Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Bahram Ghasemi, s’exprimant au cours d’une conférence de presse le 22 août 2016...
Les déclarations contradictoires des officiels iraniens dans les jours qui ont suivi la communication du ministère russe de la Défense, confirmant l'utilisation de la base aérienne de Nojeh dans le cadre des opérations menées en Syrie, ont été propices à toutes les rumeurs et les supputations dans la presse. La polémique médiatique a été comme un nouvel indicateur de la fragilité de la coopération entre Russes et Iraniens sur le dossier syrien. Or ces contradictions sont d'abord le reflet de l'importance des clivages internes dans les prises de décision stratégique de l'Iran.
Dans les faits, la configuration n'est pas nouvelle, mais la fin de la coopération discrète et l'officialisation par le ministère russe de la Défense des raids aériens menés depuis cette base iranienne s'est avérée problématique.
Au lendemain de l'annonce faite par les Russes, assumée par le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale d'Iran, Ali Chamkhani, qui rappelle le caractère stratégique de la coopération irano-russe en matière de lutte contre le terrorisme, le président du Parlement iranien, Ali Larijani, engage le débat le 17 août sur le terrain du respect des dispositions constitutionnelles et dément l'allégation selon laquelle l'Iran pourrait offrir une base militaire permanente à la Russie.
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Lundi, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bahram Ghasemi, annonce à son tour la fin « pour le moment » de l'utilisation par Moscou de la base de Nojeh pour les besoins de l'offensive aérienne en Syrie. À nouveau mardi, Ali Larijani, dans son discours au Parlement, critique vivement Ghasemi et déclare que la Russie continue à utiliser la base pour se ravitailler en carburant. Ces déclarations contradictoires reflètent le débat politique interne qui divise les différents courants rivalisant dans la surenchère nationaliste. Le régime iranien n'ayant jamais constitué un bloc monolithique, les contradictions internes sont prises en compte dans l'élaboration des grandes orientations stratégiques.
Que le nationalisme ombrageux, cultivé par la classe politique iranienne dans l'esprit de l'héritage révolutionnaire, s'exacerbe dans un contexte où l'Iran avale les couleuvres russes n'a donc rien de surprenant. Le vecteur syrien de la politique régionale iranienne reste d'une importance cruciale, et dans cette phase où Téhéran s'inquiète des risques que fait courir la montée du nationalisme kurde en Syrie, les contradictions que renferme la coopération s'extériorisent bruyamment.
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Le contentieux kurde
La méfiance, qui s'exprime au sein de certains courants en Iran, est principalement liée à l'attitude problématique de la Russie envers les Kurdes qui revendiquent de plus en plus radicalement leur autonomie, bien que, dès le départ, la coopération stratégique entre l'Iran et la Russie a été traversée par des contradictions. Si l'intervention de Moscou en Syrie, en septembre 2015, a été à la fois souhaitée et encouragée par l'Iran, elle s'est faite au détriment de ce dernier. En cherchant à conforter leurs intérêts propres, les Russes ont dans les faits limité l'influence de l'Iran. Cette situation a accentué les divisions sans jamais remettre en cause les grandes lignes stratégiques.
Pourtant la question kurde souligne l'antagonisme profond qui persiste entre les deux acteurs. Alors que l'Iran est en confrontation avec les Kurdes, elle voit d'un mauvais œil l'attitude ambiguë de la Russie, notamment depuis que le Parti pour une vie libre au Kurdistan (PJAK), branche iranienne du PKK, a repris ses opérations. En juin dernier déjà, des membres de cette organisation ont été tués au cours d'affrontements avec les forces de l'armée iranienne à Sardasht (Nord-Ouest).
Le 10 juillet, un député iranien, Hechmatollah Falahatpiche, et un préfet avaient été blessés et leur chauffeur tué lors d'une attaque des éléments du PJAK dans la province de Kermanshah, à la frontière avec l'Irak. Or, il existe bien une unité organisationnelle entre le PJAK et le PKK, et certains responsables du PJAK combattent en Syrie aux côtés des Unités de protection du peuple, milices du PYD, branche syrienne du PKK. La montée en puissance du PKK signifie également celle du PJAK en Iran. Le fait que Moscou affiche sa complaisance à l'égard de ces organisations et qu'il se soit dernièrement illustré comme l'artisan du cessez-le feu à Hassaké entre les Kurdes et le régime renforce, à la fois, les inquiétudes de Téhéran et la convergence turco-iranienne comme l'ont démontré les derniers développements dans le nord de la Syrie.
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Dans les faits, la configuration n'est pas nouvelle, mais la fin de la coopération discrète et l'officialisation par le ministère russe de la Défense des raids aériens menés depuis cette base iranienne s'est avérée problématique.
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On comprend bien à travers cette analyse que les rapports Russie Iran sont des rapports d'état d'égal à égal sans vassalisation d'un côté comme d'un autre et que les politiques iraniennes ne sont pas monolithiques comme le dit Mme Kennouche. Très loin des rapports de l'autre bloc où les bensaouds ne sont là que pour appliquer une politique machée par le patron qui donne la becquetee a sa progeniture incapable de penser et d'agir par elle même. Pour finir par dire que les 3 grands qui décident en toute liberté l'orientation de leur politique sont les us la Russie et l'Iran. Tous les autres ont besoin de feu vert pour agir, les turcs compris. Concernant l'usurpation nous diront qu'ils agissent par influence sur les us et la bensaoudie.
15 h 31, le 26 août 2016