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Liban - Tournée

Sydney-Bruxelles-Beyrouth, les négociations qui font monter les tensions !

À la veille de la conférence de Bruxelles sur la Syrie, le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil a donné une conférence académique à l'université de Sydney. En apparence, le ministre s'est placé au-dessus de la mêlée et a voulu jeter les bases d'une approche stratégique du dossier des déplacés syriens, basée sur plusieurs points. D'abord, il a estimé que le Liban n'a aucune leçon à recevoir de qui que ce soit sur l'humanisme, la tolérance, l'acceptation de l'autre et l'hospitalité. Mais justement, en raison de ce souci de la diversité qui est marqué dans les gènes des Libanais, le Liban doit se protéger et protéger sa souveraineté et ses frontières pour pouvoir préserver le modèle qu'il représente. C'est pourquoi, dans le dossier précis des déplacés syriens, il doit s'écarter des principes idéologiques rigides pour faire preuve de pragmatisme.

L'auditoire académique de l'université de Sydney a vivement applaudi le ministre Bassil. Mais au Liban, par contre, les dents sont en train de grincer. L'air de rien, et en s'adressant à des professeurs et à des universitaires, Bassil a envoyé des messages dans plusieurs directions politiques, notamment dans le cadre de la conférence qui s'ouvre aujourd'hui à Bruxelles.

 

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Pour le rappel, un an après la conférence de Londres qui s'était tenue en février 2016, l'Union européenne, qui est le principal donateur dans le dossier des réfugiés, a décidé d'organiser une conférence sur la Syrie et les pays voisins. La conférence doit regrouper ceux qu'on appelle les co-hosts, à savoir la Grande-Bretagne, l'Allemagne, la Norvège, le Koweït, le Qatar et bien sûr l'ONU et l'UE. L'idée a été effectivement lancée il y a trois mois, mais il a été difficile de trouver une date en raison des engagements des divers partenaires, alors que les organisateurs souhaitaient obtenir une participation maximale et de haut niveau.
Finalement, les dates du 4 et du 5 avril ont été choisies, en principe à deux jours de la réunion de l'OTAN pour garantir la présence du secrétaire d'État américain. Mais en raison de la visite à Washington d'une délégation chinoise de haut niveau, la réunion de l'OTAN a été reportée au 10 avril, et Tillerson ne pourra donc pas assister à la réunion de Bruxelles. Quant aux ministres russe et iranien des Affaires étrangères, on ne sait pas s'ils seront présents ou s'ils se feront représenter, alors que la Turquie boycotte ostensiblement la réunion.

En principe, cette réunion devrait aboutir à l'adoption d'un document commun avec le Liban. Et c'est là que les choses ont commencé à se compliquer. Le ministère des Affaires étrangères a demandé que figure dans le document final le paragraphe suivant : La communauté internationale s'engage à soutenir le Liban et à travailler avec lui pour essayer de définir les conditions d'un retour des déplacés en toute sécurité dans leur pays, même durant la période de transition politique en Syrie.

 

(Lire aussi : À l'Élysée, Saad Hariri, commandeur de la Légion d'honneur)

 

Dans une démarche inattendue, l'UE a aussitôt choisi de dépasser le ministère des Affaires étrangères pour discuter avec le bureau du Premier ministre. Elle a ainsi quasiment balayé les acquis libanais précédents, notamment le « UN-Lebanon strategic framework », ainsi que les priorités du partenariat avec l'Union européenne et les précédentes déclarations du groupe international de soutien avec le Liban (ISSG), qui, tous, avaient reconnu le soutien de la communauté internationale à la position du Liban au sujet de la solution durable à la crise syrienne qui passe par le retour chez eux de tous les déplacés syriens. Pendant les semaines qui ont précédé la conférence de Bruxelles, les négociations avec le bureau du Premier ministre et l'UE se sont intensifiées, et après avoir proposé une modification du paragraphe, celui-ci a été carrément retiré.

Le représentant du chef de l'État aux négociations a même informé les autorités concernées que le dossier était clos et que les partenaires du Liban ne souhaitaient plus ouvrir de nouvelles négociations, d'autant que le document, dans sa mouture finale, a été accepté par le bureau du Premier ministre. Le ministère des Affaires étrangères a donc été pratiquement écarté de ce dossier, alors que des informations ont commencé à filtrer dans la presse arabe sur une soi-disant volonté de ce ministère d'inclure indirectement la possibilité de nouer un dialogue avec le régime syrien au sujet du retour en sécurité des déplacés. Ce qui n'a jamais figuré dans le texte proposé par les Affaires étrangères.

 

(Lire aussi : Hariri à Bruxelles pour « monnayer » l'accueil des déplacés)

 

À la veille de l'ouverture de la conférence de Bruxelles, la tension est donc montée, alors que le ministère des Affaires étrangères exige de participer aux négociations avec les co-hosts. Entre Baabda, le Sérail, Bruxelles et Sydney, le téléphone n'a cessé de sonner au cours des dernières heures, sachant qu'une reconnaissance internationale du droit au retour chez eux des déplacés syriens présents au Liban est dans l'intérêt de tous les Libanais qui, toutes confessions confondues, commencent à sentir dans leur quotidien et dans leur avenir le poids d'une présence à durée indéterminée. À quelques heures de l'ouverture de la conférence, le Liban espère encore que ses partenaires tiendront leurs engagements pris lors de précédentes rencontres, et surtout qu'ils se tiendront à ses côtés dans cette période difficile.

 

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commentaires (4)

LES LOUANGES BASES DE POLITIQUE REALISTE OU BARATIN ? LE SECOND Y SIED A MERVEILLE !

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 47, le 04 avril 2017

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Commentaires (4)

  • LES LOUANGES BASES DE POLITIQUE REALISTE OU BARATIN ? LE SECOND Y SIED A MERVEILLE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 47, le 04 avril 2017

  • vaut mieux des millions de réfugiés au Liban, Jordanie... qu'en Europe et puis s'est l'Europe qui paye , donc qui paye , commande !!! les européens veulent que les réfugiés restent au Liban

    Talaat Dominique

    18 h 50, le 04 avril 2017

  • L’UE est incapable d'avoir un seul avis, elle a plutôt 27 avis, donc pas d'avis, ce qui la rend politiquement inexistante. En résumé c'est un ensemble d’états qui font du commerce réglementer ensemble. Ils font semblant d’être uni pour crédibiliser leur business. L'UE est un géant économique mais un nain politique, il ne faut pas compter sur l'UE. Ils ont un budget d'aide pour avoir bonne conscience, profitez-en point-barre. Un conseil ne compter politiquement sur aucune nation ils ne feront que leur intérêt et au mieux du donnant donnant. Il est temps que Liban s'uni pour jouer ses propres intérêts avec des alliances gagnant gagnant. Où se trouvent les hommes d’État pour y arriver, pardon j’ai oublié l’Elite politique travail pour ses intérêts personnels.

    DAMMOUS Hanna

    10 h 44, le 04 avril 2017

  • Cette hypocrisie de l'UE, encore et toujours... "Pauvre Liban... il faut l'aider..."

    NAUFAL SORAYA

    07 h 45, le 04 avril 2017

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