Hassan Youssef a senti ses membres se raidir progressivement. Jusqu'à la paralysie totale quelques minutes après l'"attaque chimique" dans la ville syrienne de Khan Cheikhoun. Mais il a eu la vie sauve grâce à un réflexe. AFP / Omar haj kadour
Hassan Youssef a senti ses membres se raidir progressivement. Jusqu'à la paralysie totale quelques minutes après l'"attaque chimique" dans la ville syrienne de Khan Cheikhoun. Mais il a eu la vie sauve grâce à un réflexe.
"J'avais entendu à la télévision qu'au moment d'une attaque chimique, il faut se rendre dans un endroit élevé car les substances toxiques restent plus proches du sol", explique cet homme de 40 ans.
Hassan raconte ce "mardi noir" allongé sur un lit dans un hôpital de la ville d'Idleb, à 65 km au nord de Khan Cheikhoun. Son corps est enveloppé d'une couverture, mais ses jambes laissent voir des brûlures d'un rouge vif lorsque son beau-frère lui enlève les bandages.
"J'étais chez moi au moment de frappe vers 07h00, je suis sorti en courant et j'ai vu des gens allongés par terre. Quelqu'un m'a appelé à l'aide, j'ai commencé à secourir une personne, puis une deuxième avant de sentir un étourdissement", se souvient-il.
Hassan a pensé d'abord qu'il s'agissait d'une frappe aérienne habituelle dans cette ville aux mains des rebelles et jihadistes et donc régulièrement bombardée par l'armée de l'air syrienne. Mais lorsqu'il a vu deux personnes s'effondrer devant ses yeux, il n'a plus eu de doute: il s'agissait de substances toxiques.
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"Nerfs touchés"
"Je savais qu'il ne fallait pas se réfugier dans un abri mais dans les étages supérieurs (...) J'ai gravi les escaliers d'un immeuble de trois étages jusqu'au toit", poursuit l'homme, qui porte une fine barbiche poivre sel.
Hassan se rappelle les avoir grimpés "à quatre pattes" à cause de sa faiblesse.
C'est à ce moment qu'il n'a plus rien ressenti. "Je m'évanouissais puis reprenais conscience avant de m'évanouir de nouveau... Jusqu'à ressentir une paralysie totale".
A son réveil, il a reconnu des voisins de son quartier et les a entendus dire qu'il était porté disparu "depuis huit heures".
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Deux jours après l'attaque, il ne ressent toujours pas ses jambes. "Le médecin m'a dit aujourd'hui que j'ai besoin d'une opération car mes nerfs ont été touchés", précise Hassan.
Sa douleur est si forte qu'il aurait préféré la mort. Avant de se ressaisir. "Merci Dieu, merci Dieu", répète-t-il.
"Ma gorge me fait encore mal, je ne peux même pas avaler un verre d'eau", assure-t-il encore.
Environ 70 blessés - 38 hommes, 21 femmes et 18 enfants - de Khan Cheikhoun sont arrivés mardi à l'hôpital d'Idleb, indique le médecin Hussein Yassine. Vingt-deux y étaient toujours soignés jeudi.
"Franchement, nous ne savons pas à quel gaz chimique, du sarin ou du chlore mélangé à quelque chose d'autre" ils ont été exposés, explique-t-il. "Nous n'avons aucun laboratoire et nous ne sommes pas équipés pour y faire face (...) Nous avons donc demandé à l'ONU et à des organisations internationales de venir prendre des échantillons et de nous indiquer comment traiter les patients".
Mais le docteur Yassine souligne que l'équipe médicale a accumulé de l'expérience en raison des attaques chimiques subies depuis le début de la guerre en 2011. "Il y a eu une frappe sur Latamina il y a deux semaines, et nous y avons fait face en lisant des informations sur le sujet et en contactant des centres de traitement", relate-t-il. "Dieu merci, nous sommes devenus efficaces..."
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A t on vu des centaines de soldats syriens ou de civils dans les zones controlees par le regime de Damas,mourir asphyxies par des gas toxiques? JAMAIS.! C est bien la preuve qui detient et utilise ces substances terribles.
11 h 25, le 09 avril 2017