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Économie - Commerce

Entre Riyad et Téhéran, le cœur des entrepreneurs libanais refuse de balancer

Pris dans l'étau des tensions politiques croissantes entre l'Arabie saoudite et l'Iran, les industriels et banquiers libanais attendent la fin de l'orage pour développer leurs affaires au gré des opportunités.

Si la République islamique dirigée par Hassan Rohani (à gauche) est l’un des marchés les plus convoités depuis la levée des sanctions, la monarchie wahhabite du roi Salmane reste le meilleur client du Liban. Photo archives AFP

Les répercussions des tensions entre l'Arabie saoudite et l'Iran sur le Liban ont franchi un nouveau palier cette semaine avec la décision prise mercredi par le Conseil de coopération des pays du Golfe (CCG) de classer le Hezbollah comme organisation terroriste. Une mesure qui accentue la menace qui pèse sur les intérêts économiques du pays du Cèdre et de sa diaspora, plongé un peu plus dans cette crise depuis que le royaume wahhabite a suspendu son aide à l'armée libanaise le 19 février.

Si ce n'est pas la première fois que le Liban doit jongler avec les retombées des tensions régionales sur son économie, la crise actuelle place les hommes d'affaires devant un dilemme cornélien : faut-il choisir entre son meilleur client et l'un des marchés les plus convoités de ces dernières décennies. « Ces deux marchés ont des profils radicalement différents et n'ont pas du tout la même importance actuellement pour le Liban », prévient d'emblée le président de l'Association des industriels libanais, Fadi Gemayel.

« Relation quasi exclusive »
« L'Arabie saoudite accueille depuis des décennies plusieurs centaines de milliers d'expatriés libanais qui ont envoyé environ 2,8 milliards de dollars de transferts financiers au Liban en 2015 », avance le secrétaire général de l'Union des banques arabes (UBA), Wissam Fattouh.
Côté commercial, le royaume wahhabite absorbe à lui tout seul plus de 12 % des exportations libanaises, soit un peu moins de la moitié du total à destination des pays du Golfe. En 2015, l'Arabie saoudite a importé pour plus de 356 millions de dollars de produits libanais, principalement des produits agroalimentaires, des équipements électriques et des produits agricoles. Une dépendance économique globale soulignée par le ministre de l'Économie et du Commerce, Alain Hakim : « Les tensions irano-saoudiennes mettent en lumière les limites de cette relation quasi exclusive. » « C'est dans cette optique que la diplomatie économique du pays doit être orientée », ajoute-t-il, avant de préciser que sa rencontre hier avec l'ambassadrice de l'Union européenne Christina Lassen s'inscrivait dans ce cadre.

Quant aux relations économiques entre le Liban et l'Iran, elles ne permettent pas actuellement à la République iranienne de rivaliser avec l'Arabie saoudite. Au niveau commercial, évidemment : le montant des exportations libanaises vers l'Iran ont à peine dépassé les 10 millions de dollars en 2015, composé à 80 % de produits issus de l'industrie chimique et électrique. Et davantage encore des flux financiers entre les banques iraniennes et libanaises, quasi inexistants à cause des sanction internationales. « L'ouverture opérationnelle du marché iranien reste suspendue à la réintégration des banques iraniennes dans le système le système Swift – qui régit les transactions bancaires internationales –, entamé mi-janvier », explique M. Fattouh. « Il est donc objectivement difficile de considérer sérieusement toute tentative de déplacer les intérêts économiques libanais de Riyad à Téhéran à court et moyen terme », souligne le président du syndicat des agriculteurs, Antoine Hoayek.

« Arrondir les angles »
Mais ces performances faméliques ne peuvent pas déprécier l'attrait du marché iranien pour les entrepreneurs libanais, qui persiste malgré les pressions de Riyad. « Il faut refuser l'idée de remplacer un partenaire commercial par un autre dans le contexte actuel », soutient M. Hakim, avant d'ajouter que « l'Iran fait partie des partenaires potentiels. » « Il n'a jamais été question de remplacer l'Arabie saoudite par l'Iran, mais plutôt d'entretenir dans la mesure du possible des relations économiques avec ces deux pays », martèle de son côté le président du Rassemblement des chefs d'entreprise libanais, Fouad Zmokhol. Il s'est rendu dans la République islamique en décembre dernier accompagné d'une délégation d'hommes d'affaires libanais. « Le Liban ne devrait pas être obligé de choisir entre l'Iran et l'Arabie. Téhéran a coopéré pendant des années avec Dubaï pour contourner l'embargo sans que cela ne perturbe d'autres pays du Golfe », surenchérit M. Gemayel.

Mais des obstacles doivent encore être franchis pour permettre à cette relation de donner son plein potentiel, dont certains d'ordre structurel. « Le développement de l'agriculture libanaise, dont 70 % de la production est exportée vers le Golfe, s'est fait en fonction des besoins de ces pays », expose M. Hoayek avant d'ajouter que « l'adaptation de la production locale aux besoins du marché iranien prendrait des années ».

En attendant, les industriels libanais ne sont sans doute pas en position d'avoir voix au chapitre dans ce duel de titans et peuvent juste espérer que les choses se tassent vite, sans s'impliquer au niveau politique. « Il faut arrondir les angles avec les pays du Golfe pour s'adapter à l'évolution de la situation », estime Rabih el-Amine, le secrétaire général du Lebanese Investment Business Committee (LIBC), une association d'hommes d'affaires libanais basée à Riyad. De son côté, le président du Conseil d'hommes d'affaires libano-iranien, Abbas Fawaz, considère que « les entrepreneurs libanais n'ont d'autres choix que de chercher des débouchés dans d'autres pays en espérant que les tensions s'apaisent rapidement ».

 

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commentaires (6)

QU'EST CE QU'ELLE DEVIENNE L'ARABIE SAOUDITE SANS LES LIBANAIS ? QUI PERD LE PLUS LE LIBAN OU L'ARABIE SAOUDITE ? RÉVEILLEZ VOUS, CE N'EST PAS L'ARABIE NI L'IRAN QUI ONT BATIT NOTRE PAYS ET FONT DU LIBAN CE QU'IL ÉTAIT. L'IRAN A DÉTRUIT LE LIBAN ET L'ARABIE A SALIT NOTRE RÉPUTATION ET NOTRE PASSEPORT EN NOUS ENVOYANT 1 MILLION DE PALESTINIENS. ON ÉTAIT RESPECTÉ DU MONDE ENTIER AVANT QUE LE LIBAN ACCEPTE CETTE APPELLATION "ARABE". DONC ON N'A RIEN À PERDRE S'ILS NOUS LACHENT UN PEU CES PAYS LÀ, ET QU'ILS S'EN AILLENT SE BATTRE AILLEURS AVEC LEURS MERCENAIRES, QUE CHEZ NOUS...JE LES EMMERDE.

Gebran Eid

16 h 18, le 05 mars 2016

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Commentaires (6)

  • QU'EST CE QU'ELLE DEVIENNE L'ARABIE SAOUDITE SANS LES LIBANAIS ? QUI PERD LE PLUS LE LIBAN OU L'ARABIE SAOUDITE ? RÉVEILLEZ VOUS, CE N'EST PAS L'ARABIE NI L'IRAN QUI ONT BATIT NOTRE PAYS ET FONT DU LIBAN CE QU'IL ÉTAIT. L'IRAN A DÉTRUIT LE LIBAN ET L'ARABIE A SALIT NOTRE RÉPUTATION ET NOTRE PASSEPORT EN NOUS ENVOYANT 1 MILLION DE PALESTINIENS. ON ÉTAIT RESPECTÉ DU MONDE ENTIER AVANT QUE LE LIBAN ACCEPTE CETTE APPELLATION "ARABE". DONC ON N'A RIEN À PERDRE S'ILS NOUS LACHENT UN PEU CES PAYS LÀ, ET QU'ILS S'EN AILLENT SE BATTRE AILLEURS AVEC LEURS MERCENAIRES, QUE CHEZ NOUS...JE LES EMMERDE.

    Gebran Eid

    16 h 18, le 05 mars 2016

  • ENCORE UNE FOIS SUR LE DOS DES ARABES !!

    Bery tus

    15 h 45, le 05 mars 2016

  • le libanais n'a rien compris laissez les faire !! ils vont bientôt tomber sur leur tete, ils perdront l'arabie saoudite et n'auront pas les gros contrats (comme avec l'arabie) avec l'iran car l'iran c'est vers l'ancien satant et "MAWT LA AMRICA" QU'ILS VONT SE TOURNER

    Bery tus

    15 h 30, le 05 mars 2016

  • Déjà, qu'ils ne bavent surtout pas ! Le chemin est encore semé de tas d'embûches.... Per(s)cées ; yâ hassértéééh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 55, le 05 mars 2016

  • PAS D,HESITATION ! L,ARABIE SAOUDITE ET LES PAYS ARABES DU GOLFE ARABIQUE ACCUEILLENT DES CENTAINES DE MILLIERS DE LIBANAIS ET DES HOMMES D,AFFAIRES... DEPUIS DES DECENNIES... RISQUER DE SE LIVRER AUX HUMEURS CAMELEONITIQUES DES FANATIQUES AYATOLLAHS EST UNE AVENTURE QUI PEUT COUTER TRES CHER ET BIEN SUR A EVITER...

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 21, le 05 mars 2016

  • L'Arabie saoudite, meilleur client du Liban. L'Iran, "meilleur" tuteur du Liban.

    Halim Abou Chacra

    05 h 07, le 05 mars 2016

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