La conseillère du président syrien Bachar el-Assad a affirmé dimanche que la frappe de la coalition internationale la veille contre l'armée syrienne était "délibérée" mais a souligné que son pays restait engagé par le cessez-le-feu. "Nous pensons que le raid était délibéré car aucun fait sur le terrain ne montre que ce qui s'est passé était une erreur ou un accident", a déclaré à l'AFP Bouthaina Chaabane, jointe par téléphone à Damas.
Les frappes de la coalition antijihadiste conduite par les Etats-Unis contre une position de l'armée à Deir Ezzor, dans l'est du pays, ont fait samedi au moins 90 morts, selon un nouveau bilan établi dimanche par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Tout était prémédité. Daech (acronyme arabe du groupe jihadiste Etat Islamique EI) était au courant et quand il a avancé, les raids se sont arrêtés", a-t-elle assuré.
L'EI a profité du raid meurtrier de la coalition pour avancer sur le mont Thourda, une colline stratégique qui domine l'aéroport militaire tenu par le régime. Si l'EI en prenait le contrôle, son artillerie mettrait en danger les avions qui décollent de l'aéroport.
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Interrogée par l'AFP sur le fait qu'elle croyait ou non à une complicité entre les Etats-Unis et l'EI, la conseillère a répondu "même la Russie est arrivée à la conclusion terrifiante qu'il existe une collusion".
"Depuis le début de l'intervention américaine, nous répétons qu'elle n'est pas dirigée contre Daech. Ils ne frappent pas Daech (...) Il n'y a que les forces russes qui le frappent", insiste Mme Chaabane.
Le raid meurtrier a fragilisé la trêve initiée par les Etats-Unis et la Russie et entrée en vigueur lundi dernier.
"Nous sommes engagés par la trêve qui continuera jusqu'à son expiration. Peut-être qu'ensuite elle sera prolongée, peut-être qu'il y aura un autre accord. La situation politique est très mouvante", a assuré la conseillère du président syrien. "Ce qui est inquiétant, ce sont les conséquences (du raid) sur l'accord russo-américain", a-t-elle ajouté. "Je crois que certains éléments aux Etats-Unis ne veulent pas de cet accord."
Frappes contre Alep
Sur le terrain, quatre frappes aériennes ont visé dimanche les quartiers rebelles de la ville d'Alep, pour la première fois depuis l'entrée en vigueur lundi d'une trêve initiée par Moscou et Washington, selon l'OSDH. L'ONG a précisé que plusieurs personnes ont été blessées sans pouvoir immédiatement donner d'autres détails ni identifier les auteurs des bombardements.
C'est dans la ville septentrionale d'Alep, ancienne capitale économique de la Syrie, que se trouve le principal front d'une guerre qui a fait plus de 300.000 morts depuis 2011.
L'accord russo-américain instaurant la trêve prévoyait également l'acheminement d'aide humanitaire dans les zones rebelles de la ville où vivent selon l'ONU quelque 250.000 habitants, assiégés par le régime Assad.
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Alep est divisée entre des quartiers ouest tenus par le régime et des quartiers est contrôlés par ses opposants. Mais, faute de garanties de sécurité suffisantes, des camions de l'ONU remplis de vivres et de médicaments sont bloqués depuis des jours dans une zone tampon entre les frontières turque et syrienne.
La chef jihadiste du Front Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra avant l'annonce de sa rupture avec el-Qaëda), Abou Mohammad al-Jolani, a affirmé samedi soir "que ni son organisation, ni les rebelles n'accepteront que le siège d'Alep continue".
Dans un entretien à la chaîne de télévision qatarie al-Jazeera, il a souligné que "l'unification des rebelles est une nécessité" et que "les négociations continuent" dans ce but.
L'accord de trêve prévoit que Washington oeuvre auprès des insurgés pour qu'ils prennent leurs distances avec les groupes jihadistes.
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La question principale est où se situe la vraie connivence ? pour ceux qui en connaissent le sens . La réponse est , entre les us les coalisés et les bactéries de daech qui décapitent des occidentaux , évidemment ...
13 h 47, le 18 septembre 2016