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Nos Lecteurs ont la Parole - Emmanuel RAMIA

Réflexions autour de Qaa

Au crépuscule de cette attaque lâche et vile que Daech a perpétrée à Qaa, ce village chrétien qui résiste depuis des années à l'élancée jihadiste, nous sommes en droit de nous poser quelques questions, et pas des moindres, sur le destin de ce village et de ses habitants, et par extension sur celui de tout le Liban et de ses citoyens toutes confessions confondues. Comment devrions-nous réagir à cette situation catastrophique qui plonge le pays dans des abysses inimaginables, faisant émerger à nouveau le spectre de la guerre civile?
Certains s'alarment dans la presse de voir des villageoises et villageois de cette bourgade meurtrie exhiber fièrement leurs armes. En tête de file Michel Hajji Georgiou, faisant un parallèle, par trop rapide, entre ces pauvres habitants et une milice organisée et belliqueuse qui se permet d'aller jusqu'au Yémen pour défendre ses propres intérêts. On parle d'un risque de hezbollahisation du Liban, d'une frénésie d'autodestruction, d'un mimétisme de la violence, et que sais-je encore !
Bien sûr, cette rhétorique paraît implacable puisqu'elle s'appuie sur un principe juste et simple, celui de la concentration de toutes les armes d'un pays au sein de son institution militaire, seule garante de la paix civile et d'un fonctionnement sain de l'État. Elle s'appuie également sur l'expérience de la guerre civile, témoignant de l'effroyable simplicité des circonstances menant vers l'embrasement général et l'éclatement de la nation. C'est cela qui est utilisé, à juste titre, contre la milice chiite qui fait la pluie et le beau temps dans notre pays.
Or, ce qui est valable pour le Hezbollah ne l'est malheureusement plus pour les habitants, quoi qu'en disent nos idéologues, pour la raison que voici : la légitime défense. La légitime défense, dont le code pénal français (ayant très largement inspiré le nôtre) écrit qu'il faut remplir cumulativement trois conditions pour pouvoir légalement l'enclencher – la nécessité, la simultanéité et la proportionnalité à l'agression –, entre, dans le cas des habitants de Qaa, pleinement dans sa définition. De ces trois critères, c'est sans aucun doute la nécessité qui est la plus discutable. Méditons dessus plus profondément par conséquent en pensant à ceci : à l'aube, l'un des kamikazes a cogné à la porte d'une maison pour se faire exploser. À moins que l'armée puisse envoyer des sentinelles devant chaque demeure du village, il apparaît évident qu'une arme à feu détenue par l'habitant était la seule solution possible pour préserver sa vie et celles de ses proches. Quant à la simultanéité et la proportionnalité, il s'agit plus de critères «garde-fous» pour éviter d'éventuelles bavures.
Cela étant dit, c'est justement ces garde-fous qui devraient avoir tout notre attention. Pour ce, la justice se doit d'être, aujourd'hui plus que jamais, irréprochable, puisque la haine et le désir de vengeance qui sont présents dans le cœur des villageois, et par extension dans celui de tout Libanais, peuvent mener à des actions incontrôlées, injustifiées et criminelles. Les réfugiés ne doivent en aucun cas payer les frais des actions d'une minorité d'entre eux. Ce sont des humains, qui pour la plupart, ne l'oublions pas, ont fui un pays ravagé par les mêmes terroristes que nous combattons. Que l'armée aille faire des perquisitions éventuelles au sein de ces camps de l'infortune est la moindre des choses. Ne soyons pas dupes, c'est bien le laxisme de l'état qui durant la fin des années 60 a permis aux Palestiniens d'avoir pignon sur rue, armes à la main, entraînant tout le pays dans un tourbillon de violence.
Tel est le défi existentiel de notre pays : armer le citoyen pour qu'il préserve sa vie, tout en le forçant à rester humain et civilisé.

Emmanuel RAMIA

Au crépuscule de cette attaque lâche et vile que Daech a perpétrée à Qaa, ce village chrétien qui résiste depuis des années à l'élancée jihadiste, nous sommes en droit de nous poser quelques questions, et pas des moindres, sur le destin de ce village et de ses habitants, et par extension sur celui de tout le Liban et de ses citoyens toutes confessions confondues. Comment...
commentaires (3)

AVEC CETTE HISTOIRE DE KAMIKAZES... TARES... QUI SE FONT EXPLOSER DANS DES ENDROITS PRATIQUEMENT VIDES ... IL Y A ANGUILLE SOUS ROCHE !!!

LA LIBRE EXPRESSION

21 h 46, le 07 juillet 2016

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • AVEC CETTE HISTOIRE DE KAMIKAZES... TARES... QUI SE FONT EXPLOSER DANS DES ENDROITS PRATIQUEMENT VIDES ... IL Y A ANGUILLE SOUS ROCHE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 46, le 07 juillet 2016

  • Qaa devrait apprendre à se défendre sans faire confiance à ces hypocrites autour d'eux. D'autres l'ont fait et ont réussi à se débarrasser d envahisseurs barbares après 20 ans d'occupation.

    FRIK-A-FRAK

    16 h 09, le 07 juillet 2016

  • Le hezbollahisation du Liban a commencé le 8 février 2006, lorsque Michel Aoun a signé le "document d'entente" avec Hassan Nasrallah à l'église de Mar-Mikhaël à Chiyah. La guerre 39-45 avait commencé le 30 septembre 1938, lorsque Edouard Daladier et Néville Chamberlain avaient livrer la Tchécoslovaquie à Hitler.

    Un Libanais

    16 h 18, le 06 juillet 2016

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