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Économie - Journée de la femme

Comment renforcer la féminisation dans le monde du travail au Liban ?

Des quotas dans les conseils d'administration aux subventions pour les crèches, de nombreuses mesures pourraient renforcer la présence des femmes dans les entreprises.

Seules 24 % des Libanaises travaillaient en 2014, selon l’Organisation internationale du travail. Photo monkeybusinessimages/Bigstock

Les Libanaises font partie des femmes les plus mal loties au monde en matière d'emploi. Le rapport mondial sur la parité entre hommes et femmes publié par le Forum économique mondial en 2016 plaçait le pays du Cèdre au 135e rang sur 144 pays, loin derrière la Mauritanie ou la Guinée. Seules 24 % des Libanaises travaillaient en 2014, alors que la médiane se situe à 44 % dans le monde, selon les derniers chiffres de l'Organisation internationale du travail. Un phénomène qui perdure malgré le fait que les femmes soient plus éduquées que les hommes. Selon l'Unesco, 45 % des jeunes Libanaises étaient inscrites dans l'enseignement supérieur en 2014, contre seulement 39 % des garçons.

Pour les femmes, les discriminations débutent dès la phase de recrutement. « Elles font face à de nombreux stéréotypes : elles seraient moins dévouées à leur travail du fait de leurs tâches domestiques ou parce qu'elles auraient envie de quitter leur emploi dès qu'elles tomberont enceinte », explique Dima Jamali, professeure de gestion à l'école de commerce Olayan de l'Université américaine de Beyrouth. Conséquence : face à un candidat et une candidate aux qualifications égales, les entreprises préféreront recruter l'homme, selon toutes les spécialistes interrogées par L'Orient-Le Jour. Une fois embauchées, les Libanaises sont le plus souvent cantonnées à des emplois moins prestigieux et moins bien payés que leurs collègues masculins. Les données sont rares, mais la différence de paie entre Libanais et Libanaises atteindrait 16 % à compétences égales, d'après une étude de 2009 publiée dans la Revue internationale de recherche commerciale par Abdallah Dah, Bernard Ben Site et Mustafah Dah.

 

(Lire aussi : Rencontres avec elles)

 

Quotas
Ces problématiques touchent même des secteurs fortement féminisés comme les banques. « Quelque 47 % des employés de banque libanais sont des femmes, mais sur 67 banques, pas une seule n'a placé une femme à sa tête », souligne Nina Elhajj Srour, cadre supérieure au Crédit libanais, lors de la conférence sur le rôle de la femme dans le secteur bancaire organisée le 3 mars à Beyrouth par l'Union internationale des banquiers arabes. Selon un rapport de 2015 de l'Association des banques du Liban, le taux de féminisation des employés grimpe à 61,7 % pour les moins de 25 ans et tombe à 29,6 % pour les seniors. « Beaucoup de femmes quittent leur travail vers 40 ans. Elles savent qu'elles n'ont plus de chance d'être promues. C'est le fameux "plafond de verre" », ajoute Nina Elhajj Srour.

Pour Randa Bdeir, directrice générale adjointe à Bank Audi, « le gouvernement devrait imposer un minimum d'une ou deux femmes dans les conseils d'administration des entreprises ». Mais l'idée des quotas reste délicate. « C'est toute la culture de l'entreprise qui doit changer, sinon les quotas ne seront pas appliqués ou créeront du ressentiment. Les femmes ne seront pas considérées comme crédibles car elles auront obtenu leur poste avec "l'aide" des quotas », souligne Lina Abirafeh, directrice de l'institut des études sur les femmes dans le monde arabe à l'Université libano-américaine.

Au-delà des quotas, d'autres réformes législatives permettraient indirectement d'améliorer l'employabilité des femmes. « En 2014, notre gouvernement a allongé le congé maternité de 7 à 10 semaines, mais ça ne suffit pas », argumente Farah Choucair, chargée de projet à la cohésion sociale au bureau régional du PNUD pour les États arabes. Selon elle, « le Liban pourrait prendre exemple sur la Jordanie et subventionner le congé maternité à partir de cotisations payées par toutes les entreprises, afin que l'employeur n'ait pas peur d'embaucher une femme qui a envie d'avoir des enfants ».

L'absence de crèches subventionnées au Liban est un autre facteur qui plombe les perspectives de carrière des femmes. « Le gouvernement dit qu'il n'a pas les fonds pour ce type de subvention, alors qu'en permettant aux femmes de travailler davantage, elles créeraient plus de richesses pour le pays, tant au niveau des taxes qu'au niveau de la consommation des ménages », avance Farah Choucair. Associées à des campagnes de promotion du rôle du père au sein du foyer, ce type de mesures créeraient une infrastructure plus adaptée aux femmes actives, conclut-elle.

 

 

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EN DONNANT LEUR CHANCE AUX FEMMES...

LA LIBRE EXPRESSION

15 h 51, le 08 mars 2017

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    15 h 51, le 08 mars 2017

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