L'actualité politique continue d'être dominée par les bouleversements sociaux et politiques révélés par les élections municipales et les commentaires au vitriol qu'en a fait, la semaine dernière, le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk.
Réuni sous la présidence de Fouad Siniora, le bloc parlementaire du Futur a consacré plus de la moitié de son communiqué final à chanter les louanges de l'Arabie saoudite et le bien qu'elle a toujours fait au Liban et aux Libanais. Une façon de réparer l'effet sur l'opinion de l'entretien de M. Machnouk, qui a indirectement dénoncé l'ingérence de ce pays dans la politique libanaise. Pas une phrase pourtant sur M. Machnouk.
Sur le fond, il faudra donc attendre le ou les discours que prononcera Saad Hariri, au cours des prochains iftars, pour en savoir plus sur la solidité et surtout la constance de ses alliances péninsulaires.
Parallèlement à des pressions souterraines en faveur de l'élection de Michel Aoun, dont certains lisent les signes dans le revirement de Walid Joumblatt et le coup de clairon sonné lundi par la Ligue maronite, à partir de Rabieh, des milieux diplomatiques se font les avocats de la voie du « compromis », rapportent nos chroniqueurs. Cette option s'appuie, ou veut s'appuyer, elle aussi, sur les résultats des municipales, qui ont révélé au grand jour le ras-le-bol d'une frange non négligeable de l'opinion, contre tout ce qui est establishment politique, tandems, usurpateurs de majorités, langue de bois et hâbleurs politiques.
Si c'est le vent du compromis qui souffle, la chance devrait sourire à nouveau aux candidats de cette mouvance, ceux qui ne s'inscrivent ni dans le 14 ni dans le 8 Mars, comme les Jean Kahwagi, les Riad Salamé, les Ziyad Baroud et les Jean Obeid.
(Pour mémoire : À quel jeu joue donc Nouhad Machnouk ?)
Les prochains jours diront d'où souffle le vent. Entre-temps, les commissions parlementaires conjointes ont continué à meubler le vide, hier, en discutaillant de la loi électorale. Le jugement le plus significatif, à ce sujet, a été prononcé par Robert Ghanem : « Ce n'est pas nous qui décidons, mais les leaders. Nous ne faisons qu'exécuter », a-t-il affirmé. Il n'y a rien donc à espérer de ce côté, dans l'attente de l'oracle de la conférence nationale du dialogue, si jamais il arrive.
C'est sur le plan militaire que les développements les plus intéressants semblent se produire. L'aide américaine qui se poursuit confirme la volonté de la communauté internationale d'empêcher que le verrou libanais saute et que les jihadistes trempent leurs ceintures d'explosifs dans l'eau de la Méditerranée. En ce sens, la côte libanaise est le prolongement stratégique de la côte syrienne et est rendue la plus hermétique possible.
Par ailleurs, l'armée continue à enregistrer des points dans sa lutte contre les cellules dormantes de Daech et d'al-Nosra au Liban, et notamment hier avec le démontage d'une cache soudée dans le plancher d'un van qui se rendait de Ersal vers le Jurd, dont deux têtes hirsutes ont émergé. De toute évidence, le démantèlement de cellules terroristes ou l'arrestation quotidienne de jihadistes, avec l'aide des services de contre-espionnage étrangers, est le signe que l'institution militaire tourne rond, malgré le manque d'équipement dont elle souffre, notamment pour observer les préparatifs et les rassemblements armés derrière les lignes ennemies. Un manque que l'arrivée de deux drones américains, hier, cherche visiblement à combler.
C'est dans ce climat que se réunit, demain, le Conseil des ministres, pour débattre à nouveau de certains sujets épineux en suspens, comme le barrage de Janné – des sujets que, de toute évidence, il ne parvient pas à régler à cause de la règle de l'unanimité qu'il s'est imposée, en l'absence d'un président.
Lire aussi
Résidences corsées, l’éditorial de Issa Goraieb
Machnouk franchit une ligne rouge... et ouvre une nouvelle voie, le décryptage de Scarlett Haddad
Bientôt, une série de solutions politiques ?, l’éclairage de Philippe Abi-Akl
Réuni sous la présidence de Fouad Siniora, le bloc parlementaire du Futur a consacré plus de la moitié de son communiqué final à...
commentaires (9)
"L'Oracle" ? L'oracle Bancale, oui !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
19 h 52, le 08 juin 2016