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À La Une - Syrie

L'Onu dénonce des "crimes de guerre" à Alep

Kerry menace Moscou.

 

 

L'armée s'est emparée mardi d'un petit quartier rebelle dans la vieille ville d'Alep, Farafira, où se concentraient les combats le 28 septembre 2016. AFP / GEORGES OURFALIAN

Les États-Unis ont menacé mercredi de geler leur coopération avec Moscou sur la Syrie et le secrétaire général de l'Onu a qualifié de "crimes de guerre" les bombardements des deux principaux hôpitaux de la partie rebelle d'Alep. Pour les ONG et des habitants, ces attaques délibérées du régime syrien et de son allié russe visent à annihiler les infrastructures encore en service dans les secteurs assiégés qui manquent de tout.

Lors d'une nouvelle conversation téléphonique, le secrétaire d’État américain John Kerry a informé son homologue russe Sergueï Lavrov que "les États-Unis se préparaient à suspendre leur engagement bilatéral avec la Russie sur la Syrie" si Moscou ne mettait pas fin aux bombardements sur Alep. M. Kerry a notamment cité la mise sur pied d'un "centre conjoint" de coordination militaire prévu par un accord américano-russe signé à Genève le 9 septembre mais qui a volé en éclats dix jours plus tard.

C'est mercredi à l'aube que les deux plus grands hôpitaux ont été contraints de suspendre leurs activités après avoir été endommagés, l'un par un raid, l'autre par un tir d'artillerie, a annoncé la Syrian American Medical Society (SAMS), l'ONG basée aux États-Unis qui les gère. "Je suis à l'intérieur de l'hôpital. Tout le monde est terrifié et a peur qu'on soit les nouvelles victimes d'aujourd'hui", a confié Aref al-Aref, un membre du personnel médical, contacté depuis Beyrouth.
"Ceci est une guerre menée contre les travailleurs de santé en Syrie", a dénoncé Ban Ki-moon, en rappelant que le droit international obligeait à protéger le personnel et les installations médicales. "Les attaques délibérées contre les hôpitaux sont des crimes de guerre", a-t-il ajouté.

 

(Lire aussi : Mohammad, infirmier à Alep : « Les enfants ne savent pas qui est Assad ou ce qu'est la rébellion »)

 

'Piégés'
Pour Diana Semaan, d'Amnesty International, de telles frappes visent à contraindre les 250.000 habitants des secteurs rebelles à fuir vers les zones gouvernementales. "Le seul objectif de ces attaques contre les hôpitaux est d'accroître les souffrances des civils, détruire les infrastructures pour contraindre les civils à partir vers des régions où les infrastructures existent", a-t-elle expliqué à l'AFP.

La violence des frappes est telle que le pape François a lancé "un appel à la conscience des responsables des bombardements, qui devront rendre compte devant Dieu". Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a annoncé que son pays avait proposé à l'Onu une résolution pour un cessez-le-feu à Alep et a menacé ceux qui ne la voteraient pas de "prendre le risque de porter la responsabilité de complicité de crimes de guerre".

Dans l'un des hôpitaux touchés, trois employés ont été blessés, dont le chauffeur d'une ambulance, une infirmière et un comptable, d'après Adham Sahloul, de SAMS. Dans l'autre hôpital, un générateur a été complètement détruit.
Qualifiant les attaques de "délibérées", M. Sahloul a précisé qu'il "ne restait plus que six hôpitaux en activité" dans les quartiers est d'Alep. Et "s'il y a une nouvelle offensive, cela signera l'arrêt de mort pour des centaines de personnes".

"Les gens blessés et malades qui se trouvent dans un état grave doivent être évacués d'Alep-Est", a plaidé Médecins sans frontières. "Pour le moment, ils sont piégés et peuvent mourir". Plus de 165 personnes, en très grandes majorité des civils, ont été tuées depuis jeudi dans le secteur rebelle d'Alep, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

En annonçant son offensive, l'armée syrienne avait appelé les habitants d'Alep-est à partir vers les zones gouvernementales. Mais la majorité des habitants en zone rebelles craignent d'être arrêtés s'ils passent à Alep-ouest.

 

(Lire aussi : Moscou fait-il à Alep en 2016 ce qu’il a commis à Grozny en 1999 ?)

 

'Pas plus d'un mois'
"Nous ne savons pas ce qui nous attend les prochains jours. Je crains que nous restions assiégés et que le régime avance encore vers les quartiers résidentiels. Ils nous tuera tous avec des balles, pas avec les bombardements. Il n'y a pas moyen de fuir. Tous les quartiers sont visés", a confié à l'AFP Mohammad al-Rifaï, 37 ans, résidant du quartier al-Chaar où il loue des voitures.

L'armée s'est emparée mardi de Farafira, un petit quartier rebelle dans la vieille ville d'Alep, où se concentrent les combats. Au moins six civils ont été par ailleurs tués dans un bombardement d'artillerie du régime près d'une boulangerie dans la partie rebelle d'Alep, selon l'OSDH et des secouristes. D'après le correspondant de l'AFP, le quartier de Maadi est particulièrement touché par l'armée qui frappe depuis la citadelle historique dans la vieille ville.

Raed Saleh, le chef des Casques blancs syriens (la Défense civile en territoire rebelle, ndlr), a averti qu'Alep-Est ne tiendra "pas plus d'un mois" en raison de la destruction des services publics. "Il n'y aura plus d'eau, plus d'électricité, plus de carburant et les hôpitaux ne pourront plus continuer à fonctionner", a-t-il dit.
Dans la partie gouvernementale, à Aziziya, deux civils ont été tuées et 10 autres ont été blessés par des roquettes tirées par les rebelles, selon une source hospitalière.

 

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