable et le numérique.

 

HAMON VEUT UN NOUVEAU TRAITÉ

Le candidat socialiste, Benoît Hamon, souhaite "une Europe forte et unie" mais se prépare à une confrontation avec les conservateurs au pouvoir dans la majorité des Etats membres. Son objectif : un changement de cap car "l'orientation actuelle de l'Union Européenne n'est plus possible", avec en ligne de mire la croissance et l'emploi.

Pour y parvenir, il a d'abord souhaité un "moratoire" sur le Pacte de stabilité et de croissance qui fixe les règles budgétaires des membres de l'euro, jusqu'à l'approbation d'un Pacte réformé, avant de proposer d'exclure du calcul du déficit public certaines dépenses, citant "par exemple" la défense, les moyens engagés face à la crise des migrants et certaines dépenses d'investissement.

Passée cette période transitoire, il veut faire adopter un "traité de démocratisation de la gouvernance de la zone euro" qui doit "créer les conditions d'un dépassement démocratique de l'austérité".

Ce traité créerait une assemblée de la zone euro, composée majoritairement de parlementaires nationaux, qui aurait pour mission "de décider du budget de la zone euro (qu'il veut voir créé, NDLR), mais aussi des politiques d'harmonisation fiscale et sociale, des cibles à adopter dans la réduction des déficits, etc.", selon les mots du candidat.

Autres casus belli, il souhaite la mutualisation d'une partie des dettes des États européens et s'est prononcé pour l'annulation des dettes des membres en difficulté contractées à l'égard des autres depuis la crise.

Point de rapprochement avec Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, il a dit vouloir œuvrer "pour faire évoluer les statuts de la BCE et faciliter le financement direct de la dette des États", une proposition qui ne figure pas noir sur blanc dans son programme.

Il souhaite en outre une convergence sociale européenne, avec un salaire minimum dans chaque pays, une harmonisation fiscale, en particulier l'impôt sur les sociétés, et la suspension de l'accord de libre échange avec le Canada.

 

 

Les programmes défense des candidats

 

Éclipsés en 2012 par la crise économique, les sujets liés à la Défense ont resurgi dans la campagne présidentielle après un quinquennat marqué par un engagement militaire et un niveau de menaces sans précédent.

Sollicitée sur le théâtre irako-syrien dans la lutte contre l’État islamique, l'armée française est également mobilisée dans la bande sahélo-saharienne dans le cadre de l'opération Barkhane (4.000 hommes) et sur le territoire national avec l'opération Sentinelle (7.000 hommes). Si les opérations militaires extérieures font globalement l'objet d'un large consensus dans la classe politique, le format de Sentinelle, mis en place après les attentats de janvier 2015, suscite des interrogations et son efficacité a été mise en cause par un rapport d'enquête parlementaire.

Sur la question budgétaire, la majorité des candidats s'accordent sur la nécessité de revoir à la hausse le budget alloué à la Défense, que la France s'est engagée à porter à 2% de son produit intérieur brut (PIB) en 2024 contre 1,78% actuellement, avec des calendriers légèrement différents.

La question d'une Europe de la Défense, véritable serpent de mer depuis plus d'un demi-siècle, a également refait surface à la faveur du "Brexit", la sortie programmée de l'UE de la Grande-Bretagne opposante de longue date à ce projet, et de l'arrivée à la Maison blanche de Donald Trump qui a mis en cause la défense systématique des alliés de l'Otan.

 

FRANÇOIS FILLON

* Porter l'effort de défense à 2% à l'échéance de la prochaine loi de programmation militaire, en 2024

* Associer les partenaires européens au financement des opérations extérieures

* Stabiliser les effectifs de la force opérationnelle terrestre à leur niveau actuel de 77.000

* Arrêter "le moment venu" l'opération Sentinelle. Un éventuel renforcement des moyens militaires pour assurer la sécurité intérieure devra passer par la gendarmerie

* Privilégier la réserve par rapport à un "service militaire volontaire fourre-tout et coûteux"

* Pérenniser la dissuasion nucléaire

 

MARINE LE PEN

* Commande d'un deuxième porte-avions, le "Richelieu"

* Augmenter dès la première année du mandat le budget défense à 2% du PIB puis tendre vers 3% à l'horizon 2022

* Rétablissement progressif d'un service militaire de trois mois minimum

* Sortie du commandement intégré de l'Otan

* Augmentation générale du format de l'armée avec "davantage d'avions, de navires, de blindés"

* Revenir au niveau d'effectifs militaires de 2007

 

EMMANUEL MACRON

* Réduction progressive de l'opération Sentinelle "en fonction de l'évolution de la menace terroriste"

* Les effectifs de la garde nationale seront portés à 80.000 volontaires en 2020, elle regroupera tous les réservistes (armées, gendarmerie, pompiers, police, sécurité civile)

* Porter le budget de la défense à 2% du PIB en 2025

* Maintien de la force opérationnelle terrestre à 77.000 hommes

* Souhaite une "défense plus européenne et des partenariats entre la France et l'Allemagne"

* Création d'un conseil de sécurité européen composé de militaires, diplomates et experts du renseignement, pour conseiller les décideurs européens

* Soutien à la création d'un fonds européen de défense pour financer des programmes communs

* Limiter les interventions de l'Otan aux seuls cas où les intérêts de la France sont directement concernés

 

BENOÎT HAMON

* Porter le budget de la défense à 2% à la fin du quinquennat en 2022

* Exclure des investissements de défense du calcul des déficits au niveau européen

* Renforcer la coopération européenne dans le domaine de la défense via un renforcement des états-majors européens et les brigades nationales

* Garantir un groupe aéronaval à la France

* Mutualisation des états-majors européens

* Réformer le dispositif Sentinelle en diminuant le nombre de militaires professionnels dans ses rangs

* Poursuite du renouvellement et la modernisation de la dissuasion nucléaire française

 

JEAN-LUC MÉLENCHON

* Sortie de l'Otan

* Refus de toute intervention militaire sans mandat de l'Onu

* Mettre un terme aux programmes de privatisation des industries d'armement et des missions de défense nationale

* Etablir la règle de l'acquisition de matériel militaire français par l'armée

* Ouvrir la possibilité d'effectuer son service citoyen obligatoire sous la forme d'un service militaire

* Opposé à toute création d'Europe de la Défense

 

 

Les propositions des candidats pour financer l'économie

 

Les principaux candidats à l'élection présidentielle française veulent mobiliser l'épargne des ménages pour relancer l'économie et soutenir le financement des entreprises.

 

FRANÇOIS FILLON :

* Le candidat de la droite et du centre veut orienter 50 milliards d'euros, soit environ 3% des encours des contrats d'assurance vie, vers le capital des petites et moyennes entreprises (PME) et souhaite multiplier les fonds privés d'amorçage, labélisés par Banque publique d'investissement (Bpifrance) et abondés par l’État. Il compte en outre faciliter l'ouverture du capital des PME aux salariés sans risque de requalification en salaire et développer l'intéressement dans les PME.

* Faire de Bpifrance l'outil stratégique national d'investissement industriel en lui donnant les moyens d'un 'fonds souverain'. La banque publique d'investissement devra se concentrer sur les secteurs que ne couvrent pas les fonds d'investissements privés et abondera les fonds dédiés au développement des PMI.

* Supprimer l'ISF (Impôt sur les grandes fortunes) dès 2018 pour garder en France des capitaux qui seront investis dans des entreprises françaises. La déduction de l'investissement dans les PME sera de 30% pour les particuliers, et ce dans la limite d'un million d'euros pour un couple.

* Mettre en place un taux unique d'imposition des revenus du patrimoine à 30% pour favoriser l'investissement dans les entreprises et donc la création d'emplois en maintenant le régime fiscal actuel de l'assurance vie et des livrets d'épargne populaire comme le Livret A.

* Doubler le plafond de versement dans le "PEA PME" pour le porter à 150.000 euros afin de renforcer le financement des PME et des ETI (entreprises de taille intermédiaire), et donc favoriser la création d'emplois.

 

BENOÎT HAMON :

* Pour aider les PME à se développer, le candidat de la gauche veut faciliter leur accès aux financements à tous les stades de leur croissance. Bpifrance interviendra en garantie comme en prêteur lorsque les banques seront réticentes à accompagner leurs projets.

* Il veut également créer une monnaie alternative inter-entreprises qui permettrait aux PME de s'échanger des services sans mobiliser leur trésorerie.

* Aux assises de l'épargne organisées par l'Afer à la mi-mars, Jérôme Guedj, le porte-parole de Benoît Hamon, a assuré que le candidat socialiste ne comptait pas modifier la fiscalité de l'assurance vie mais souhaiterait qu'une partie de cette épargne soit orientée vers les PME.

 

MARINE LE PEN :

* La présidente du front national veut faire de la France "une terre d'innovation". Pour ce faire, elle souhaite diriger une part de l' assurance vie - 2% - vers le capital-risque et les startups, inciter les grands groupes à créer leur propre fonds dans les entreprises innovantes et enfin recentrer le Crédit Impôt Recherche vers les PME et les startups.

* Libérer l'accès au crédit pour les petites et très petites entreprises (TPE) grâce à des taux préférentiels sous la supervision de la Banque de France afin de remettre la finance au service de l'économie réelle.

 

EMMANUEL MACRON :

* Le candidat d'En marche! souhaite une réorientation "massive" de l'épargne vers l'économie réelle. Il compte dans cette optique créer un prélèvement forfaitaire unique sur tous les revenus du capital (intérêts, dividendes et plus-value). Ce prélèvement sera de l'ordre de 30%, prélèvements sociaux inclus mais concernant, l'assurance vie, il ne devrait toucher que les futurs versement et à partir d'un certain montant de capital.

* Il souhaite également remplacer l'ISF par un impôt sur la fortune immobilière. Cet impôt ne pèsera plus sur ceux qui placent leur argent pour aider au financement de l'économie réelle. En revanche, le candidat s'engage à ni augmenter ni réduire la charge fiscale pour ceux qui ont investi leur capital dans l'immobilier.

* Il veut aussi créer un Fonds pour l'industrie et l'innovation. Doté de 10 milliards d'euros issus des actions d'entreprises possédées de manière minoritaire par l'État, ce fonds doit servir à financer l'industrie du futur.

 

JEAN-LUC MÉLENCHON :

* Le candidat veut réserver l'avantage fiscal de l'assurance vie aux seuls fonds investis en France.

* Il compte moduler l'impôt sur les sociétés selon l'usage des bénéfices par les entreprises pour encourager l'investissement en France, avec un taux réduit pour les bénéfices réinvestis en France et un taux plein pour les bénéfices distribués aux actionnaires.

* Il souhaite en outre créer un pôle public bancaire, notamment par la nationalisation de banques généralistes, en vue de financer les entreprises et de mener une politique du crédit sur critères sociaux et écologiques.

 

 

Les propositions des candidats pour les entreprises

 

François Fillon et Emmanuel Macron veulent soutenir la compétitivité des entreprises en réduisant la fiscalité et en assouplissant le droit du travail, tandis que Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon leur proposent un saut dans l'inconnu en s'affranchissant des règles de l'euro et du marché unique. Benoît Hamon compte quant à lui annuler une partie des baisses de prélèvements et protéger davantage les salariés.

 

FRANÇOIS FILLON :

François Fillon fait des entreprises le levier du redressement économique et social de la France et promet, pour y parvenir, de réduire la fiscalité, d'assouplir le droit du travail et de supprimer les 35 heures.

"Je vous propose un choc de compétitivité immédiat sur les premiers mois de 2017", a promis aux chefs d'entreprise le candidat Les Républicains, dont le programme est jugé le meilleur par le Medef et des économistes libéraux. Il promet de réduire de 35 milliards d'euros les prélèvements sur les entreprises, dont 25 milliards sur les cotisations sociales et les impôts pesant sur la production et 10 milliards sur l'impôt sur les sociétés. Cette baisse passera en particulier par la transformation du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) en allègement de charges définitif.

L'ancien Premier ministre compte supprimer le compte pénibilité et le prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu créés par François Hollande, prolonger jusqu'en 2019 le suramortissement des investissements et réorienter l'épargne vers l'investissement productif.

Il veut mettre fin aux 35 heures, laisser les entreprises et les branches professionnelles décider du temps de travail, simplifier le droit du travail en réduisant le Code à un ensemble de normes fondamentales et en renvoyant le reste à des négociations d'entreprise ou de branche.

Il veut assouplir les conditions de licenciement, notamment avec un nouveau contrat de travail permettant à l'employeur de prévoir des modalités de rupture.

 

EMMANUEL MACRON :

Emmanuel Macron compte lui aussi baisser les prélèvements sur les entreprises et assouplir le droit du travail. Le candidat d'En Marche ! prévoit pour cela de transformer le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) en une baisse des cotisations sociales de six points et de réduire à zéro les charges générales au niveau du smic.

Il promet de baisser progressivement l'impôt sur les sociétés à 25%, de recentrer l'ISF sur le seul patrimoine immobilier et de créer un prélèvement forfaitaire unique d'environ 30% sur les revenus du capital mobilier.

L'ex-ministre de l’Économie souhaite lui aussi voir fixé un socle de règles du droit du travail et renvoyer le reste à des négociations de branche et d'entreprise.

Il a précisé qu'un projet de loi d'habilitation serait présenté à l'été afin de pouvoir réformer "de manière rapide et efficace", par ordonnances.

Il compte dans le même mouvement instaurer un plafond et un plancher pour les indemnités prud'homales pour licenciement sans clause réelle et sérieuse.

Emmanuel macron veut permettre aux chefs d'entreprise et aux indépendants de bénéficier de l'indemnisation chômage, à travers une réforme complète du système, et promet de supprimer le régime social des indépendants (RSI).

Il compte supprimer les charges sur les micro-entreprises (auto-entrepreneurs) la première année et doubler les plafonds de chiffre d'affaires maximal.

 

MARINE LE PEN :

Marine Le Pen veut soutenir les entreprises françaises face à "la concurrence internationale déloyale" en s'affranchissant des règles européennes, en prenant des mesures de protectionnisme et en quittant l'euro.

La candidate du Front national compte interdire l'importation des produits qui ne respectent pas les normes imposées aux producteurs français, taxer l'importation de biens issus d'usines délocalisées, soutenir le "fabriqué en France" par un étiquetage obligatoire et réserver la commande publique aux entreprises françaises "si l'écart de prix est raisonnable".

Elle veut taxer davantage l'embauche de salariés étrangers et supprimer la directive sur le détachement des travailleurs.

Pour protéger les secteurs stratégiques, elle prévoit de contrôler davantage les investissements étrangers, de créer un fonds souverain, de durcir la régulation et d'interdire pendant 10 ans la cession à des groupes étrangers des entreprises ayant bénéficié de subventions publiques.

Elle veut accorder la priorité aux TPE et PME dans les politiques publiques, par exemple pour le Crédit d'impôt recherche.

Elle promet un plan de réindustrialisation et l'allègement des cotisations sociales et de la complexité pesant sur les TPE-PME, en transformant le CICE en baisse pérenne de charges et en conditionnant la baisse des cotisations au maintien de l'emploi.

Elle compte étendre le taux réduit de l'impôt sur les société (IS) (15%) à toutes les TPE et PME jusqu'à 75.000 euros de bénéfices (contre 38.120 euros aujourd'hui). Au-delà, les PME seront assujetties à un taux intermédiaire à 24%.

Elle prévoit en outre de supprimer la loi El Khomri et le compte pénibilité.

 

JEAN-LUC MÉLENCHON

Jean-Luc Mélenchon juge que l'économie française étouffe "sous le règne de la finance" et sous le poids des règles organisant l'euro et propose "le changement global de notre façon de produire, d'échanger et de consommer".

Le candidat de La France insoumise annonce qu'il tentera de modifier les règles de l'Union européenne et son orientation, et estime nécessaire, s'il n'y parvient pas, de la quitter.

Il veut s'affranchir des règles qui fondent l'euro et transformer la BCE pour qu'elle puisse financer les États. S'il ne parvient pas à convaincre les Européens, la sortie de la France de l'euro devrait selon lui s'accompagner d'un contrôle des capitaux et des marchandises aux frontières françaises.

Il promet d'augmenter le smic de 16% et d'abroger la loi El Khomri, d'instaurer un salaire maximum pour les chefs d'entreprise et un impôt à 100% sur les salaires au delà de 33.000 euros par mois. Il supprimerait le CICE et le Pacte de responsabilité, les parachutes dorés, les retraites chapeau et les stock options.

Il compte revenir sur des privatisations, "rendre effectif" le droit de réquisition des entreprises d'intérêt général et créer un pôle public bancaire en "socialisant" des banques.

Une séparation effective des banques serait mise en oeuvre ainsi qu'une taxe sur les transactions. Les ventes de gré à gré seraient interdites, tout comme la titrisation, les produits dérivés toxiques et la cotation continue des entreprises.

La fiscalité serait réformée pour pénaliser la distribution de dividendes.

 

BENOÎT HAMON

Benoît Hamon compte atténuer deux axes de la politique de François Hollande - la baisse du coût du travail et l'assouplissement du marché du travail - en augmentant notamment le salaire minimum et en abrogeant la loi El Khomri.

Le candidat socialiste veut conditionner le CICE à des résultats sur l'emploi, l'écologie et la réduction du temps de travail, dont il fait un levier pour la création d'emplois.

Une nouvelle loi encouragerait ainsi la réduction du temps de travail, avec un mécanisme d'incitation à travers des baisses de cotisations sociales.

Il réduirait d'une dizaine de milliards d'euros les baisses de prélèvements sur les entreprises décidées par François Hollande.

Benoît Hamon souhaite lier davantage l'imposition des sociétés à leurs investissements, renforcer la lutte contre l'évasion fiscale et faire rembourser les aides publiques aux entreprises qui délocalisent.

Pour accroître le pouvoir des salariés, il veut leur donner davantage de place dans les conseils d'administration, où ils représenteraient la moitié des membres votants.

Il veut taxer les robots intelligents pour financer la protection sociale, davantage de sanctions pour les manquements à l'égalité salariale femmes-hommes et un "statut de l'actif" permettant aux personnes "ubérisées" d'accéder à un socle de protections et de droits.

Il compte réserver 50% des marchés publics aux petites et moyennes entreprises, qu'elles soient françaises ou non.

Il promet en outre une véritable séparation bancaire pour cantonner les activités de marchés des banques.

 

 

Les projets des candidats pour les finances publiques

 

Parfois négligées lors des campagnes électorales, les questions budgétaires ont été au cœur du débat dès les primaires en vue de la présidentielle, à la fois à droite avec le thème des suppressions de postes dans la fonction publique et à gauche avec la question du financement du revenu universel.

Les intentions des candidats en la matière, au-delà de la définition de l'orientation fiscale et économique des cinq années à venir, donneront le ton des relations entre la France et ses partenaires européens, selon qu'elles prévoient ou non de contenir le déficit public dans les clous du pacte de stabilité, sous le seuil de 3% du produit intérieur brut (PIB).

Paris, qui s'est déjà vu accorder trois sursis depuis 2009, ne peut guère compter sur la mansuétude de ses voisins.

Voici les grandes propositions des principaux candidats, ainsi que leur coût ou leur rendement pour les finances publiques, tel qu'indiqué dans les programmes.

 

FRANÇOIS FILLON

* Le projet est fondé sur une accélération progressive de la croissance, de 1,3% en 2017 à 1,8% en 2022, avec un taux de chômage de 7% en 2022, contre près de 10% aujourd'hui.

* Il vise un déficit public sous 3% du PIB en 2019 et un retour à l'équilibre des comptes publics en 2022.

* Baisse des charges pour les entreprises (35 milliards d'euros), avec entre autres une diminution progressive du taux de l'impôt sur les sociétés (IS) à 25% (10 mds) et une transformation du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) en allègement de charges définitif.

* Prolongation du dispositif de suramortissement des investissements jusqu'en 2019.

* Allègements sociaux et fiscaux pour les ménages (10 mds).

* Suppression de l'ISF (5 mds) ; création d'un taux unique d'imposition des revenus du patrimoine à 30% sans modification du régime fiscal de l'assurance-vie et de l'épargne populaire (dont le livret A) ; hausse de deux points du taux normal de TVA, maintien des taux intermédiaire, réduit et super-réduit.

* Dépenses publiques ramenées à moins de 50% du PIB à la fin du quinquennat, avec une baisse de 100 mds en cinq ans. Le tiers de l'effort concernera l'Etat, les collectivités locales y contribueront à hauteur de 10 à 15 mds et le reste concernera les administrations de sécurité sociale - dont 20 mds dans la santé - par le biais notamment d'une réforme des retraites (report à 65 ans) et de l'assurance chômage (dégressivité des allocations, entre autres).

* Suppression de 500.000 postes de fonctionnaires, avec le remplacement d'un départ sur deux en moyenne dans les fonctions publiques et le passage progressif à 39 heures de travail hebdomadaire (15 mds). Les effectifs resteront stables dans les territoires ultramarins "tant que la situation du chômage sera critique".

* Augmentation de 12 mds d'euros des budgets des fonctions régaliennes sur le quinquennat, notamment la Défense (2% du PIB en 2024), la Justice (construction de 16.000 places de prison), la police et la gendarmerie.

 

BENOÎT HAMON

* Le projet repose sur "une croissance potentielle de 1,3% du PIB et des retombées économiques annuelles de 0,6% du PIB".

* Il prévoit des économies structurelles annuelles à hauteur de 0,15% du PIB et un déficit public ramené à 2,7% du PIB en 2022, soit le niveau prévu pour la fin 2017 par le gouvernement.

* Définition d'un nouveau traité européen et création d'une assemblée représentative où seront discutées les questions budgétaires, dont la mutualisation d'une partie des dettes souveraines.

* Modulation de l'IS en fonction de la part de bénéfices réinvestis ; conditionnement du CICE à la réalisation d'objectifs de création de postes, de progrès écologiques et de réduction du temps de travail ; instauration d'une taxe sur la richesse créée par les robots et d'une taxe sur les "super-profits" des banques (5 mds).

* Réforme de l'imposition du patrimoine, avec une différenciation en fonction de l'endettement, notamment dans la taxe foncière ; instauration d'une TVA différenciée en fonction de l'empreinte carbone des produits, application d'un taux de TVA réduit aux produits bio.

* Mise en place progressive d'un revenu universel d'existence (RUE). Dès 2018, il concernera les Français les plus pauvres (revalorisation de 10% du RSA, à 600 euros et versement automatique à tous les ayant-droits) ainsi que les actifs et étudiants dont les revenus sont inférieurs à 2.200 euros net, sous la forme d'un complément modulable en fonction du niveau de revenu. A terme, le RUE pourrait être généralisé et s'élever à 750 euros, en fonction des conclusions d'une "conférence sociale" sur ce sujet.

* Revalorisation de 10% des minima sociaux.

* Hausse du point d'indice de la fonction publique, recrutement de 40.000 enseignants et création de 5.000 postes de policiers et de gendarmes supplémentaires sur le quinquennat.

* Plan d'investissements dans la rénovation énergétique des bâtiments (100 mds sur cinq ans).

* Budget de la Défense porté à au moins 2% du PIB en 2022.

 

MARINE LE PEN

* Le projet repose sur une accélération brutale de la croissance, de 1,3% en 2017 à 2% en 2018 - à l'encontre des prévisions des institutions internationales - et à 2,5% en 2022.

* Il table sur un déficit public atteignant 4,5% du PIB en 2018 avant de refluer à 1,3% en 2022 sous l'effet d'une "croissance économique retrouvée" combinée à une lutte contre la "mauvaise dépense publique" (60 milliards d'euros).

* Il va de pair avec une renégociation des traités européens, le rétablissement d'une monnaie nationale et l'autorisation du financement de l'Etat par la Banque de France, pour une inflation prévue à 2,5% en fin de quinquennat.

* Instauration d'un taux intermédiaire de l'IS pour les PME, à 24% et d'une taxe sur les contrats des travailleurs étrangers.

* Défiscalisation des heures supplémentaires (4,5 mds).

* Baisse de 10% l'impôt sur le revenu et de la taxe d'habitation pour les plus modestes ; pas de hausse de la TVA ni de la CSG, maintien de l'ISF.

* Instauration d'une taxe de 3% sur les importations pour financer une "prime de pouvoir d'achat" versée aux salariés et retraités touchant jusqu'à 1.500 euros par mois.

* Revalorisation de 20% du minimum vieillesse et de l'allocation aux adultes handicapés.

* Hausse du point d'indice pour les fonctionnaires, recrutement de 15.000 policiers et gendarmes.

* Budget de la Défense tendant vers 3% du PIB en 2022.

 

EMMANUEL MACRON

* Le projet est fondé sur une accélération progressive de la croissance, de 1,4% en 2017 à 1,8% en 2022, avec un taux de chômage à 7% en 2022 contre près de 10% aujourd'hui.

* Respect de la règle d'un déficit public sous 3% du PIB.

* Baisse des prélèvements obligatoires pour les entreprises (10 milliards d'euros) : transformation du CICE en allègement de charges pérenne, abaissement progressif de l'IS à 25%.

* Exonération de taxe d'habitation pour 80% des ménages (10 mds) à partir de 2018.

* Recentrage de l'ISF sur le patrimoine immobilier (2 mds) ; pas de hausse de la TVA ; création d'un prélèvement forfaitaire unique de l'ordre de 30% pour tous les revenus du capital.

* Hausse de la CSG (contribution sociale généralisée) de 1,7 point (sauf pour les chômeurs et les 40% de retraités les plus modestes) pour compenser la suppression des cotisations d'assurance chômage et maladie.

* Réduction de trois points de la part des dépenses publiques dans le PIB en cinq ans, à 52%, par une baisse de 60 mds, notamment pour l'Etat (25 mds), l'assurance maladie (15 mds, sans déremboursements) et l'assurance chômage (10 mds). Pas d'économie prévue sur la politique familiale ou les retraites.

* Non remplacement de 120.000 fonctionnaires (50.000 pour l'Etat et 70.000 dans les collectivités locales).

* Embauche de 10.000 policiers et gendarmes supplémentaires en trois ans, construction de 15.000 places de prison sur le quinquennat.

* Plan d'investissement de 50 mds à partir de 2018 - dont environ 10 seront accessibles aux collectivités territoriales - avec notamment 15 mds pour la transition écologique.

 

JEAN-LUC MÉLENCHON

* Le projet s'articule sur une croissance largement supérieure aux prévisions des organisations internationales, dépassant 2% par an dès 2018, avec un taux de chômage ramené à 6% en 2022 contre près de 10% aujourd'hui.

* Il table sur un déficit public atteignant 4,8% du PIB en 2018 avant de régresser à 2,5% du PIB en fin de quinquennat, sous l'"effet vertueux" de la relance budgétaire envisagée.

* Il prévoit de contrevenir aux règles européennes sur les déficits, souhaite que la Banque centrale européenne puisse financer les Etats et attend une inflation dépassant 4% en 2022.

* Suppression du CICE et modulation de l'IS selon l'usage des bénéfices pour favoriser l'investissement en France.

* Renforcement de l'ISF ; création d'un nouvel impôt associant CSG et impôt sur le revenu ; baisse de la TVA sur les produits de première nécessité et hausse de la TVA sur les produits de luxe.

* Plan d'investissements "écologiquement et socialement utiles" de 100 mds sur cinq ans financé par l'emprunt, associé à 173 milliards d'euros de dépenses publiques supplémentaires, notamment pour la réforme des retraites (32 milliards), la revalorisation du salaire des fonctionnaires (22 milliards).

* Recrutement de personnels judiciaire, pénitentiaire et retour des effectifs dans la police et la gendarmerie au niveau de 2007.

 

 

Les programmes sur la justice et la sécurité

Des incidents en banlieue parisienne déclenchés en février par l'affaire Théo, un habitant de Seine-Saint-Denis violemment interpellé par la police début février, ont un temps replacé les questions liées à la sécurité au cœur de la campagne.

La droite et le Front national ont alors dénoncé ce qu'ils présentaient comme un manque de fermeté de la part du gouvernement de gauche, lequel a balayé ces critiques.

Ces échanges font écho aux propositions des principaux candidats à la présidentielle, entre François Fillon et Marine Le Pen d'une part, qui entendent durcir les réponses pénales, et d'autre part Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon, qui préfèrent insister sur la police de proximité. Ces deux candidats, comme Emmanuel Macron, proposent de rétablir la doctrine instaurée en 1998, sous Lionel Jospin, puis supprimée par Nicolas Sarkozy en 2003.

L'ancien ministre de l’Économie, qui était longtemps resté discret sur ces questions, a levé une partie du voile à la mi-février en avançant des propositions, dont certaines puisées dans le registre habituel de la droite.

Ces débats traditionnels en période de campagne présidentielle se déroulent cette année dans le contexte de la menace d'attentats, prise en compte par les candidats dans leur programme.

Voici les programmes des principaux candidats :

 

FRANÇOIS FILLON

* Réorganiser les services de renseignement, en rattachant la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) à la Direction générale de la police nationale.

* Armer les policiers municipaux dans les villes de plus de 10.000 habitants et étendre leurs pouvoirs.

* Réorganiser la carte judiciaire, en adoptant notamment le principe d'un tribunal de grande instance par département au maximum et en réduisant "de manière significative" le nombre de cours d'appel.

* Créer 300 postes de magistrats et augmenter les moyens alloués au fonctionnement de la justice.

* Créer un tribunal criminel de première instance composé de magistrats.

* Créer 16.000 places de prison.

* Fixer des peines minimales pour certains crimes et délits et limiter les aménagements pour les peines inférieures à un an.

* Rétablir les peines plancher pour les récidivistes.

* Expulser les étrangers "terroristes, criminels ou délinquants".

* Fixer la majorité pénale à 16 ans.

 

MARINE LE PEN

* Rétablir les peines plancher et la suppression des remises de peine automatiques.

* Supprimer le versement des aides sociales aux parents de mineurs récidivistes "en cas de carence éducative manifeste".

* Instaurer une peine de prison de perpétuité réelle incompressible pour les crimes les plus graves.

* Créer 40.000 places supplémentaires de prison en 5 ans.

* Rétablir l'expulsion automatique des étrangers condamnés pour des crimes et des délits et expulser les étrangers faisant l'objet d'une fiche S des services de renseignement.

* Augmenter le nombre de postes de magistrats et supprimer parallèlement l'École Nationale de la magistrature (ENM).

* Déchoir de la nationalité française les binationaux "liés à une filière djihadiste", les expulser et les interdire de territoire.

* Placer en détention préventive tout ressortissant français "en lien avec une organisation étrangère suscitant des actes d'hostilité ou d'agression contre la France et les Français".

* Rétablir l'indignité nationale pour les individus coupables de crimes et délits "liés au terrorisme islamiste".

* Renforcer les moyens humains et techniques des services de renseignement intérieurs et extérieurs et créer une agence unique de lutte antiterroriste rattachée à Matignon.

 

EMMANUEL MACRON

* Rétablir une police de proximité.

* Recruter 10.000 policiers et gendarmes.

* Créer un nouveau "pouvoir d'injonction", permettant aux policiers d'interdire, sous le contrôle du juge, à une personne de fréquenter "la zone où elle commet ses méfaits".

* Libérer du temps d'emploi utile aux policiers en dégageant les forces de l'ordre de tâches comme les transports médico-judiciaires ou des "procédures trop lourdes".

* Supprimer le principe de l'automaticité d'aménagement des peines inférieures à deux ans.

* Créer 15.000 places de prison sur le quinquennat.

 

BENOÎT HAMON

* Consacrer un budget correspondant à 3% du PIB à la sécurité et la défense.

* Rétablir une police de proximité.

* Créer 5.000 postes dans la police et la gendarmerie.

* Expérimenter dans cinq départements la remise d'un récépissé lors des contrôles d'identité afin de mettre fin aux contrôles au faciès et lancer un "grand plan national de formation des agents de police et de gendarmerie pour lutter contre les préjugés et les discriminations".

* Nommer un coordonnateur national du renseignement directement rattaché au Premier ministre.

* Convoquerait cet été un débat parlementaire sur l'état d'urgence.

 

JEAN-LUC MÉLENCHON

* Recruter du personnel pour désengorger les tribunaux.

* Mettre fin au "tout carcéral" en développant les peines alternatives à la prison.

* Permettre la sortie de l'état d'urgence.

* Renforcer le renseignement territorial et humain en privilégiant "l'infiltration" par rapport au "tout technologique".

* Supprimer les primes au résultat pour les forces de l'ordre.

* Rétablir une police de proximité et démanteler les BAC (brigades anti-criminalité).

* Interdire les pistolets électriques de type Taser, les Flash ball et les grenades de désencerclement.

 

 

Grand écart sur l'immigration et les réfugiés


Maîtriser l'immigration, voire la réduire drastiquement, ou faciliter l'accueil des réfugiés : les principaux candidats à la présidentielle abordent la question migratoire sous un angle différent. Dans ce domaine, le débat s'organise autour du clivage droite-gauche : au Front national et chez Les Républicains, on privilégie la première option et on propose de limiter l'accès des étrangers à la protection sociale tandis que, à gauche, on insiste sur le droit d'asile.

 

FRANÇOIS FILLON

Il juge que la France n'a pas besoin d'une immigration supplémentaire, compte tenu de son dynamisme démographique, et n'a de toute façon pas les moyens de l'accueillir en raison de la situation sur les marchés de l'emploi et de l'immobilier.

"La France doit être particulièrement attentive à maîtriser l'immigration", peut-on lire dans le programme de François Fillon, qui ne donne cependant aucun objectif chiffré, contrairement à Marine Le Pen.

Pour y parvenir, l'ex-Premier ministre propose d'instituer des quotas annuels. Serait inscrit dans la Constitution le principe selon lequel l'immigration dépend de la "capacité d'accueil et d'intégration" de la France, qui devra être évaluée tous les ans par le Parlement.

Il prône notamment de ne verser aucune prestation sociale aux nouveaux arrivants pendant un délai de deux ans.

Il entend également durcir les conditions du regroupement familial et supprimer l'Aide médicale d'Etat (AME), permettant aux étrangers en situation irrégulière d'accéder à des soins, pour lui substituer une simple dispense de frais de santé réservée aux urgences et aux maladies graves ou dangereuses.

Si ces propositions ne peuvent être mises en œuvre qu'au prix d'une dénonciation de la Convention européenne des droits de l'homme, "alors c'est la voie qu'il nous faudra emprunter", est-il écrit dans son programme.

Autres propositions:

* Subordonner l'acquisition de la nationalité à l'"assimilation" du demandeur.

* Mettre en œuvre une "politique volontariste d'éloignement du territoire des demandeurs d'asile déboutés".

* Aller plus loin dans la mise en œuvre d'une politique européenne de l'immigration et de l'asile en triplant le budget de Frontex et en créant un corps européen de garde-frontières.

 

MARINE LE PEN

Fidèle aux propositions traditionnelles du Front national, la présidente du parti d'extrême droite s'engage à réduire drastiquement l'immigration si elle est élue.

Il y a toutefois une légère inflexion par rapport à 2012 : Marine Le Pen propose de ramener l'immigration légale à un solde annuel de 10.000 personnes, alors qu'elle comptait précédemment plafonner le nombre total d'entrée à 10.000.

Avant la mise en place des mesures permettant d'atteindre cet objectif, la candidate propose d'instaurer un "moratoire" sur l'immigration légale, censé durer plusieurs semaines.

L'esprit reste le même qu'il y a cinq ans : durcissement des conditions du regroupement familial, suppression du droit du sol, abrogation de l'Aide médicale d’État allouée aux étrangers en situation irrégulière.

La "priorité nationale", qui consiste à réserver des avantages en matière d'emploi ou d'éducation aux ressortissants français, est par ailleurs au coeur de son programme.

Autres propositions:

* N'accepter les demandes d'asile que lorsqu'elles sont déposées dans les ambassades et consulats français dans les pays d'origine ou limitrophes.

* Quitter l'espace Schengen.

 

EMMANUEL MACRON

Dans son livre "Révolution", paru en novembre, l'ex-ministre juge nécessaire "un investissement dans une véritable force (européenne) de garde-côtes et de garde-frontières et dans un véritable système de carte d'identité commun".

Selon lui, l'Europe doit également "développer une politique coordonnée d'aide au développement" vis-à-vis des pays d'origine pour les aider à gérer eux-mêmes les flux de réfugiés.

Dans son programme, l'ancien protégé de François Hollande s'engage par ailleurs à faire en sorte que les demandes d'asile soient examinées en moins de six mois, recours compris, afin d'accueillir "dignement" les réfugiés et de reconduire "sans délai" les déboutés vers leur pays d'origine.

 

BENOÎT HAMON

La principale proposition du vainqueur de la primaire du Parti socialiste porte sur la création d'un "visa humanitaire pour une protection temporaire" ayant pour objectif d'ouvrir "aux personnes en situation de détresse humanitaire une voie d'accès légale et sécurisée au territoire français".

Benoît Hamon souhaite accorder le droit de vote des étrangers aux élections locales.

 

JEAN-LUC MÉLENCHON

L'eurodéputé promet de "réaffirmer le droit d'asile", sans en dire davantage dans son programme sur le sens de cette formule.

Il souhaite également construire des camps d'accueil aux normes internationales sur le modèle de Grande-Synthe (Nord) "pour proposer aux migrants des conditions dignes" et instaurer un programme pour l'aide au retour des réfugiés volontaires.

Autres propositions:

* Créer une organisation mondiale des migrations liée à l'Onu et organiser une conférence internationale annuelle sur les migrations.

* Refonder la politique européenne de contrôle des frontières extérieures et refuser la militarisation de la politique de contrôle des flux migratoires.

* Lutter contre les causes des migrations, notamment en "arrêt(ant) les guerres".

* Refuser l'accord "Visa + Adhésion contre migrants" conclu avec la Turquie.

* Fin du placement d'enfants en centre de rétention.

 

 

Les propositions de société des candidats à l'Elysée

Le débat sur le mariage homosexuel, qui a marqué le début du quinquennat de François Hollande et profondément divisé le pays, reprend à la faveur de la campagne présidentielle de 2017.

Marine Le Pen est la seule à réclamer un remplacement du mariage par une "union civile". François Fillon, lui, souhaite modifier les dispositions sur l'adoption d'enfants par des homosexuels.

La question de la fin de vie est aussi en débat, certains, comme Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon, souhaitant aller plus loin dans la législation sur l'euthanasie. Les deux hommes sont également favorables à une légalisation du cannabis.

 

FRANÇOIS FILLON

* Réécriture de la loi sur le mariage homosexuel pour réserver l'adoption plénière aux seuls couples hétérosexuels

* Interdiction de la procréation médicalement assistée pour les femmes seules et les couples de femmes

* Renforcement des sanctions pénales contre le recours à la GPA (gestation pour autrui) et sa promotion

* Abrogation de la réforme du collège

* École obligatoire à 5 ans

* Port de l'uniforme à l'école

* Rétablir le contrat de responsabilité parentale qui prévoit la suspension des allocations familiales en cas d'absentéisme scolaire

* Donner un statut légal et fiscal aux aidants familiaux

* Plan "Patrimoine pour tous" de 2 milliards d'euros sur cinq ans

 

MARINE LE PEN

* Pavoiser en permanence tous les bâtiments publics du drapeau français et en retirer le drapeau européen

* Inscrire dans la Constitution la défense et la promotion du patrimoine historique et culturel français

* Instaurer le port d'un uniforme à l'école

* Créer une union civile qui viendra remplacer les dispositions de la loi Taubira sur le mariage homosexuel, sans effet rétroactif

* Maintenir l'interdiction de la gestation pour autrui et réserver la procréation médicalement assistée comme réponse médicale aux problèmes de stérilité

 

EMMANUEL MACRON

* "Pass culture" de 500 euros accordé aux jeunes de 18 ans

* Ouverture des bibliothèques municipales et universitaires le soir et le dimanche

* Opposé à la légalisation du cannabis

* Opposé à l'interdiction du voile à l'université ou pour les mères de famille lors des sorties scolaires

 

BENOÎT HAMON

* Loi "antitrust et transparence" pour éviter la concentration dans les médias

* Publicité des dons supérieurs à 2.500 euros aux partis politiques

* Création d'une "police des discriminations" pour mettre en évidence et sanctionner toutes les discriminations, notamment à l'embauche

* Légalisation de l'usage du cannabis, "constatant l'échec de la prohibition et dans un objectif de santé publique"

* Légalisation de l'euthanasie pour les personnes victimes d'une maladie incurable

* Doublement du budget du ministère dédié aux droits des femmes, notamment financé par des amendes infligées aux partis politiques ne respectant pas la parité

 

JEAN-LUC MÉLENCHON

* Légalisation et encadrement de la consommation, la production et la vente de cannabis

* Droit au suicide assisté

* Opposé à la gestation pour autrui, favorable à l'extension de la procréation médicale assistée aux couples de femmes.

 

 

Sur l'écologie, un même but, des approches différentes


Parmi les cinq principaux candidats à la présidentielle, tous assurent que la protection de l'environnement et la transition énergétique sont au coeur de leurs préoccupations, y compris Marine Le Pen qui consacre un chapitre de son programme à "la France durable". Mais chacun donne à ces deux notions sa propre définition.

La plus forte divergence porte sur l'avenir du nucléaire que certains, à l'image de François Fillon, souhaitent soutenir tandis que d'autres, surtout à gauche, entendent réduire sa part dans la production d'électricité.

Ce débat se cristallise sur le sort de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) : faut-il la fermer, comme le souhaitent Benoît Hamon, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, ou revenir sur cette promesse de campagne de François Hollande, comme le proposent François Fillon et Marine Le Pen ?

 

FRANÇOIS FILLON

Il promet de développer toutes les formes d'énergie propre, "y compris le nucléaire" qui présente en outre l'avantage à ses yeux d'assurer une forme d'indépendance de la France.

Selon lui, l'objectif assigné par le gouvernement de ramener la part du nucléaire dans la production électrique française de 76% en 2015 à 50% à l'horizon 2025 est "dogmatique, intenable et contraire à l'intérêt général".

François Fillon souhaite donc prolonger l'exploitation des centrales nucléaires existantes de 40 à 60 ans, sous réserve de l'accord au cas par cas de l'Autorité de sûreté nucléaire, et stopper la fermeture de Fessenheim.

Le député Les Républicains évoque certes une diminution progressive de la part du nucléaire mais celle-ci se fera sous l'effet d'une hausse de la part des énergies renouvelables.

Il ne donne aucun objectif chiffré à ce sujet car, estime-t-il, le marché doit avoir la main.

Autres mesures:

* Instaurer un crédit d'impôt aux particuliers pour les inciter à recourir à des matériaux écologiques.

* Substituer au principe de précaution un principe de responsabilité.

* Appliquer un taux de TVA réduit sur les produits intégrant dans leur composition plus de 50% de matériaux recyclés.

* Abroger les normes lorsqu'elles sont plus contraignantes que celles édictées par l'Union européenne.

 

MARINE LE PEN

La présidente du parti d'extrême droite applique à l'environnement l'esprit de l'ensemble de son programme : priorité à la production française.

Marine Le Pen entend donc développer les filières du renouvelable (solaire, bois, biogaz notamment), à l'exception de l'éolien sur lequel elle souhaite décréter un "moratoire immédiat", et soutenir une filière française de l'hydrogène.

La candidate frontiste insiste également sur la nécessité de produire au plus près des lieux de consommation en rompant avec "le modèle économique fondé sur la mondialisation sauvage des échanges et le dumping social".

Le soutien aux énergies renouvelables s'accompagne d'un maintien de la filière nucléaire, qui devra être "modernisée" et "sécurisée" sous l'égide d'EDF dont l’État gardera le contrôle. La centrale de Fessenheim ne sera pas fermée.

Autres mesures:

* Faire de l'isolation de l'habitat "une priorité budgétaire du quinquennat".

* Interdire l'exploitation du gaz de schiste, tant que des conditions satisfaisantes en matière d'environnement, de sécurité et de santé ne seront pas réunies.

* Interdire les OGM.

 

EMMANUEL MACRON

L'ancien ministre de l’économie compte tenir les engagements de la loi de transition énergétique pour réduire la part du nucléaire dans la production française d'électricité et mettre en œuvre une "vraie stratégie" de sortie des énergies fossiles, en application de l'accord de Paris sur le climat.

S'il n'est pas certain que l'objectif de ramener à 50% la part du nucléaire dans la production électrique française soit atteignable d'ici 2025, il compte garder le cap de la loi de transition énergétique parce qu'il est "bon".

Au-delà de la fermeture de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) déjà prévue pour 2018, Emmanuel macron souhaite se conformer aux conclusions de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) sur l'éventuelle prolongation d'une partie du parc nucléaire français, attendues fin 2018-début 2019.

Il prévoit de profiter de la fermeture de la centrale alsacienne pour développer la filière du démantèlement et du retraitement.

Concernant l'objectif de 32% pour la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique d'ici 2030, également fixé par la loi de transition énergétique, Emmanuel macron propose de procéder, selon un calendrier établi dès le début du quinquennat, à des appels d'offres pour un total de 26.000 mégawatts (l'équivalent de six centrales nucléaires), "ce qui équivaut à accompagner l'équivalent de 30 milliards d'euros d'investissements privés".

Autres mesures:

* Sortie progressive du diesel avec un accompagnement à la fois des ménages (prime à la conversion de 1.000 euros) et des industriels, et une augmentation de la fiscalité sur l'essence pour une convergence totale avec celle du diesel.

* Intensification des efforts dans la rénovation énergétique des bâtiments.

* Fermeture des dernières centrales à charbon.

* Pas de nouvelle attribution de permis d'exploitation d'hydrocarbures, interdiction de l'exploration - même publique - des gaz de schistes.

* Nomination d'un médiateur sur le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

 

BENOÎT HAMON

En vertu de l'accord passé avec les écologistes, le représentant du PS plaide pour une sortie progressive du nucléaire d'ici 25 ans et la fermeture durant le quinquennat des réacteurs "en fin de vie".

La part des énergies renouvelables dans le mix énergétique passerait à 50% dès 2025.

"Notre modèle productiviste et court-termiste doit laisser la place à un modèle de développement tempérant, écologique, et humain", estime Benoît Hamon.

Trois chantiers importants seront abandonnés :

- Le projet d'enfouissement profond de déchets nucléaires à Bure (Meuse).

- Le projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, sur un site de 1.600 hectares occupé depuis des années par des opposants.

- La ligne ferroviaire Lyon-Turin, qui passe sous les Alpes.

Autres mesures:

* Sortir du diesel à l'horizon 2025.

* Instaurer une TVA différenciée pour les produits à faible empreinte carbone.

* Interdire les perturbateurs endocriniens

 

JEAN-LUC MÉLENCHON

L'eurodéputé milite pour une fermeture immédiate de Fessenheim et pour l'abandon des projets EPR de Flamanville (Manche) et d'Hinkley Point (sud de l'Angleterre) et du projet de site d'enfouissement de déchets radioactifs à Bure (Meuse).

Il propose en outre d'inscrire dans la Constitution ce qu'il appelle la "règle verte" consistant à "ne pas prélever sur la nature davantage que ce qu'elle peut reconstituer ni produire plus que ce qu'elle peut supporter".

En matière d'énergies, il se fixe un objectif de 100% de renouvelables en 2050.

Autres mesures:

* Enterrer les "grands projets inutiles" comme l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, en Loire-Atlantique.

* Créer un pôle public de l'énergie en renationalisant EDF et Engie "en lien avec des coopératives locales de production et de consommation d'énergies renouvelables".

* Interdire les OGM.

 

Les propositions sur les institutions des candidats à l'Elysée

 

Le lien entre les Français et leurs élus est cassé : tel est le constat général des candidats à l'élection présidentielle en France, qui proposent tous des mesures visant à réformer des institutions jugées trop éloignées des citoyens.

La montée des populismes en Europe et dans le monde sur fond de crise économique force les démocraties à se remettre en cause alors que les opinions publiques sont de plus en plus intransigeantes avec leurs élus. Comme l'a, notamment, montré l'affaire des emplois présumés fictifs de l'épouse et des enfants de François Fillon, qui a empoisonné la campagne du candidat de la droite.

La France, où l’État joue un rôle majeur, est en première ligne dans cette obligation de renouveau, qui peut passer par un recours plus fréquent au référendum ou une diminution du nombre de parlementaires, deux propositions communes à des candidats de bords divergents.

Voici les propositions sur la rénovation des institutions des principaux candidats à l'élection présidentielle qui se tiendra du 23 avril et 7 mai prochains en France :

 

FRANÇOIS FILLON

* Rendre obligatoire la publication des liens de parenté entre les parlementaires et les collaborateurs

* Améliorer les mécanismes de contrôle de déontologie mis en place au Parlement

* Recours aux ordonnances en début du mandat pour les principales réformes

* Gouvernement paritaire et ouvert à la société civile

* Référendums sur la fusion des régions et départements et sur la diminution du nombre de parlementaires

 

MARINE LE PEN

* Référendum pour réviser la Constitution.

* À l'Assemblée nationale, proportionnelle intégrale avec une prime majoritaire de 30% des sièges pour la liste arrivée en tête et un seuil de 5% des suffrages pour obtenir des élus

* Abaisser le nombre de députés à 300 et le nombre de sénateurs à 200 (contre respectivement 577 et 348 aujourd'hui)

* Créer un référendum d'initiative populaire, sur proposition d'au moins 500.000 électeurs

* Conserver trois niveaux d'administration (au lieu de six actuellement) : communes, départements et État

 

EMMANUEL MACRON

* Nécessité d'avoir un casier judiciaire vierge pour accéder à des fonctions ministérielles

* Introduction d'une dose de proportionnelle à l'Assemblée

* Non cumul des mandats de parlementaires dans le temps

* Interdire aux élus et ministres toute embauche d'un membre de leur famille

* Interdire aux parlementaires d'exercer des activités de conseil parallèlement à leur mandat

 

BENOÎT HAMON

* Instaurer une "VIe République" avec une dose de proportionnelle, le non-cumul des mandats dans le temps, un mandat présidentiel unique de sept ans. Le changement de Constitution sera soumis à référendum

* Moins de députés, un Sénat qui pourrait être fusionné avec le Conseil économique, social et environnemental

* Référendum dès le début de la mandature sur le droit de vote des étrangers aux élections locales, la reconnaissance du vote blanc et le droit d'initiative citoyenne que le candidat qualifie de "49-3 citoyen"

* Développer le contrôle parlementaire sur les grandes décisions présidentielles

*Obliger tout candidat à une élection à publier la liste de ses grands donateurs (dons supérieurs à 2.500 euros), y compris dans le cadre de primaires

 

JEAN-LUC MÉLENCHON

* Création d'une Assemblée constituante pour "rafraîchir la Constitution", qui sera ensuite soumise à référendum

* Mettre dans la Constitution le droit à l'avortement, le droit de mourir dans la dignité

* Créer un droit de révoquer un élu en cours de mandat par référendum

* Rendre inéligible à vie toute personne condamnée pour corruption

* Fixer le droit de vote à 16 ans et rendre le vote obligatoire

* Reconnaître le droit de vote aux élections locales pour les résidents étrangers en situation régulière

 

 

 

Santé : Les principales propositions des candidats

 


Ce que proposent les principaux candidats à l'élection présidentielle pour redresser les comptes de l'assurance maladie et garantir le remboursement des soins:

FRANÇOIS FILLON

* Ramener l'assurance maladie à l'équilibre d'ici la fin du quinquennat en faisant 20 milliards d'euros d'économies en cinq ans. Pour ce faire, François Fillon entend lutter contre les sources de "non-qualité" du système de santé comme par exemple les soins redondants ou inutiles, la non-observance des prescriptions ou le recours excessif à l'hôpital.

* Veut atteindre d'ici à 2022 un "reste à charge" zéro pour les ménages pour ce qui concerne les dépenses de santé les plus coûteuses comme l'optique, les prothèses dentaires, les audioprothèses ou encore les dépassements d'honoraires. Il veut parvenir à un nouveau partenariat entre la Sécurité sociale et les organismes complémentaires. Des discussions seront ainsi engagées avec les mutuelles dans le cadre des "États généraux de la santé" prévus fin 2017, début 2018.

* Propose que l'assurance maladie rembourse la totalité du coût des lunettes de qualité pour tous les enfants afin que ces derniers ne soient pas handicapés dans leur scolarité si les revenus du foyer ne sont pas suffisants.

* Supprimer l'Aide médicale d'Etat (AME). Pour les cas d'urgence et les maladies graves ou contagieuses, remplacer l'AME par une dispense de frais de santé strictement contrôlée.

* Renforcer la lutte contre les fraudes et abus en tout genre et créer une "Agence de garantie de la couverture solidaire des dépenses de santé" pour veiller à l'amélioration de la prise en charge des dépenses de santé, au meilleur coût pour les assurés, avec le contrôle notamment de l'évolution des cotisations des complémentaires et des frais de gestion.

 

BENOÎT HAMON

* Pour protéger la Sécurité sociale, le candidat entend renforcer la lutte contre la fraude aux cotisations, le travail dissimulé et les dépenses de santé injustifiées.

* Il veut également supprimer les franchises médicales et réduire les dépassements d'honoraires pour éviter que les ménages ne retardent ou ne renoncent à des soins pour des raisons financières.

* Entend faire baisser le prix des médicaments et faire distribuer les médicaments à l'unité.

* Veut en outre lancer un vaste plan de prévention contre le tabac et l'alcool. Outre l'augmentation du prix du tabac, il compte taxer davantage la publicité pour l'alcool.

 

MARINE LE PEN

* Elle entend préserver le système dual actuel - Sécurité sociale et mutuelles - mais veut une meilleure prise en charge des dépenses de santé les plus coûteuses comme l'optique et les soins dentaires.

* Elle souhaite pérenniser le financement de la Sécurité sociale en simplifiant l'administration du système de santé, en investissant dans les outils numériques pour réaliser des économies durables et en luttant contre la "gabegie financière".

* Elle souhaite en outre faire baisser le prix des mutuelles en obtenant des économies sur leurs frais de gestion. Marine Le Pen a notamment proposé d'interdire la publicité aux complémentaires.

* La candidate veut en outre supprimer l'AME, lutter contre la fraude à la Sécurité sociale, baisser le prix des médicaments coûteux grâce au recours aux génériques et développer la vente à l'unité des médicaments remboursables.

 

EMMANUEL MACRON

* L'ancien ministre de l’Économie veut réaliser 15 milliards d'euros d'économies sur cinq ans grâce à un rythme maîtrisé de progression des dépenses de santé. Il entend également lancer un plan d'investissements de cinq milliards d'euros dans les soins primaires, l'innovation en matière de santé, dans le déploiement de la télémédecine et dans l'hôpital de demain.

* A horizon 2022, il se fixe pour objectif d'atteindre une prise en charge à 100% pour les lunettes, les prothèses dentaires et auditives. Cet objectif sera atteint sans hausse des prix des complémentaires de santé mais en instaurant plus de concurrence avec notamment trois contrats types de couverture par les complémentaires.

* Le candidat d'En Marche ! veut en outre généraliser la vente du médicaments à l'unité pour lutter contre le gaspillage dont il chiffre le coût à sept milliards d'euros par an.

* Il veut en outre s'engager sur un objectif national de dépenses d'assurance maladie à cinq ans. Actuellement, et depuis 1996, l'objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam) est fixé annuellement.

* Sa suppression des cotisations salariales maladie et chômage pour les salariés du secteur privé sera compensée par une hausse de la contribution sociale généralisée (CSG).

 

JEAN-LUC MÉLENCHON

* Le candidat prône une "Sécurité sociale intégrale", c'est-à-dire le remboursement des dépenses de santé par l'assurance maladie, qu'il s'agisse des soins courants ou des dépenses plus coûteuses comme les soins dentaires, d'optique ou les soins auditifs.

* Il souhaite en outre instaurer un pôle public du médicament pour baisser les prix des médicaments et protéger la recherche médicale. Il veut aussi une baisse des tarifs des lunettes.

* Jean-Luc Mélenchon se fixe comme objectif de lancer un plan national de prévention des maladies liées à la pollution, aux pesticides, à l'alimentation, à la consommation de drogues et d'alcool ainsi qu'à la souffrance au travail et au stress.

* Il a aussi dit lors d'un discours à la Mutualité française en février vouloir supprimer les dépassements d'honoraires des médecins.

 

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