La pression judiciaire s'est accrue jeudi sur François Fillon, le candidat de la droite, englué depuis trois semaines dans une affaire d'emplois fictifs présumés, tandis que la gauche peine toujours à se rassembler à deux mois de l'élection présidentielle. REUTERS/Stephane Mahe/File photo
La pression judiciaire s'est accrue jeudi sur François Fillon, le candidat de la droite, englué depuis trois semaines dans une affaire d'emplois fictifs présumés, tandis que l'extrême droite se consolide à deux mois de l'élection présidentielle. Pour sa part, la gauche peine toujours à se rassembler.
Malgré ses protestations d'innocence, l'affaire a déjà valu à François Fillon, ancien favori des sondages, de chuter dans les sondages. Au premier tour, il arrive désormais nettement derrière la candidate d'extrême droite Marine Le Pen - "plus forte que jamais", selon une enquête du quotidien Le Monde - et le centriste Emmanuel Macron.
Dans une allusion nette aux déboires du candidat de droite, le président socialiste François Hollande a appelé jeudi à "l'exemplarité" au "sommet de l'Etat". "Si, au sommet de l'Etat, il n'y a pas cette exemplarité, comment donner confiance, comment appeler à l'effort, comment donner des perspectives à notre pays?", a-t-il dit dans un discours à Rennes (ouest).
La justice française avait fait savoir plus tôt que "les investigations vont se poursuivre" après avoir reçu le rapport de police concernant "des faits susceptibles d'être requalifiés en détournements de fond publics, abus de biens sociaux et recels mettant en cause notamment monsieur et madame Fillon". "De nombreux éléments déjà recueillis ne permettent pas d'envisager, en l'état, un classement sans suite de la procédure", a indiqué la procureure Eliane Houlette, en charge du dossier, dans un communiqué.
L'enquête fait suite à des révélations de presse mettant en doute la réalité du travail fourni par Penelope Fillon comme assistante parlementaire de son mari puis du suppléant de ce dernier. Les emplois d'assistants parlementaires de deux enfants de la famille Fillon sont aussi passés au crible.
François Fillon a dénoncé un "acte de communication qui nourrit le feuilleton médiatique". "Il n'y a rien de nouveau, ni poursuite ni mise en examen", "cela n'entame en rien ma détermination" et "je m'en remets donc désormais au seul jugement du suffrage universel", a-t-il dit.
A l'approche de la présidentielle des 23 avril et 7 mai, le calendrier judiciaire pèse cependant comme une épée de Damoclès sur ses ambitions: le candidat conservateur, qui a fait de la probité un thème majeur de sa campagne, a promis de se retirer de la course s'il était inculpé - c'est-à-dire mis en cause formellement dans l'enquête dirigée par un juge.
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Sarkozy au secours
Pour tenter de regagner du terrain et de ressouder des troupes divisées, François Fillon a appelé à la rescousse mercredi l'ancien président Nicolas Sarkozy (2007-2012), battu lors de la primaire de novembre mais toujours très influent à droite.
Pour s'assurer de ce soutien de poids, il a repris à son compte une de ses propositions sécuritaires: l'abaissement de la majorité pénale à 16 ans, qui permettrait de juger systématiquement les délinquants mineurs comme des adultes.
Selon certaines sources, leur accord pourrait aussi avoir un volet secret: la promesse par François Fillon de nommer comme Premier ministre François Baroin, 51 ans, un proche de Nicolas Sarkozy, en cas de victoire au printemps.
En durcissant le ton de sa campagne, François Fillon tente aussi de séduire les électeurs tentés par Marine Le Pen. Celle-ci est non seulement largement en tête des intentions de votes, mais dispose aussi de l'électorat le plus déterminé, selon une grande enquête d'opinion publiée par Le Monde.
Le candidat socialiste Benoît Hamon, lui, a choisi d'attaquer jeudi sur le thème de la "transparence", notamment dans le financement de sa campagne. Celui qui a remporté la primaire élargie du Parti socialiste (PS) avec un programme très à gauche, voit sa popularité progresser dans l'opinion à la faveur d'une campagne de terrain atypique, à la rencontre de travailleurs de nuit ou dans des territoires ruraux.
Mais ses chances de franchir le seuil du premier tour restent grevées par la popularité croissante d'Emmanuel Macron et par la fragmentation de la gauche. Si le candidat écologiste Yannick Jadot n'exclut pas un rapprochement, le tribun de gauche radicale Jean-Luc Mélenchon rejette obstinément toute perspective de ralliement.
Malgré ses protestations d'innocence, l'affaire a déjà valu à François Fillon,...
commentaires (4)
Encore cette "histoire" de bastringue avec ce Fi(ll)on !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
20 h 54, le 16 février 2017