US Navy/Mass Communication Specialist 3rd Class Ford Williams/AFP
Le grand rapprochement entre Washington et Moscou, envisagé par les deux camps après l'élection de Donald Trump, devra attendre.
Alors que les récentes positions de l'administration Trump, indiquant vouloir coopérer avec Moscou et ne plus faire du départ du président syrien une priorité, avaient relancé le projet d'une grande alliance entre les États-Unis et la Russie pour lutter contre le terrorisme, les bombardements américains hier matin contre la base syrienne d'al-Chaayrate ont tué le projet dans l'œuf. Contre toute attente, Donald Trump a fait ce que Barack Obama s'était toujours refusé de faire : sanctionner le régime Assad et rappeler à ses deux parrains, Moscou et Téhéran, que tout ne leur est pas permis en Syrie. En répondant à l'attaque chimique mardi contre Khan Cheikhoun, imputée à Damas, Washington vient de fixer une nouvelle ligne rouge, dont les frontières ne sont pas encore claires. Aussi symbolique et surprenante soit-elle, la frappe américaine ne modifie en aucune manière la donne sur le terrain syrien. Et rien n'indique, pour l'instant, que Washington ait l'intention de revoir ses priorités et de s'engager davantage contre Bachar el-Assad. Les États-Unis vont d'ailleurs être vite confrontés au même dilemme que l'administration précédente. Une politique visant à faire tomber le régime syrien serait forcément synonyme d'une escalade avec Moscou, alors que Washington n'a aucun allié susceptible de prendre le pouvoir sur le terrain.
(Lire aussi : Ce qu'il faut comprendre de l'attaque US contre la base syrienne)
Si l'administration Trump n'a pas caché son hostilité envers l'Iran depuis son arrivée au pouvoir, elle ne semble pas pour autant vouloir se retrouver dans une situation de confrontation directe avec Moscou. Les Russes ont été prévenus à l'avance des frappes américaines, pour éviter l'escalade. Les surenchères verbales et militaires ne sont toutefois pas à exclure, même si elles devraient être contenues : les deux dirigeants veulent se tester et se prouver l'un à l'autre qu'ils ne se laisseront pas marcher sur le pied. C'est une question de crédibilité.
Plus qu'un énième revirement de la politique américaine en Syrie, les frappes d'hier ressemblent plutôt à un « one shot », dont l'objectif principal est d'adresser un message fort au reste du monde. Réputé impulsif, le 45e président américain fait ainsi une entrée fracassante sur la scène internationale, qui tranche avec la doctrine de son prédécesseur. Non seulement en réagissant de façon extrêmement rapide, sans attendre l'accord du Congrès, mais aussi en menant l'opération de façon unilatérale. Comme si l'ère du multilatéralisme et de l'interventionnisme américain mesuré était révolue. L'avertissement est limpide : les États-Unis de Donald Trump sont prêts à répondre à toute action qu'ils considèrent comme menaçante. La Corée du Nord et l'Iran sont prévenus. Les États-Unis ne vont plus forcément jouer aux gendarmes du monde, mais ils ont bien l'intention de rester les gendarmes de leurs propres intérêts.
Confronté à la réalité, le « Donald » essaye à tout prix de se démarquer de la politique de Barack Obama, qu'il a passé la plus grande partie de son temps libre à critiquer sans réserve. Sans toutefois qu'il soit encore possible de définir une doctrine Trump, en matière de politique étrangère. Comme s'il enfilait le costume traditionnel des Républicains, l'ancien promoteur immobilier se présente comme un adepte de la verticalité, qui exècre le multilatéralisme, et dont la priorité au Moyen-Orient est la protection des intérêts d'Israël. Mais l'homme paraît tellement imprévisible qu'il peut encore réserver de nombreuses surprises.
« Ce n'est pas parce qu'on a le meilleur marteau que l'on doit voir chaque problème comme un clou », avait dit le premier président noir de l'histoire américaine notamment pour justifier sa non-intervention en Syrie. Le « meilleur marteau » est désormais dans les mains d'un milliardaire américain qui découvre sur le tard la complexité des relations internationales. Et qui a, jusqu'à l'heure, démontré sa propension à considérer, quel que soit le domaine, chaque problème comme un clou...
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Le grand rapprochement entre Washington et Moscou, envisagé par les deux camps après l'élection de Donald Trump, devra attendre.
Alors que les récentes positions de l'administration Trump, indiquant vouloir coopérer avec Moscou et ne plus faire du départ du président syrien une priorité, avaient relancé le projet d'une grande alliance entre les États-Unis et la Russie pour lutter...
commentaires (8)
"Les US de Donald Duck-Troump sont prêts à répondre à toute action qu'ils considèrent comme menaçante.... La Corée du Nord et l'Iran sont prévenus ! Les US ne vont plus jouer aux gendarmes du monde, mais ils ont bien l'intention de rester les gendarmes de leurs Propres intérêts ! « Ce n'est pas parce qu'on a le meilleur marteau que l'on doit voir chaque problème comme un clou ».... Mais Le « meilleur marteau » est désormais dans les mains d'un milliardaire américain qui a démontré de la sorte sa propension à considérer, quel que soit le domaine, chaque problème comme un clou !". Tant mieux ! Qu'il l'arrache donc, enfin, ce bääSSyrien CLOU rouillé noûSSâïrî Per(s)cé fakkîhàRien et qu'on en finisse. Khâââï !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
20 h 50, le 08 avril 2017