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Culture - Installation

L’art de sentir, de toucher et de communiquer

Quel est le rapport entre ces fourmis et ces savons qui s'exposent à la galerie Janine Rubeiz ? Une démarche artistique signée Christine Kettaneh et intitulée « Smell me, Touch me, Kiss me » qui invite à la réflexion sur les nouvelles pratiques de l'art.

Quel est le rapport entre ces fourmis et ces savons qui s’exposent à la galerie Janine Rubeiz ? Une démarche artistique signée Christine Kettaneh et intitulée « Smell me, Touch me, Kiss me » qui invite à la réflexion sur les nouvelles pratiques de l’art.

Elle est passée de la finance à l'art tout en faisant des allers-retours entre le Liban et Londres. Aujourd'hui, munie d'une double licence en économie et en beaux-arts de l'Université américaine de Beyrouth et un master des disciplines respectives en Angleterre et au Liban, Christine Kettaneh, lauréate également de l'Arte Laguna prize for sculpture and installation à Venise, s'est consacrée durant plus de trois mois à l'élaboration de ce nouveau projet qu'elle définit plus comme une étude artistique qu'un art traditionnel en soi.

C'est à partir de deux projets d'apparence très distincts l'un de l'autre, mais proches par la réflexion qu'ils proposent, qu'elle se penche sur ce nouveau vocabulaire. « J'ai toujours été encline à pratiquer l'art comme une performance, surtout concernant des histoires qui se déclinent en rituels. »

Découvrir de nouveaux alphabets
Se laver les mains avec du savon est en effet un rituel qu'on accomplit au quotidien sans y prêter une grande attention. En partant de l'historique du savon « Hayàt » qui signifie en arabe « vie », l'artiste a construit une pseudo-légende qui l'emmène sur les traces de ce « corps gras » quasi éphémère vu sa durée de vie très courte. « J'ai toujours été attirée par le savon qui fond, entre nos mains, mais qui est également source de vie puisqu'il suppose nettoyage et revitalisation », confie Christine Kettaneh. Sa démarche se poursuivra d'après une documentation qui se ramifiera petit à petit pour s'ouvrir vers d'autres interrogations et réponses. « J'avais déjà accroché la photo de la publicité concernant le savon Hayàt datant des années 50, dans le cadre de l'exposition « Bitasarrof » à la Bibliothèque nationale. Aujourd'hui, cette simple image s'est prolongée en vidéos, dessins et installations. »

 

(Pour mémoire : « Bi Tassarrof », ou l’art à la rescousse du livre...)

 

L'étude des fourmis et de leur composition est venue après. Curieuse de ces petits insectes depuis son jeune âge, Christine Kettaneh a eu l'idée d'en élaborer un approfondissement à la suite du décès de son père. « Il entretenait un jardin mais n'a pas eu le temps d'en sentir le premier fruit. » L'artiste imagine alors lui envoyer des lettres sucrées et de les déposer dans ce jardin. « Les fourmis seront les premières à répondre à ces missives douces », note-t-elle. En donnant un ballet quotidien, les formicidés vont dessiner, à leur manière, une composition artistique répondant, au passage, à la question de la communication.

« C'est un système émergent qui s'est construit et organisé à partir d'une simple réaction. Car n'allez pas croire, précise Kettaneh, que ces fourmis ont une reine qui leur dicte des ordres. Régi par le simple odorat et le baiser donné (d'où le titre de l'exposition ), cet ensemble fourmilier communique et crée un nouvel alphabet. » Et d'ajouter : « J'ai été à la fois étonnée et séduite par l'exploration de ce nouveau langage. » Ces pratiques seraient-elles une nouvelle forme d'art ? L'art pourrait-il être réfléchi et établi comme un théorème ou un problème arithmétique ?

Certes, l'aspect logique en terme de matière économique se heurte à l'aspect poétique et romantique de l'art, mais Christine Kettaneh n'essaye-t-elle pas d'allier les deux ? Et si l'art est considéré dans ce siècle comme un acte politique, sonder ces nouveaux vocabulaires et alphabets artistiques ne supposerait-il pas d'aller à la découverte d'un outil pour confronter ce politique, en termes de polis (ville) et de citoyen ?

* « Smell me, Touch me, Kiss me », de Christine Kettaneh, à la galerie Janine Rubeiz (Raouché). Ouverte du mardi au vendredi de 10h à 19h et les samedis de 10h à 18h. Tél : 01/868290.

 

 

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commentaires (1)

On pourra toujours faire des élucubrations de toutes sortes avec des installations pour s'amuser; mais de grâce ne touchez pas au mot ART: il n'est pas à la portée du premier venu!!

Skamangas Stelios

11 h 16, le 19 janvier 2017

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Commentaires (1)

  • On pourra toujours faire des élucubrations de toutes sortes avec des installations pour s'amuser; mais de grâce ne touchez pas au mot ART: il n'est pas à la portée du premier venu!!

    Skamangas Stelios

    11 h 16, le 19 janvier 2017

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