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Liban - Loi électorale

Aoun menace d’user de ses « prérogatives » pour empêcher l’application de la loi de 1960

Frangié solidaire du PSP, qui fait face, selon lui, à « une guerre d'élimination ».

La délégation joumblattiste à Bnechaai. Photo Ani

Alors que les négociations politiques multipartites sur une nouvelle loi électorale se multiplient à plusieurs niveaux, d'autant qu'il ne reste plus que trois semaines avant la convocation des collèges électoraux prévue le 21 février courant, le président de la République, Michel Aoun, continue à inciter les forces politiques à aller de l'avant dans l'adoption d'un nouveau texte.

S'exprimant hier devant une délégation du « Forum des ambassadeurs du Liban », le chef de l'État a exhorté les parties concernées par les débats autour de la future loi électorale à « s'entendre sur une formule qui ne soit pas taillée à la mesure d'une partie, mais à même de garantir l'égalité, le respect des voix des électeurs, et la justice, de façon à ce que personne ne vole la représentation d'autrui ».

Michel Aoun a même été plus loin : « Si une solution n'est pas atteinte prochainement, j'userai de mes prérogatives constitutionnelles pour empêcher la violation de la Constitution », a-t-il déclaré, laissant ainsi entendre qu'il pourrait refuser de signer le décret de convocation des collèges électoraux. Il y a une semaine, lors de la séance gouvernementale tenue à Baabda le 25 janvier dernier, le chef de l'État avait déjà déclaré sans détour : « Entre la prorogation de la législature et le vide, je choisis le vide. »

 

(Lire aussi : Six élus au Parlement pour les six continents, réclame Bassil)

 

Garantir le pluralisme
C'est dans ce contexte que les formations politiques poursuivent leurs concertations en vue de conclure une entente élargie autour de la nouvelle législation électorale. La rencontre qui a eu lieu hier au Grand Sérail entre Nader Hariri, directeur du cabinet du Premier ministre, Saad Hariri, et une délégation des Kataëb s'inscrit dans ce cadre.

« Notre position est claire : nous sommes contre le texte de 1960 et contre la prorogation de la législature », a déclaré à l'agence al-Markaziya M. Hakim, ancien ministre Kataëb de l'Économie et du Commerce, qui a fait savoir que la réunion s'inscrivait dans le cadre de la tournée entamée par sa formation auprès de tous les protagonistes. « Nous voulons une loi électorale claire qui garantirait le pluralisme et permettrait à tout le monde d'accéder à la Chambre », a-t-il poursuivi. Selon l'ancien ministre, « il faut profiter du dynamisme que vit le pays actuellement pour résoudre ce problème qui envenime les relations entre les protagonistes ».

Notant que la réunion tenue mercredi à Meerab entre une délégation des Kataëb et une autre des Forces libanaises a contribué au retour à la normale des relations entre les deux formations, Alain Hakim a indiqué qu'une délégation du parti dirigé par le député Samy Gemayel se rendra samedi à Bnechii pour s'entretenir avec le chef des Marada, Sleiman Frangié.
Ce dernier a, pour sa part, reçu hier une délégation du bloc joumblattiste pour des discussions qui ont, naturellement, porté sur les contacts menés en vue de l'adoption d'une nouvelle formule électorale. Si certains estiment que les deux formations ont des appréhensions à caractère confessionnel, les partis de Sleiman Frangié et Walid Joumblatt se disent, eux, soucieux de la préservation de l'accord de Taëf et de son application à la lettre, « conformément au discours d'investiture de Michel Aoun ».

S'exprimant à l'issue de la rencontre qui s'est déroulée en présence de Tony Sleiman Frangié et Youssef Saadé, des députés Henri Hélou et Alaeddine Terro ainsi que de Taymour Joumblatt, fils du chef du Parti socialiste progressiste, et de Zafer Nasser, secrétaire général du PSP, l'ancien ministre Akram Chéhayeb a mis l'accent sur l'importance d'appliquer Taëf et de voter une loi nationale qui ne marginaliserait personne. « Si nous voulons une solution nationale, il faudrait revenir à l'accord de Taëf », a-t-indiqué, avant de poursuivre : « La formule composite est taillée à la mesure d'une partie bien déterminée, et la proportionnelle exige des conditions bien déterminées. » Akram Chéhayeb n'a toutefois pas manqué de souligner que sa formation est ouverte à toutes les propositions, « loin des compromis qui pourraient avantager une partie et éxclure une autre ».

 

(Lire aussi :  Le Hezbollah revient à la charge : la proportionnelle, une formule compatible avec la Constitution

 

« Guerre d'élimination »
De son côté, Sleiman Frangié a réitéré son soutien à une formule électorale « juste ». « Une législation logique ne peut nous exclure », a souligné le chef des Marada, avant de poursuivre : « Nous ne pouvons pas dire que nous sommes contre la loi de 1960. Nous voulons une loi qui garantirait les droits de tous, mais pas une proposition complexe comme celle qui été proposée récemment (allusion à la proposition composite présentée par Gebran Bassil et abandonnée lors de la réunion quadripartite tenue mardi au ministère des Affaires étrangères). » « Nous sommes aux côtés du PSP qui fait face à une guerre d'élimination, sous prétexte de recouvrer les droits des chrétiens », a encore dit le chef des Marada, dans une critique évidente de l'attitude du chef de l'État et du tandem CPL-FL.

Joint par L'OLJ, Alaeddine Terro affirme que sa formation n'a pas d'appréhensions. « Nous voulons la bonne représentation de tous, conformément à l'accord de Taëf », dit-il avant de poursuivre : « Le bloc joumblattiste n'est pas le seul à s'opposer à la formule composite. » Il en veut pour preuve le refus affiché par le tandem Amal-Hezbollah à cette proposition.

Les proches de la présidence restent, quant à eux, optimistes quant à la possibilité de voter une loi électorale dans les délais. Chez les Forces libanaises, on continue de considérer que le mode mixte est l'unique choix, d'autant que le temps manque. Dans les mêmes milieux, on rejette les accusations de marginalisation lancées contre le tandem CPL-FL : « Quel que soit le mode de scrutin, les deux partis l'emporteront. Ce qui nous importe le plus est la bonne représentation et le respect de l'accord de Taëf », a déclaré un responsable FL à L'OLJ.

 

 

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commentaires (2)

Esbroufe "Pure" ! Depuis Tâëf, il ne lui reste plus aucune efficace ou utile "prérogative"....

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

11 h 11, le 03 février 2017

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Commentaires (2)

  • Esbroufe "Pure" ! Depuis Tâëf, il ne lui reste plus aucune efficace ou utile "prérogative"....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 11, le 03 février 2017

  • Chez nous, pays qui se prétend démocratique, chaque parti, responsable politique et même religieux agit comme si lui seul existait ! Ils ramènent tout à eux...et tant pis pour le reste de la population...dont une partie vit dans une misère de plus en plus dure...mais eux n'en ont strictement rien à faire ! Ce sont toujours les mêmes personnes incapables et inutiles à leur patrie qui veulent dominer et diriger "les autres"... Dans d'autres pays la population se révolte et descend dans la rue pour moins que cela...chez nous...on se tait...! Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 49, le 03 février 2017

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