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À La Une - purge

Putsch raté en Turquie : offensive contre les médias

Erdogan rencontre les chefs de l'opposition pour évoquer les conséquences du coup d'Etat manqué.

De nouveaux coups de filet ont été annoncés lundi en Turquie, notamment contre les journalistes. REUTERS/Kenan Gurbuz

Une quarantaine de journalistes ont été les nouvelles victimes lundi des purges tous azimuts lancées en Turquie par le président Erdogan, qui recevait les chefs de l'opposition pour évoquer les conséquences du coup d'Etat manqué du 15 juillet.

La justice turque a émis des mandats d'arrêt visant 42 journalistes, quelques heures après le placement en garde à vue de 40 militaires à Istanbul, derniers épisodes d'une vaste purge enclenchée après le coup d'Etat manqué du 15 juillet. Sur les 42 journalistes, cinq ont été déjà arrêtés et 11 auraient quitté le pays, a assuré l'agence Dogan.

Parmi les journalistes visés par un mandat d'arrêt lundi figure Nazli Ilicak, figure de premier plan du monde des médias en Turquie, limogée du quotidien progouvernemental Sabah en 2013 pour avoir critiqué des ministres impliqués dans un scandale de corruption, a rapporté l'agence de presse Anadolu. La police la recherchait dans la station balnéaire de Bodrum (ouest).

Samedi, le président Recep Tayyip Erdogan avait prévenu dans un entretien à France 24 que si "les médias soutiennent le coup d'Etat, qu'il s'agisse de médias audiovisuels ou autres, ils en paieront le prix".
Le 19 juillet, le régulateur turc des médias audiovisuels avait retiré leur licence à de nombreuses chaînes de télévision et de radio soupçonnées de soutenir le réseau de Fethullah Gülen, le prédicateur exilé aux Etats-Unis accusé d'avoir ourdi le putsch.

Par ailleurs, lors d'une nouvelle descente de police lundi, 40 suspects de l'académie militaire d'Istanbul ont été arrêtés, a annoncé l'agence progovernementale Anadolu. Et 31 universitaires, dont des professeurs, ont été placés en garde à vue à l'issue de coups de filet dans des milieux supposés gulenistes d'Istanbul, a indiqué de son côté l'agence privée Dogan.

 

Rare geste d'unité
Depuis le putsch raté, plus de 13.000 personnes ont été mises en garde à vue et 5.800 en détention en Turquie alors que Ankara a lancé une chasse aux sorcières contre les sympathisants du prédicateur exilé aux Etats-Unis Fethullah Gülen. Près de 50.000 fonctionnaires ont été suspendus ou limogés.

La Turquie, où l'état d'urgence a été instauré jeudi pour la première fois en 15 ans, a porté de quatre à 30 jours la durée des gardes à vue et a dissous plus de 2.000 institutions. Dans ce coup de balai inédit depuis l'arrivée au pouvoir de M. Erdogan en 2003, ont été fermés plus de 1.000 établissements d'enseignement, 15 universités, plus de 1.200 associations ou fondations et 19 syndicats.

Lundi, le chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu, a en outre affirmé dans une interview à la chaîne de télévision Habertürk que certains ambassadeurs turcs vont être relevés de leurs fonctions en raison de leurs liens avec le putsch manqué.

Parallèlement, et dans un rare geste d'unité, M. Erdogan a eu un entretien de près de trois heures lundi avec le dirigeant du parti CHP, Kemal Kiliçdaroglu. Ce dernier, qui avait juré qu'il ne mettrait jamais les pieds au palais présidentiel, en est ressorti en se déclarant satisfait de cet "entretien positif (pour la) normalisation", sur la télévision NTV. M. Erdogan avait aussi invité le chef du Parti de l'action nationaliste (MHP, droite), Devlet Bahceli. Mais celui du HDP prokurde, Selahattin Demirtas, régulièrement qualifié de "terroriste" par le président, n'avait pas été convié.

(Lire aussi : Pour Fethullah Gülen, la Turquie n'est plus une démocratie)

 

Torture et viols
La purge en cours suscite l'inquiétude des pays occidentaux, mais aussi de nombreux Turcs.
L'ONG Amnesty International a affirmé dimanche avoir réuni des "preuves crédibles" attestant de torture, et même de viols, de personnes détenues en Turquie après la tentative de coup raté qui a fait 270 morts.

Dimanche, le CHP, la principale formation d'opposition, avait organisé, avec le soutien de l'AKP au pouvoir, un gigantesque rassemblement sur la place Taksim à Istanbul pour dire son opposition au putsch. Lors de ce rassemblement, qui s'est déroulé sans incident, le chef du CHP, Kemal Kiliçdaroglu, a toutefois exhorté le gouvernement à se conformer à l'état de droit et à "punir au plus vite" ceux qui auraient lynché des soldats dans la nuit du coup.

Le chef d'Etat major Hulusi Akar, qui avait été retenu en otage par les putschistes lors de cette dramatique nuit du 15 au 16 juillet, a assuré aux procureurs dans un communiqué lundi que les conjurés lui avaient proposé de parler directement avec Gülen s'il se ralliait à eux. "Je leur au dit +vous faites fausse route+. J'ai dit + ne faites pas cela, ne versez pas le sang+", explique Le général Akar.
Ce à quoi le chef rebelle Mehmet Disli aurait répondu: "C'est le chemin que nous avons pris. C'est sans retour".

 

 

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Une quarantaine de journalistes ont été les nouvelles victimes lundi des purges tous azimuts lancées en Turquie par le président Erdogan, qui recevait les chefs de l'opposition pour évoquer les conséquences du coup d'Etat manqué du 15 juillet.
La justice turque a émis des mandats d'arrêt visant 42 journalistes, quelques heures après le placement en garde à vue de 40 militaires à...
commentaires (2)

C'est pas parce qu'on sort indemne d'un coup d'état raté , qu'on va rater son propre coup d'état ...hahahahaha, il n'y a pas longtemps on applaudissait cet enfant gâté de l'occident ... D'autres vont suivre , et on leur jettera la pierre ... hurler avec les loups ...

FRIK-A-FRAK

14 h 31, le 25 juillet 2016

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Commentaires (2)

  • C'est pas parce qu'on sort indemne d'un coup d'état raté , qu'on va rater son propre coup d'état ...hahahahaha, il n'y a pas longtemps on applaudissait cet enfant gâté de l'occident ... D'autres vont suivre , et on leur jettera la pierre ... hurler avec les loups ...

    FRIK-A-FRAK

    14 h 31, le 25 juillet 2016

  • LE NOMBRE ET LE GENRE DES PURGES CONFIRMENT UN PUTSH ORGANISE POUR SE DEFAIRE DE TOUTE OPPOSITION QUI ENTRAVERAIT LES REVES SULTANIQUES... OCCIDENTAUX ET RUSSES, REVEILLEZ-VOUS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 54, le 25 juillet 2016

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