La deuxième ville de Syrie, Alep, était en passe lundi de tomber totalement aux mains du régime et de ses alliés après quatre semaines d'une offensive dévastatrice contre les rebelles.
De leur ancien bastion d'Alep-Est qu'ils contrôlaient depuis 2012, il ne reste plus aux insurgés que deux principaux quartiers, Soukkari et Al-Machad, en plus d'une poignée d'autres de moindre envergure, d'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). "Il y a un effondrement total des rebelles (...) la bataille d'Alep touche à sa fin", a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH. "Ce n'est plus qu'une question de temps".
Auparavant, un responsable militaire à Alep avait indiqué à l'AFP que l'opération aérienne et terrestre lancée le 15 novembre par les forces loyales au régime du président Bachar el-Assad contre les insurgés "entrait dans sa phase finale".
Alors que frappes aériennes et tirs d'artillerie se poursuivaient sur la dernière poche rebelle, dans le sud de la métropole ravagée, les civils continuaient de fuir par milliers, aggravant une situation humanitaire déjà catastrophique.
Pas d'abris
Dans le quartier d'Al-Machad, des témoins ont affirmé à l'AFP que de nombreux civils s'entassaient dans un même secteur faute d'abris. Certains déplacés ouvrent des échoppes pour y dormir. D'autres sont assis sur les trottoirs, des femmes et des enfants dorment dans la rue adossés à leurs valises. Les gens, dont beaucoup ont fui sans rien prendre avec eux, ne savent pas où aller. Ils ont faim et sont à la recherche de pain, selon ces témoins.
En perdant Alep, la rébellion va essuyer son pire revers depuis le début de la guerre en 2011 et sa chute va offrir au régime, qui avait perdu la main sur une bonne moitié de la métropole en juillet 2012, le contrôle des cinq plus grandes villes de Syrie.
Les insurgés d'Alep ont commencé à céder du terrain quand l'armée syrienne, soutenue par des combattants iraniens et du Hezbollah, a lancé le 15 novembre une offensive foudroyante accompagnée de violents bombardements. Lundi, ils ont perdu l'important quartier de Cheikh Saïd et celui de Salhine puis se sont retirés de six autres quartiers, notamment celui de Boustane al-Qasr, l'un des plus fortifiés, d'après l'OSDH.
(Lire aussi : Après la probable chute d'Alep, quel scénario pour la Syrie?)
130.000 déplacés
Plus de 10.000 civils supplémentaires ont fui les quartiers rebelles d'Alep ces dernières 24 heures pour rejoindre des secteurs sous contrôle gouvernemental, portant le chiffre de l'exode de la population civile à environ 130.000 depuis le début de l'offensive du régime, d'après l'OSDH.
L'agence de presse officielle syrienne Sana a, elle, indiqué que plus de 3.500 personnes avaient quitté lundi le secteur rebelle de la ville et qu'ils avaient été 8.000 à le faire la veille.
"Il y a de sérieuses inquiétudes pour les civils restés dans les quartiers tenus par la rébellion, qui seraient plusieurs milliers", a indiqué le directeur de l'OSDH, M. Abdel Rahmane.
Depuis la mi-novembre, l'offensive des forces prorégime à Alep a tué plus de 415 civils selon l'OSDH, tandis que 130 civils ont été tués par des tirs rebelles sur les quartiers contrôlés par le gouvernement.
Les efforts diplomatiques pour mettre fin au carnage dans l'ancienne capitale économique de Syrie, comme dans le reste du pays, n'ont jamais porté leurs fruits et les derniers pourparlers américano-russes, samedi à Genève, ont échoué.
La guerre qui ravage la Syrie depuis plus de cinq ans a fait plus de 300.000 morts et déplacé au moins la moitié de la population du pays. Déclenché par la répression sanglante de manifestations prodémocratie pacifiques, le conflit s'est transformé en une guerre complexe impliquant une multitude d'acteurs syriens et étrangers, ainsi que le groupe jihadiste Etat islamique (EI).
(Lire aussi : « Alep se meurt. Ceci est peut-être mon dernier message SOS »)
"Mensonge permanent"
L'EI a créé la surprise dimanche en reprenant pour la deuxième fois la ville antique de Palmyre (centre), classée au Patrimoine mondial de l'Humanité, neuf mois après en avoir été chassé par l'armée syrienne et son allié russe.
Quatre civils, dont deux enfants, y ont été tués par les jihadistes lors d'opérations de ratissage et huit combattants prorégime exécutés, a indiqué lundi l'OSDH.
Les jihadistes avançaient lundi au sud et à l'ouest de Palmyre et de violents combats les opposaient à l'armée syrienne près de la ville d'Al-Qaryataïne.
La Russie, qui intervient en Syrie au côté du président Bachar el-Assad depuis un an, a été accusée lundi par le ministre français des Affaires étrangères de mener "une forme de mensonge permanent" dans le conflit syrien.
"Les Russes qui prétendent lutter contre le terrorisme, se concentrent en fait sur Alep et ont laissé un espace à Daech (acronyme de l'EI en arabe, ndlr), qui est en train de reprendre Palmyre, tout un symbole!", a souligné Jean-Marc Ayrault.
Dans la province voisine de Hama, 34 civils, dont 11 enfants ont été tués lundi par des raids aériens dans un secteur contrôlé par le groupe jihadiste, selon l'OSDH, qui ne savait pas dans l'immédiat s'il s'agissait de frappes du régime ou de l'armée russe.
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commentaires (8)
IL NE S,AGIT POINT D,UNE VICTOIRE... MAIS D,UN HONTEUX MARCHANDAGE PRODUIT D,UNE PLUS HONTEUSE CONNIVENCE MEME SI ELLE VA MENER INDUBITABLEMENT AU CHANGEMENT DEMOCRATIQUE RECLAME PAR LA MASSE SYRIENNE...
LA LIBRE EXPRESSION
20 h 54, le 12 décembre 2016