L'ouverture aux bombardiers russes d'une base aérienne iranienne pour frapper les positions jihadistes en Syrie est apparue comme un signal fort du renforcement de la coopération militaire et stratégique entre les deux pays.
Si la coordination militaire s'était renforcée au cours des derniers mois sur le terrain, le déploiement de l'aviation russe sur un aérodrome en Iran consacre une évolution stratégique majeure dans le nouveau contexte opérationnel, marqué par la phase décisive de la bataille d'Alep et le durcissement de la confrontation entre les principaux acteurs régionaux impliqués dans le conflit.
Les raids massifs contre les positions de l'EI et du Front Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra) ne changent pas substantiellement la donne sur le terrain, dans la mesure où toute évolution significative du rapport de forces reste conditionnée par une offensive terrestre sur Raqqa qui abrite l'un des principaux états-majors de l'EI, après la reprise de la ville d'al-Bab et de Deir ez-Zor. Néanmoins l'avantage tactique procuré par la mise à disposition de cette base aérienne aura certainement une plus grande implication sur les batailles en cours.
En franchissant un nouveau seuil dans la coordination opérationnelle, Russes et Iraniens ont envoyé un message fort à toutes les parties qui soutiennent les groupes armés. Malgré les contradictions persistantes entre les deux acteurs, que cristallisent les enjeux géo-énergétiques, la coopération entre la Russie et Israël et l'approche russe sur la question kurde, Moscou et Téhéran partagent une même vision des grandes priorités stratégiques sur le dossier syrien.
(Lire aussi : Les premiers enseignements de la bataille d'Alep)
Depuis quelques mois, la coopération militaire et technique n'a cessé de s'approfondir. La visite en Russie en février 2016 du ministre iranien de la Défense, Hossein Dehghan, avait donné une impulsion à la coopération militaire. Ni l'implication profonde de la Russie en Syrie, qui renforçait son influence croissante sur l'appareil militaire de l'État syrien au détriment de l'Iran, ni la divergence d'intérêts économiques et la concurrence pour le contrôle des réserves d'hydrocarbures n'ont compromis la coopération stratégique. En atteste la décision iranienne d'accueillir sur ses bases les bombardiers russes.
Par ailleurs, alors que le début de rapprochement russo-turc et la rencontre à Moscou le 10 août dernier entre le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan ont été sujets à spéculations sur le jeu de bascule de Moscou, ce dernier développement montre que la relation russo-iranienne est marquée par des constantes. Le retour à la normale des relations économiques, la relance du projet du gazoduc « TurcStream » et les infléchissements possibles dans la position turque sur le dossier syrien pouvaient laisser penser qu'une contrepartie serait négociée sur le volet du soutien inconditionnel de Moscou à Téhéran.
Or, quelle que soit l'ampleur des contradictions qui opposent les deux acteurs sur le terrain en Syrie, les priorités stratégiques restent les mêmes. La coopération russo-iranienne ne constitue pas une simple orientation de politique étrangère, qui pourrait être compromise par la concurrence que se livre les deux pays, mais une coopération qui se renforce continuellement dans une nouvelle phase de reconfiguration des rapports de forces globaux. Avec la levée des sanctions américaines contre l'Iran et le grand redéploiement stratégique russe, les synergies géopolitiques entre Moscou, Téhéran et Pékin face à l'Otan restent la pièce maîtresse d'une nouvelle redistribution des cartes.
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commentaires (5)
UNE HYPER ERREUR HITLERIENNE ET STRATEGIQUEMENT AYATOLLAHIENNE... QUI COUTERA TRES CHER AUX RUSSES DONT LES PIEDS D,ARGILE ECONOMIQUE FLECHIRONT ET EMPORTERONT TOUT AVEC...
LA LIBRE EXPRESSION
09 h 52, le 18 août 2016