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Moyen Orient et Monde - France / Décryptage

Élysée 2017 : dans le club des 5, chacun est fort des faiblesses de l’autre

Le Pen, Macron, Fillon, Hamon, Mélenchon : aucun candidat ne réunit pour l'heure toutes les conditions nécessaires, sinon indispensables, pour l'emporter.

AFP/Lionel Bonaventure

Bien malin celui qui pourrait prédire aujourd'hui qui sera le prochain président français. Cinq candidats se détachent du reste du lot et chacun d'entre eux peut prétendre, avec plus ou moins de réalisme, à la victoire en mai prochain : Marine Le Pen, Emmanuel Macron, François Fillon, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon.

Malgré leurs nombreuses divergences politiques, les destins de ces candidats devraient être étroitement liés au cours de ces prochains mois pour au moins deux raisons : aucun d'entre eux n'est capable aujourd'hui de s'imposer naturellement au sein de son camp et de condamner ainsi les autres à être des candidats de seconde zone, et aucun d'entre eux ne réunit pour l'heure toutes les conditions nécessaires, sinon indispensables, pour l'emporter. C'est-à-dire, à la fois une dynamique positive, un programme identifiable, une mesure forte, un parti uni, une image de présidentiable, et une aptitude à réunir au-delà de son camp, au second tour, même si c'est dans la posture du moindre mal.

Parmi le club des cinq, Marine Le Pen a certainement le dossier le plus solide. Celui qui lui permet d'endosser le costume de favori... du premier tour. Elle distancerait, parfois assez largement, tous ses adversaires le 23 avril prochain, selon les derniers sondages. Alors qu'elle vient d'entamer sa campagne, la présidente du Front national est la seule à pouvoir s'appuyer sur un électorat solide, un programme identifiable, un parti (con)centré autour de sa personne et une dynamique favorable tant au niveau national – où son parti ne cesse de progresser à chaque élection – qu'international, où les populismes antisystème ont le vent en poupe.

Cela ne suffit pas toutefois à lui ouvrir complètement le chemin vers l'Élysée. La candidate du FN, dont le programme économique prônant la sortie de l'euro rebute une partie de son électorat potentiel, semble encore se heurter à un plafond de verre au deuxième tour. Le FN a déjà repoussé ce plafond plusieurs fois au cours de son histoire. Mais pour le faire au-delà des 50 %, Marine Le Pen devra profiter de trois conditions en mai prochain : un fort taux d'abstention, un adversaire faible et la captation d'une grande partie de l'électorat populaire.

Emmanuel Macron est sur un nuage. Entre l'élimination d'Alain Juppé à la primaire de la droite et du centre, le renoncement de François Hollande, la victoire de Benoît Hamon à la primaire de la gauche et la descente aux enfers de François Fillon après l'épisode du Penelopegate, les bonnes nouvelles se sont accumulées pour l'ancien ministre de l'Économie au cours de ces dernier mois. Le destin est pour l'instant de son côté. Entre le centre gauche et le centre droit, le candidat d'En Marche ! a devant lui un boulevard. Il parie sur le fait que la majorité de l'électorat se trouve là, alors que les primaires ont désigné des champions ayant fait le pari inverse. La trajectoire du candidat fascine autant qu'elle rebute.
Sa dynamique est très favorable, mais son assise reste fragile : elle repose davantage sur son image que sur son programme politique. Celui qui estime que le clivage droite/gauche est dépassé a décidé de rester dans le flou le plus longtemps possible. Il devrait dévoiler les grandes mesures de son programme dans une dizaine de jours. Avec un risque majeur : perdre une partie de son électorat qui pourrait le considérer comme trop à droite ou bien trop à gauche.

 

(Pour mémoire : Qui sont les principaux candidats à la présidentielle française)

 

La faiblesse supposée de ses adversaires.
La campagne de François Fillon ressemble à un parcours de montagne russe. Donné éliminé dès le premier tour pendant des mois par tous les sondages, l'ancien Premier ministre a totalement inversé la dynamique et a fini par remporter très largement la primaire de la droite et du centre, endossant ainsi le costume de favori pour la présidentielle. Mais le rêve a rapidement tourné au cauchemar après les révélations du Canard enchaîné sur les sommes qu'auraient perçues sa femme, Pénélope, en contrepartie de présumés emplois fictifs.

Complètement déboussolé et accumulant les erreurs dans un premier temps, le député de Paris a depuis repris les choses en main en adressant un message des plus clairs aux voix dissidentes au sein de son parti : ce sera moi et personne d'autre. À moins d'une mise en cause judiciaire, François Fillon devrait aller au bout de l'aventure. Mais malgré la légitimité que lui a conférée la primaire, il risque de tirer le Penelopegate comme un boulet tout au long de sa campagne. Avec un parti désuni et un programme peu susceptible de séduire l'électorat populaire, l'ancien « collaborateur » de Nicolas Sarkozy voit ses chances de victoire se réduire comme peau de chagrin. Sa raison d'y croire encore : la faiblesse supposée de ses adversaires.

Quant à Benoît Hamon, il a fait une remarquable campagne pendant la primaire de la gauche. Il a imposé ses thématiques, surtout l'idée du revenu universel, et a ringardisé les autres candidats. L'ancien frondeur est devenu le champion du Parti socialiste : c'est à la fois sa chance et son drame. L'ancien ministre de l'Éducation peut séduire la gauche de la gauche, déçue par le quinquennat Hollande et attirée par Jean-Luc Mélenchon. Mais il ne peut le faire qu'au prix de la division de son camp. S'il refuse d'assumer le bilan du quinquennat et de recentrer sa campagne, Benoît Hamon risque d'être boudé par les ténors du PS et de perdre une partie de son électorat au profit d'Emmanuel Macron. S'il accepte de le faire, il se fera dépasser à sa gauche par Jean-Luc Mélenchon. Pour être au deuxième tour, le député des Yvelines doit faire mieux que le candidat d'En Marche ! et que celui de la France Insoumise. En défendant une partie des thématiques du premier tout en apparaissant aussi progressiste que le second. Ce qui semble, pour le moins, difficile.

 

(Pour mémoire : France 2017 : la présidentielle de toutes les surprises)

 

L'antisystème
Jean-Luc Mélenchon y croit dur comme fer : l'ultralibéralisme connaît une crise profonde, l'électorat est en attente de rupture et il est le seul en mesure de pouvoir l'incarner. Excellent orateur, le fondateur du Parti de gauche fait pour l'heure une très bonne campagne. À son arc politique de 2012, il a ajouté deux flèches assez redoutables : l'écologisme et le souverainisme. Le député européen séduit chez les jeunes et chez les déçus du hollandisme. Il est l'homme politique qui a le plus d'abonnés sur sa chaîne YouTube et il est parmi les plus actifs sur les réseaux sociaux. Sa dynamique est favorable mais elle a été profondément perturbée par la victoire de M. Hamon, qui vient lorgner sur une partie de son électorat. S'il devance Benoît Hamon au soir du 23 avril prochain, il aura réussi sa campagne. Il aura accompli son rêve d'enterrer le PS. Mais cela pourrait ne pas suffire à lui ouvrir la voie vers l'Élysée. Pour être désigné comme le champion de la gauche, il devra devancer le candidat du PS, mais aussi celui d'En Marche !. C'est sa seule chance de passer le premier tour. Infime, mais bien réelle.

Les membres du club des cinq partagent finalement deux caractéristiques. Ils se présentent tous comme des candidats de rupture, si ce n'est de l'antisystème. Et surtout : ils sont tous forts de la faiblesse de leurs adversaires. C'est ce qui explique pourquoi cette présidentielle inédite, déjà riche en rebondissements, pourrait encore réserver bien des surprises.

 

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Bien malin celui qui pourrait prédire aujourd'hui qui sera le prochain président français. Cinq candidats se détachent du reste du lot et chacun d'entre eux peut prétendre, avec plus ou moins de réalisme, à la victoire en mai prochain : Marine Le Pen, Emmanuel Macron, François Fillon, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon.
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commentaires (6)

Un Maverick Français est né il s'appelle Emmanuel Macron . il échappe à l'archétype ordinaire de l'homme politique Français qui prolonge et nuance les tendances conventionnelles de son parti. Au clivage gauche droite il oppose celui du progressisme et du conservatisme. En Marche représente une alternative évidente aux déçus des deux autres camps ...En cavale Le premier fuit un passé aux coutumes devenues honteuses. Le second a choisit la fuite en avant pour se défaire des promesses utopistes de sa campagne électorale. Il est une chance pour la France. Dans ses meeting par sa force du verbe il entraîne son auditoire dans une sarabande d'idées ou l 'enthousiasme finit par gagner peu à peu les plus sceptiques. Ses détracteurs le disent présomptueux et arriviste... et pourtant , dans l'exercice du pouvoir, son modèle est aussi proche du stoïcisme de Marc Aurel qu'il n'est éloigné du cynisme de Nicolas Machiavel. Ils le disent trop jeune... Notre histoire de par l'avènement d' internet connais une accélération comparable à la découverte de l'écriture ou de l'imprimerie. Au cœur des stratégies d'innovation sa jeunesse est un atout; et lui permet bien plus aisément d'appréhender les enjeux d' un saut civilisationnel en devenir, qu'un homme politique ancré dans le passé. Plus qu'un homme nouveau il s'inscris dans le renouveau de l'homme.

ANDRE HALLAK

00 h 31, le 13 février 2017

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Commentaires (6)

  • Un Maverick Français est né il s'appelle Emmanuel Macron . il échappe à l'archétype ordinaire de l'homme politique Français qui prolonge et nuance les tendances conventionnelles de son parti. Au clivage gauche droite il oppose celui du progressisme et du conservatisme. En Marche représente une alternative évidente aux déçus des deux autres camps ...En cavale Le premier fuit un passé aux coutumes devenues honteuses. Le second a choisit la fuite en avant pour se défaire des promesses utopistes de sa campagne électorale. Il est une chance pour la France. Dans ses meeting par sa force du verbe il entraîne son auditoire dans une sarabande d'idées ou l 'enthousiasme finit par gagner peu à peu les plus sceptiques. Ses détracteurs le disent présomptueux et arriviste... et pourtant , dans l'exercice du pouvoir, son modèle est aussi proche du stoïcisme de Marc Aurel qu'il n'est éloigné du cynisme de Nicolas Machiavel. Ils le disent trop jeune... Notre histoire de par l'avènement d' internet connais une accélération comparable à la découverte de l'écriture ou de l'imprimerie. Au cœur des stratégies d'innovation sa jeunesse est un atout; et lui permet bien plus aisément d'appréhender les enjeux d' un saut civilisationnel en devenir, qu'un homme politique ancré dans le passé. Plus qu'un homme nouveau il s'inscris dans le renouveau de l'homme.

    ANDRE HALLAK

    00 h 31, le 13 février 2017

  • Dans tous les cas de figure, Marine Le Pen, l'héritière de Jean-Marie Le Pen, ne serait jamais élue présidente de la République française. Le peuple français n'accepterait jamais un dictateur à la tête de la France.

    Un Libanais

    16 h 12, le 11 février 2017

  • Dans tous les cas de figure, Marine Le Pen, l'héritière de Jean-Marie Le Pen, ne serait jamais élue présidente de la République française. Le peuple français n'accepterait jamais un dictateur à la tête de la France.

    Un Libanais

    16 h 02, le 11 février 2017

  • Exposé bien exposé, avec toutefois une petite omission non négligeable et qui fait la différence, le rôle des médias qui ont leur chouchou. On sait qui c'est, évidemment. Bravo pour MR Samrani d'avoir évité comme pour hyllarie, de pronostiquer un vainqueur .

    FRIK-A-FRAK

    15 h 46, le 11 février 2017

  • DES MOUSQUES-TERRE SUR DOS D,ANES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 22, le 11 février 2017

  • Un exposé clair et lucide des candidats les plus en vue même si seuls 3 d'entre eux peuvent réellement espérer accéder au graal.

    Marionet

    09 h 37, le 11 février 2017

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