Mireille Aoun Hachem se définit donc comme une cartésienne. Photo DR
« Le jour où je cesserai de rêver, je voudrais que l'on m'enterre, car cela voudra dire que je suis morte. » Mireille Hachem, née Aoun, lance cette phrase le plus simplement du monde, peu soucieuse de surprendre ses interlocuteurs. Pourtant, des trois filles du président Michel Aoun, elle est connue pour être la plus rationnelle, celle qui ne croit qu'aux données réelles et aux chiffres.
D'ailleurs, dans le cadre de l'équipe rapprochée du président, elle a le titre de « conseiller spécial » (sur la base d'un contrat non rémunéré), chargée essentiellement de la planification administrative, de la stratégie organisationnelle et autres fonctions basées sur la raison, non sur les sentiments. « C'est vrai, dit-elle, que j'aime le concret et que j'ai les pieds sur terre. Mais j'ai aussi la tête dans les étoiles, et mon brin de fantaisie, je le laisse pour le domaine privé. Je suis ainsi libérale et pas du tout conservatrice, passionnée de la danse de salon dans ma vie privée, rigoureuse et professionnelle dans mon travail... Mais ce n'est pas notre propos, n'est-ce pas ? »
Car Mireille Aoun est pudique, comme son père, même si elle n'aime pas en parler. Son père est d'ailleurs omniprésent dans sa vie, comme dans celles de ses sœurs. À ses côtés, elles sont toutes les trois devenues des militantes, chacune à sa manière et dans un domaine particulier. Des trois, Mireille est donc celle qui a choisi la voie de l'action politique et publique. Elle précise toutefois qu'elle n'aurait pas pris cette décision si son mari Roy Hachem et ses enfants de 16 et 17 ans ne l'y avaient pas encouragée. Elle s'est présentée aux élections internes du CPL, comme n'importe quelle autre militante, alors qu'elle aurait pu décider de faire partie des membres nommés du conseil politique. « Il ne m'en a jamais parlé, dit-elle, mais je crois que mon père était content que je n'aie pas choisi la solution de facilité. » Mireille a donc fait campagne comme tous les candidats. Elle reconnaît que le fait d'être la fille « du général » a sans doute joué en sa faveur, mais « je ne pense pas, précise-t-elle, que ce seul élément justifie mon élection. J'ai fait le tour de toutes les régions et j'ai été à la rencontre de tous les militants. Je continuerai d'ailleurs à le faire ».
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Un rôle actif au sein du parti
En tant que membre du conseil politique du CPL (le bureau politique), elle assiste aux réunions hebdomadaires et elle a un rôle actif au sein du parti. Mais elle a aussi pris ses marques au palais de Baabda. À la fois présente et discrète, son seul souci est d'être efficace, tout en restant proche des gens. Le palais présidentiel, selon elle, n'est pas un îlot isolé. Il est au cœur du pays et c'est un peu le rôle des conseillers de donner au président le pouls du pays et des citoyens. C'est une lourde responsabilité, mais Mireille essaie de rester fidèle à elle-même et à son parcours, c'est-à-dire réaliste, efficace, honnête. Elle est consciente du fait qu'en tant que fille du président, elle doit en faire plus que les autres, soucieuse de montrer qu'elle n'occupe pas cette fonction à cause du lien de parenté. Elle sait d'ailleurs que ce soupçon l'accompagnera toute sa vie et elle a décidé de vivre avec, tout en cherchant constamment à se dépasser.
Mireille Aoun Hachem se définit donc comme une cartésienne et en tant que citoyenne, elle a remarqué que 60 % des ennuis des Libanais proviennent de l'absence d'organisation, de vision stratégique et de planification. La lourdeur bureaucratique est aussi un grand handicap. C'est pourquoi elle s'est fixé pour objectif de permettre à la relation entre l'État et les citoyens de se moderniser, en un mot, d'être au XXIe siècle. Elle s'est donc immédiatement mise au travail, avec un avantage, sa connaissance des lois et des mécanismes administratifs, ayant commencé à s'y intéresser en profondeur à partir de 2010. Elle précise d'ailleurs à ce sujet que deux de ses oncles maternels (les Chami) étaient dans l'administration libanaise et que c'est sans doute d'eux qu'elle tient cet amour de la chose publique.
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Rétablir la confiance
Elle s'emploie donc désormais à trouver des solutions sur les questions qui ont trait à la gestion du changement. Par exemple, la lutte contre la corruption a trois volets : la dilapidation des fonds publics, le délit d'initié et les abus de biens sociaux. À ses yeux, c'est ce troisième volet qu'il faut sanctionner, et être tolérant avec les deux autres qui se réduiront de facto à mesure qu'avancera la réforme de l'État. Comme elle cherche à dissocier les sentiments du travail, Mireille se fie uniquement aux données concrètes et dresse pour tout projet les critères de base, la stratégie et l'objectif, ce qui facilite, à ses yeux, la décision et le choix.
A-t-elle une grande influence sur les décisions du président ? « Sans doute oui sur les sujets dont j'ai la charge, en raison de la proximité, mais je ne suis pas la seule. En tout cas, c'est aussi une responsabilité, c'est pourquoi je me garde de donner un avis affectif, préférant en rester aux critères fixés. »
À la question de savoir comment c'est de travailler aux côtés de son père, Mireille répond que pendant les heures de travail, elle fait abstraction de la relation filiale. « Mais il faut dire qu'avec ce président, toute l'équipe du palais travaille avec enthousiasme, avec une grande motivation. C'est sans doute dû à sa personnalité. »
Au sujet de son père, le président, Mireille n'en dira pas plus. Elle préfère parler de sa conviction qu'il existe beaucoup de talents au Liban, mais qu'ils sont étouffés. « Ce que je voudrais, c'est leur permettre de s'exprimer et de s'épanouir », dit-elle, ajoutant que son expérience en Europe lui a montré que « les Libanais sont très créatifs et doués, mais le système ne leur permet pas de développer leur talent ». « Je voudrais que cela change, déclare-t-elle avec le calme qui la caractérise, car je crois en un Liban meilleur, pacifié, apaisé... Pour l'instant, nous vivons encore dans une période d'après-guerre, avec une société effritée où les gens et les partis n'ont pas confiance, ni les uns dans les autres ni chacun en lui. Il faut donc travailler à rétablir la confiance et à ressouder les liens sociaux. Ce n'est pas facile, mais ce n'est pas impossible... Compte-t-elle y travailler en présentant sa candidature aux législatives ? « Non, pas cette fois », dit-elle catégoriquement. Ce qui laisse les spéculations ouvertes...
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« Le jour où je cesserai de rêver, je voudrais que l'on m'enterre, car cela voudra dire que je suis morte. » Mireille Hachem, née Aoun, lance cette phrase le plus simplement du monde, peu soucieuse de surprendre ses interlocuteurs. Pourtant, des trois filles du président Michel Aoun, elle est connue pour être la plus rationnelle, celle qui ne croit qu'aux données réelles et aux...
commentaires (16)
"À la question de savoir comment c'est de travailler aux côtés du Caporal, Mireille répond : « Il faut dire qu'avec le bigaradier, toute l'équipe Orange travaille avec enthousiasme. C'est sans doute dû à sa personnalité. » !". En fait, ces chrétiens oranginés, tant qu'ils baratinent sur leur "ChangeMent et leur Réformisme" de pacotille, ne peuvent toujours pas se débarrasser de leurs souvenirs, yâââï, de 88-90 du siècle passé dépassé, comme l'a prouvé l'élection tarabiscotée du Caporal-bigaradier. Ils éprouvent le désir d'échapper aux dangers de la révolution syrienne d’à côté en retournant aux schlagues bääSSyriaNiques de 88-90 ; et l’élection du boSSfééér Aigri fut, comme de bien entendu, la réponse ! Avec, ils n'ont ainsi pas reçu seulement la caricature d’un vieux bigaradier, ils ont reçu le vieux bigaradier, lui-même sous un aspect caricatural : L’Aspect sous lequel il apparaît maintenant en ce XXI° siècle. Yâ wâïyléééh !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
18 h 55, le 08 mars 2017