Les visiteurs du Sérail révèlent que les autorités saoudiennes n'ont pas encore fixé de rendez-vous au Premier ministre Tammam Salam, dans le cadre de la tournée qu'il compte entreprendre dans les pays du Golfe. Il faut préciser qu'après la décision de placer le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes, le Conseil de coopération du Golfe espère qu'elle sera reprise par le sommet islamique qui doit se tenir à Istanbul puis par le sommet extraordinaire qui doit se tenir à Djakarta. De même, les pays du Golfe espèrent qu'une décision similaire sera adoptée par le sommet arabe qui doit se tenir en Mauritanie entre le 5 et le 7 avril, sauf report de dernière minute.
Cette atmosphère provoque une véritable confusion dans les milieux politiques libanais, au point que le leader druze Walid Joumblatt a proposé aux Arabes et aux États islamiques de faire une distinction entre l'aile armée du Hezbollah et l'aile politique, à l'instar de l'Union européenne. En effet, il est difficile de considérer un parti représenté au Parlement et au gouvernement comme une organisation terroriste. C'est pourquoi le Liban cherche à stopper l'escalade dans les mesures des pays du Golfe, tout en essayant de trouver des solutions. Il met ainsi à contribution ses amitiés dans le monde. D'autant que le communiqué publié par le gouvernement n'a pas réussi à calmer la colère des Saoudiens qui exigent de véritables excuses, alors que plusieurs parties libanaises s'y opposent.
Aujourd'hui, on peut dire que le Liban officiel n'est pas dans une situation enviable. Au point qu'un ancien responsable a suggéré de laisser le siège du Liban vacant dans les prochaines réunions de la Ligue arabe ou de l'OCI pour éviter d'avoir à voter et pour préserver l'unité interne. Certaines parties estiment que si le Liban avait réellement adopté la politique de dissociation prônée par l'ancien président Michel Sleiman en 2013, la situation politique n'en serait pas arrivée là. En dépit des propos apaisants et rassurants du secrétaire général du Hezbollah dans son dernier discours, plusieurs parties libanaises craignent des dérapages sécuritaires et l'effondrement de la paix civile dans la tourmente qui règne actuellement dans la région. Cela est d'autant plus inquiétant que le Hezbollah ne compte pas mettre un bémol à sa campagne contre l'Arabie saoudite, sans même tenir compte des intérêts du Liban et des Libanais. Pire encore, le parti chiite place désormais les pays du Golfe dans le même panier qu'Israël...
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Les visiteurs du Sérail révèlent aussi que, depuis leur refus du communiqué du gouvernement, les autorités saoudiennes n'ont pas formulé d'exigences à l'égard du Liban. Il est ainsi question d'excuses officielles, mais rien de cela n'a été confirmé. Par contre, les amis du Liban sollicités pour intervenir auprès de Riyad affirment que le royaume wahhabite soutient la stabilité du Liban. Ces amis ajoutent toutefois que les autorités saoudiennes ont été surprises par la relaxe de l'ancien ministre Michel Samaha en dépit de ses aveux clairs et filmés. Elles se demandent si le Hezbollah et ses alliés sont si puissants au Liban qu'il leur est possible d'imposer la remise en liberté d'un homme pris en flagrant délit de transport d'explosifs et qui reconnaît vouloir les utiliser pour attenter à des lieux publics et même religieux... Malgré cela, les Saoudiens veulent continuer à aider le Liban, mais ils considèrent qu'il faut à tout prix dissocier le pays des événements dans la région afin de le protéger.
Selon les visiteurs du Sérail, les accusations portées contre l'Arabie de vouloir déstabiliser le Liban sont injustes et injustifiées. Comment pourrait-il être question de chercher à calmer la scène syrienne et en même temps vouloir ouvrir un nouveau front au Liban ? C'est totalement illogique. Mais il faut par contre, selon les mêmes visiteurs, chercher à mettre un terme à la discorde entre les sunnites et les chiites, et maintenir le dialogue entre les composantes libanaises à n'importe quel prix. Dans ce cadre, les milieux proches de Aïn el-Tiné affirment que le président de la Chambre, Nabih Berry, est prêt à jouer un rôle rassembleur. Ses contacts avec le chef du courant du Futur, Saad Hariri, vont dans ce sens, et, à eux deux, ils pourraient bien trouver un moyen d'accélérer le processus d'élection d'un président, qui irait de pair avec la mise en œuvre de la solution qui se prépare pour la Syrie. Dans ce contexte, les milieux proches de M. Berry considèrent que la séance du 2 mars a constitué un tournant dans le processus de l'élection présidentielle, qui pourrait être désormais à portée de main...
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commentaires (12)
Il sera très difficile dans le cotexte actuel,de rétablir des relations normales entre le Liban et l'Arabie Saoudite. La France peut jouer un rôle de médiation positif mais est-ce que la volonté y est véritablement ?
Tony BASSILA
15 h 11, le 06 mars 2016