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Culture - Rencontre

Jack Lang : « Soyez curieux, déployez grandes vos antennes, il y a au Liban une énergie fabuleuse »

« Je fais confiance au hasard et à l'amitié », affirme le président de l'Institut du monde arabe, Jack Lang. À Beyrouth, à l'occasion de la fête de la Musique, mais aussi en prospection pour un éventuel grand projet consacré à l'art libanais, le très médiatique ex-ministre français de la Culture a confié à « L'OLJ » quelques-unes de ses recettes de vie.

Jack Lang : « Je voudrais contribuer à faire aimer les cultures arabes. » Photo Michel Sayegh

C'est en ami du Liban que Jack Lang a répondu à l'invitation du ministre du Tourisme, Michel Pharaon, à venir passer quelques jours à Beyrouth. L'occasion pour le président de l'Institut du monde arabe, ex-ministre de la Culture et instigateur de la célébrissime « fête de la Musique », de parrainer le lancement de la 16e édition de cet événement au pays du Cèdre (35e dans l'Hexagone). Mais aussi de « lancer, par ma présence ici, un message de sécurisation vis-à-vis des Français désireux de venir au Liban », dit-il.

C'est le deuxième séjour de Jack Lang au Liban cette année. En avril dernier, il y avait accompagné de manière officielle le président François Hollande. Cette fois, il vient rencontrer de manière plus informelle les principaux artistes et acteurs culturels de ce pays qu'il connaît, en fait, depuis les années 60. « Et dont j'avais gardé le souvenir d'un dynamisme intense s'exprimant aussi par des embouteillages aux klaxons pétaradants », se souvient-il. « Je suis venu, la première fois, à l'invitation des frères Basbous, pour jouer à Rachana "Les Sept contre Thèbes" d'Eschyle. Une pièce que j'avais montée alors que j'étais étudiant à la faculté de droit de l'Université de Nancy, où je venais de créer une troupe de théâtre estudiantine. Et comme j'étais déjà mégalomane, je m'étais réservé le rôle du roi Créon », confie-t-il sur le mode de l'autodérision. Avant de signaler qu'il a aussi fondé le Festival mondial de théâtre universitaire de Nancy où se sont produites des pointures de l'avant-garde, comme Roland Grunberg ou Bob Wilson...

Du parcours de Jack Lang, on connaît la suite : Sciences Po à Paris, un début de carrière comme professeur de droit, avant d'être nommé directeur du théâtre du Palais de Chaillot, puis ministre de la Culture sous la présidence de François Mitterrand, de l'Éducation aussi... Mais également maire de Blois, député du Parti socialiste, et, depuis 2013, président de l'Institut du monde arabe à Paris.

 

(Pour mémoire : Jack Lang à « L'OLJ » : Le Liban a l'intelligence de la modération)

 

« L'amour de la vie... »
Après toutes ces fonctions occupées, qu'est-ce qui fait encore courir Jack Lang ? « L'amour de la vie, répond-il spontanément. L'amour des gens, la passion de faire, de construire, de dépasser les limites, de repousser les frontières... Tout me passionne, tout m'intéresse. Je suis curieux de tempérament, c'est pour cela que je vais encore plus vers les choses que je ne connais pas. J'aime apprendre, j'aime découvrir. Je suis un éternel étudiant. »

Découvrir et faire découvrir les artistes en provenance du Liban aussi ?
« Les créateurs, les écrivains, les cinéastes et les intellectuels libanais sont toujours très présents à l'IMA », assure le président de l'institution parisienne. « En ce moment, nous présentons l'univers de la designer Karen Chekerdjian. C'est un triomphe d'affluence et un succès médiatique aussi. Nous avons projeté le mois dernier le film (de Hady Zaccak) sur Kamal Joumblatt, en présence de Walid et de Nora Joumblatt. Au mois d'octobre, juste avant la Fiac, nous aurons l'inauguration de la première grande exposition en France dédiée à Etel Adnan (réalisée avec la collaboration de l'Office du tourisme du Liban à Paris).

Par ailleurs, outre la présentation régulière d'artistes et d'intellectuels libanais, nous menons de grands projets à l'IMA, dans lesquels ces derniers sont largement inclus. À l'instar de la Biennale de la photographie – que j'ai instaurée il y a un an et qui sera rééditée l'année prochaine avec un commissaire libanais aux côtés du commissaire français –, de l'événement "Monde arabe et Afrique" qui se tiendra au printemps prochain (mais là le Liban est plus impliqué dans le domaine économique et financier) ou encore de "Chrétiens d'Orient", une ambitieuse exposition prévue pour l'automne 2017, qui se déploiera sur 2 000 m2 en incluant la participation d'un très large panel de spécialistes, d'écrivains, d'historiens, de muséographes... Enfin, parce que le Liban est l'un des pays les plus créatifs du monde arabe, nous projetons de consacrer un grand événement à la "Création contemporaine libanaise" en 2018. L'idée serait que les artistes invités viennent à la fois du Liban et de la diaspora, afin de mettre en lumière l'influence culturelle de "la Phénicie contemporaine". Et d'ouvrir, par ce biais, l'IMA à d'autres continents, comme l'Amérique latine. »

 

(Pour mémoire : Noura-Paris décidé à poursuivre la bataille judiciaire contre l'Ima et Jack Lang)

 

La création libanaise à l'honneur... peut-être
En vue de préparer cet événement consacré aux créateurs libanais, toutes disciplines confondues, Jack Lang a fait confiance à ses amis pour lui organiser les rencontres avec les divers intervenants de la scène artistique libanaise ainsi que des mécènes potentiels. « Car, d'après mon expérience, le hasard et l'amitié sont souvent des atouts », glisse-t-il. « Au cours de ces deux jours à Beyrouth, j'ai rencontré beaucoup de monde par l'entremise de Karen Chekerdjian, du ministre du Tourisme libanais, Monsieur Pharaon, qui est un ami, ainsi que de son directeur à Paris, Serge Akl. Tous deux ont une conception très intelligente, moderne et ouverte de ce qu'on appelle "tourisme". Une conception qui englobe la culture, les arts, la vie... Si l'on veut parler du Liban à l'extérieur, il faut parler de tout cela, de tout ce qui fait l'incroyable vitalité libanaise », dit-il.

 

Conseil de spécialiste
Justement, en grand spécialiste de la culture sous toutes ses formes, quel conseil Jack Lang donnerait-il aux acteurs de la scène culturelle libanaise ?
« Si j'ai un conseil et un seul à donner, c'est aux responsables de ce pays qu'il s'adresserait. Qu'ils soient accessibles aux artistes, aux créateurs, aux concepteurs de projets... Qu'ils prennent conscience que l'art et la culture, ce n'est pas une question marginale, mais au contraire un domaine qui donne sens à la vie, qui est un levier du développement économique, de la confiance et de la paix aussi. Et il mérite non pas une attention épisodique mais un engagement de chaque instant. Soyez curieux, déployez grandes vos antennes pour capter les choses qui bougent ici ou là. Il y a au Liban une énergie fabuleuse, des gens très doués, des projets qui ne demandent qu'à s'épanouir... »

Jack Lang a certainement apposé une empreinte forte sur la culture française, en la modernisant (grâce, notamment, à la très populaire fête de la Musique), en contribuant à lancer ses nouvelles icônes (à l'instar de Jean-Paul Gauthier, de Jean-Michel Wilmotte ou de Philippe Stark...). Quelle empreinte souhaiterait-il laisser de sa présidence de l'IMA ?
« Celle d'avoir contribué à faire aimer la ou les cultures arabes. Malheureusement, les événements en donnent à travers les médias une image caricaturale. Que ce soit la violence syrienne ou celle de Daech, ces événements existent, mais si je réussis à montrer que le monde arabe est synonyme aussi de richesse intellectuelle et de créativité, j'aurai participé à abolir les barrières, les préjugés, les ignorances... Une lutte qui est au cœur de mes convictions », conclut-il.

 

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commentaires (5)

Quand on est dans la merde comment jouir du parfum des fleurs

Raminagrobis

19 h 42, le 21 juin 2016

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Commentaires (5)

  • Quand on est dans la merde comment jouir du parfum des fleurs

    Raminagrobis

    19 h 42, le 21 juin 2016

  • IL A CERTAINEMENT MANGE LES FABULEUX MEZES LIBANAIS ARROSES AVEC DE L,ARAK NATIONAL... LA DIVAGATION VIENT APRES...........

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 07, le 21 juin 2016

  • A classer dans la rubrique des carnets roses. Quel bel homme!

    FRIK-A-FRAK

    11 h 31, le 21 juin 2016

  • ET UN ABRUTISSEMENT GENERAL PLUS FABULEUX !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 09, le 21 juin 2016

  • Toute la gauchocratie française frivole ...débarque sur l'OLJ , Lang hier et re Lang et aujourd'hui aussi la fiancée de Normal 1er , nous sommes en overdose de ces gens là , les français aussi d'ailleurs ..

    M.V.

    07 h 31, le 21 juin 2016

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