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Culture - Événement

Beirut Art Fair, le grand tour en cinq étapes

D'une part Lebanon Modern, qui célèbre le rôle important des artistes femmes libanaises entre 1945 et 1975. D'autre part, Revealing, qui met en lumière les œuvres de jeunes talents prometteurs du Liban et de la région. Portée par ces deux grands axes, la foire d'art de Beyrouth ouvre ses portes au public aujourd'hui.

Une photo signée Evangelia. Une des œuvres à découvrir dans le cadre de la VIIe édition du Beirut Art Fair (BAF) qui se tient jusqu’au 18 septembre. Photo Michel Sayegh

C'est hier qu'a été donné, en présence de quelques Happy Few dont pas mal de collectionneurs venus de l'étranger, le coup d'envoi de la VIIe édition du Beirut Art Fair (BAF) qui se tient jusqu'au 18 septembre dans le hall 2 du Biel*.

Soutenu par trois banques mécènes et bénéficiant, pour la première fois, des conseils d'un comité de collectionneurs libanais expérimentés, cet événement réunit sur 3600 m2 plus de 40 galeries en provenance d'une vingtaine de pays du Moyen-Orient, d'Afrique du Nord et d'Asie du Sud. Tout comme il se prolonge, hors les murs, à travers des œuvres présentées dans une quinzaine de places et boutiques du centre-ville dans le cadre de la Beirut Art Week.

Si elle occupe toujours le même espace que les éditions précédentes, il semblerait que la BAF ait resserré, cette année, son choix de galeries et se soit allégée de sa plate-forme dédiée au design (qui fera en 2017 l'objet d'une foire spécifique). Du coup, le parcours s'en trouve facilité avec des stands et des allées d'une belle ampleur mettant en valeur les pièces exposées. Celles-ci ne jouent pas vraiment la carte du spectaculaire ou celle de l'innovation mais offrent globalement une sélection de bon goût. Et pour tous les goûts. L'Orient-Le Jour a fait son choix. Et propose un parcours en cinq temps.

 

Des artistes femmes d'avant 1975 aux talents de demain
À commencer par Lebanon Modern. Cette exposition à but non lucratif est sans conteste le clou de cette foire. Elle a pour but de rendre hommage à treize artistes femmes qui, par leur talent, leur esprit avant-gardiste, voire leur audace, ont participé, entre 1945 et 1975, à façonner un art moderne libanais. Tirée de collections privées ainsi que (pour la toute première fois) de celle du ministère de la Culture, les peintures et sculptures exposées sont signées : Saloua Raouda Choucair, Helen Khal, Etel Adnan, Cici Sursock, Huguette Caland, Yvette Achkar, Laure Ghorayeb, Juliana Séraphim et Nadia Saikali... Mais aussi des moins connues mais non moins importantes : Bibi Zogbé (au style un peu art déco typique de l'esprit des années trente), Marie Haddad (« qui a été la première artiste du Moyen-Orient dans les années vingt à avoir été présentée dans une galerie parisienne et dont trois catalogues ont été écrits par le célèbre critique Louis Vauxcelles, inventeur du fauvisme », signale avec enthousiasme le directeur artistique de la foire, Pascal Odille, ou encore Blanche Lohéac Ammoun (post-impressionniste qui a exposé dès les années trente à Paris). À (re)découvrir assurément. Parce que la création d'hier nourrit celle de demain...

Passer ensuite à Revealing, pour découvrir et là aussi comparer et confronter cette nouvelle génération d'artistes de la région désignés par leurs galeristes respectifs comme les valeurs sûres en devenir. Cette plate-forme qui rassemble 27 galeries, présentant chacune le ou la jeune artiste dont elles jugent le talent très prometteur, déploie en effet un vaste panel d'œuvres intéressantes. Parmi lesquelles émergent les techniques et influences mixtes (miniature, sculpture antique, figures de la renaissance ou encore bleu Klein) de l'artiste pakistanais Wassem Ahmad (galerie Gowen Contemporary, Suisse) ; l'univers conceptuel de Christine Kettaneh, titulaire du prix Arte Laguna pour la sculpture et l'installation ainsi que du prix « spécial artiste en galerie » de la biennale de Venise en 2015 (galerie Janine Rubeiz) ; les installations-vidéos poétiques du Cubain Ernesto Rancano, poulain de la galerie libanaise South Border ou encore le néo-Arte Povera (acryliques et encres sur carton d'emballage) au discours sociopolitique désenchanté de l'Égyptien Ali Abdel Mohsen (Mashrabia Gallery), sans oublier un magnifique paysage crépusculaire signé Oussama Baalbaki (Agial).

 

(Lire aussi : Les âmes tatouées à fleur de peau de Lama Mattar)

 

De la photo chez Élie Saab
Troisième arrêt obligé : le magnifique stand d'Élie Saab. Le couturier au raffinement légendaire présente un très beau travail photographique signé Evangelia Kranioti. Cette artiste italienne qu'il a invitée en résidence à Beyrouth (dans le cadre d'un partenariat avec le Festival international de mode et photographie d'Hyères) y a réalisé une série d'images d'atmosphères explorant – et sublimant – la dualité de la capitale libanaise : entre passé et présent, lumière et obscurité, présence et absence, architecture et féminité, réalisme et fantastique...

 

Banksy à Beyrouth
Ne pas rater non plus la vingtaine de prints, sérigraphies et pochoirs originaux signés du célébrissime Banksy et présentés par la galerie suisse Bel Air Fine Art (grande habituée de cette foire). Numérotées et accompagnées des certificats de « peste contrôle » délivrés par la société éditrice du fameux artiste urbain, agitateur social, à l'identité cachée, ces pièces exceptionnelles sont issues du second marché. C'est-à-dire qu'elles ont été récupérées auprès de collectionneurs qui les avaient achetées il y a une quinzaine d'années sur Internet. Une première à Beyrouth !

Et terminer sur une note classique revisitée et tourbillonnante avec les peintures du Biélorusse Alexandr Nekrashevich, présenté en solo par la A&V Gallery. D'étonnantes compositions à l'huile sur châssis circulaires inspirées de scènes et de personnages tirés d'œuvres des grands maîtres de la peinture ancienne (à l'instar de Georges de La Tour ou de Bruegel...) et reproduits comme s'ils étaient vus à travers un kaléidoscope.

Voilà pour les cinq coups de cœur de L'OLJ. Mais les visiteurs peuvent aussi poursuivre le grand tour par un arrêt au stand de Zaaroura éditions où Fadi Mogabgab, galeriste amoureux de la gravure, fait des démonstrations sur place. Ils pourront aussi découvrir le travail pictural de Zad Moultaka, qui représentera le Liban à la prochaine biennale de Venise. Bonne visite !


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Les collectionneurs mettent la main à la pâte

Outre les œuvres de la section Lebanon Modern puisées dans les collections privées, les organisateurs du BAF (Laure d'Hauteville, Pascal Odille et Marine Bougaran) ont fait appel cette année à trois grands collectionneurs de la place libanaise, à savoir Basel Dalloul, Abraham Karabajakian et Tarek Nahas pour les aider dans la sélection des galeries.

 

*Horaires d'ouverture : de 15h30 à 21h30.

 

Pour mémoire
Beirut Art Fair, opus numéro 7

C'est hier qu'a été donné, en présence de quelques Happy Few dont pas mal de collectionneurs venus de l'étranger, le coup d'envoi de la VIIe édition du Beirut Art Fair (BAF) qui se tient jusqu'au 18 septembre dans le hall 2 du Biel*.
Soutenu par trois banques mécènes et bénéficiant, pour la première fois, des conseils d'un comité de collectionneurs libanais expérimentés, cet...

commentaires (1)

C'est parfaitement dégueulasse!!!

Beauchard Jacques

14 h 54, le 16 septembre 2016

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Commentaires (1)

  • C'est parfaitement dégueulasse!!!

    Beauchard Jacques

    14 h 54, le 16 septembre 2016

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