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À La Une - Irak

A Mossoul, le périple incertain des civils fuyant les combats

"Il y avait des snipers (de l'EI) postés sur un entrepôt (...) et qui tiraient sur les gens".

 

Selon le gouvernement irakien 180.000 civils ont choisi de tout quitter pour fuir Mossoul-Ouest. REUTERS/Suhaib Salem

"Attention aux doigts!", hurle un homme en refermant les lourdes portes métalliques d'un camion militaire bondé de civils fuyant les combats à Mossoul-Ouest. Pour eux, c'est la fin d'un cauchemar et le début d'une longue errance.

Un ciel lourd, gris et menaçant, formé de nuages et de fumées, surplombe ce matin-là la grande métropole du nord de l'Irak, que les forces irakiennes tentent de reprendre au groupe Etat islamique (EI) depuis le 17 octobre.

Après en avoir conquis les quartiers orientaux en janvier, elles ont lancé le 19 février une opération pour déloger les jihadistes de sa partie ouest, qui, après plusieurs semaines d'affrontements et de bombardements, offre, à perte de vue, un spectacle de désolation. La guerre, les ruines, la mort: c'est ce que veulent oublier les quelque 180.000 civils qui, selon le gouvernement irakien, ont choisi de tout quitter pour fuir Mossoul-Ouest.

Un jeune enfant dans les bras, Yassir Ahmed, 35 ans, marche, le dos courbé par la fatigue, le long d'une avenue sécurisée par les forces d'élite du contre-terrorisme (CTS) et bordée de bâtiments pulvérisés par les combats. Les jihadistes, explique cet homme, vêtu d'un survêtement gris maculé de boue, "nous ont retenus pendant une quinzaine de jours, sans nous laisser sortir". Puis enfin, "hier soir, sous la pression des forces de sécurité, ils ont battu en retraite. Alors on s'est échappés, ce matin, vers 06H00".

Comme lui, ils sont des centaines à remonter l'avenue, à pied, malgré la pluie, tirant parfois des chariots métalliques chargés d'enfants ou de personnes âgées, tandis que résonne, au loin, le son macabre des tirs de mortiers.

Les visages sont las, creusés par le stress et la fatigue. Ils transportent avec eux dans des sacs en plastique ou des valises les quelques affaires qu'ils ont eu le temps d'emporter, quand ils ne marchent pas les mains vides. Car il fallait faire vite: rester à Mossoul-Ouest, c'était continuer à vivre sans nourriture, sans eau, et dans la crainte perpétuelle des jihadistes. "Il y avait des snipers (de l'EI) postés sur un entrepôt (...) et qui tiraient sur les gens", raconte, Adel Abdel Karim, 27 ans.

 

(Lire aussi : Au moins 400 000 personnes « piégées » dans la vieille ville de Mossoul)

 

'Pas de futur'
Après des heures de marche, les civils finissent par rejoindre une gare routière aux portes de la ville, où les attendent des camions de l'armée et des autocars.

Mais la situation frise le chaos: désespérés de quitter Mossoul, les déplacés se ruent sur les véhicules et jouent des coudes pour essayer d'avoir une place. Il y a des cris, des pleurs... les uns tentent de négocier, d'autres s'invectivent. Une femme en niqab noir tombe dans la boue après avoir vainement tenté de forcer le passage. "On s'occupe d'abord des femmes et des enfants. Mais on a du mal à gérer. Regardez: ils sont tellement nombreux!", explique à l'AFP, dépité, un membre des forces de sécurité irakiennes.

"Attention aux doigts!", lance un homme en fermant les portes du camion où sont entassées, serrées les unes contre les autres, des dizaines de personnes, et sur les visages desquelles on peut lire une expression de soulagement.

Elles rejoindront dans la journée un des nombreux camps de déplacés installés autour de Mossoul. Là, elles recevront des vivres, des couvertures ou encore une assistance pour les aider à surmonter le traumatisme et à envisager la suite: quand pourront-elles rentrer chez elles? Dans quel état de destruction retrouveront-elles leur logement?
"Là d'où on vient, il n'y avait ni eau ni nourriture, seulement des combats", dit tristement Bilal Abdel Jabbar, un homme de 43 ans à la barbe poivre et sel, sur le point, avec ses deux enfants adolescents, de grimper dans un camion.
"Et là où on va, il n'y a pas de futur".

 

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