Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a annoncé mardi que son parti avait l'intention de continuer à s'impliquer dans le conflit syrien, tout en se prononçant à nouveau en faveur d'une solution politique en Syrie et en mettant en garde la Turquie et l'Arabie saoudite contre une "guerre mondiale" en cas d'intervention terrestre de leur part. Le chef du Hezb a en revanche fait l'impasse sur les questions de politique intérieure libanaise, tout particulièrement sur le dossier de la présidentielle, alors qu'une réaction de sa part était très attendue après le discours de dimanche de l'ancien Premier ministre Saad Hariri.
A l'occasion de la journée des "cadres martyrs", Hassan Nasrallah, a prononcé un discours retransmis par vidéoconférence lors d'une cérémonie organisée dans la banlieue sud de Beyrouth. Au début de son discours, le leader chiite est revenu sur les multiples commémorations célébrées cette année. Il a notamment mentionné le dixième anniversaire de la conclusion de l'accord entre le Hezbollah et le Courant patriotique libre (CPL) et souligné "l'importance nationale de cet accord". Le leader chiite a aussi mentionné le onzième anniversaire de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri. "Malgré notre rivalité politique, il est de notre devoir moral de réitérer nos condoléances à sa famille en espérant que cette commémoration puisse un jour rassembler tous les Libanais", a déclaré Hassan Nasrallah.
"Les Israéliens considèrent qu'ils sont devant deux opportunités et face à deux menaces", a dit Hassan Nasrallah. "La première opportunité est l'existence d'un climat adéquat pour la création de liens avec des États arabes sunnites. La seconde opportunité est la possibilité de changer le régime en Syrie. Et pour ce qui est des menaces, elles sont représentées d'abord par l'Iran et ce qu'il représente, et ensuite par les mouvements de résistance en Palestine et au Liban", a-t-il dit, estimant que "la rhétorique israélienne est proche de celle de certains médias arabes, surtout ceux du Golfe et de l'Arabie saoudite".
"Aujourd'hui l'effronterie a atteint un point ou Israël se présente comme un ami des sunnites. (...) Acceptez-vous un ami qui continue d'occuper un territoire sunnite? Qui empêche le retour de milliers de Palestiniens à leur terre? Comment un seul sunnite peut accepter qu'Israël se présente comme un ami?", a martelé Hassan Nasrallah. Vous voulez considérer l'Iran comme ennemi ? Tant pis pour vous" !
"Les Israéliens veulent le morcellement de la Syrie"
Sur le dossier syrien, Hassan Nasrallah a affirmé qu'"Israël considère que la Syrie est le maillon fort de la Résistance et que si elle est brisée, cela porterait un coup fort à la résistance". Imaginez-vous qu'Israël considère qu'el-Qaëda ou Daech (acronyme arabe du groupe État islamique) est meilleur que le régime de Bachar el-Assad. Il considère que ce régime constitue un danger au projet sioniste et aux intérêts israéliens dans la région".
"Israël, la Turquie et l'Arabie saoudite sont tous d'accord que Bachar el-Assad ne doit pas rester et ce pour préserver leurs intérêts. Il n'ont aucun problème que les combats se poursuivent encore une dizaine d'années. Ils considèrent que toute réconciliation nationale pour que le régime d'Assad reste constitue un danger", a-t-il poursuivi. Selon lui, "les Israéliens veulent le morcellement de la Syrie en plusieurs petits États".
"Aujourd'hui, nous pouvons dire qu'Israël, partenaire dans la guerre contre la Syrie, a échoué jusqu'ici. Parce qu'il a échoué à faire tomber le régime de Bachar el-Assad et à diviser le pays. Après cinq ans, le projet d'el-Qaëda, avec ses deux branches, Daech et le Front al-Nosra, a échoué en Syrie. " Le projet saoudien en Syrie a également échoué jusqu'à présent".
"Une guerre régionale et même mondiale"
"Des évolutions sur le terrain en Syrie ont actuellement lieu à Alep, Lattaquié et au sud de la Syrie", a noté Nasrallah affirmant avoir accompli "de grandes victoires" et que "l'armée syrienne entre dans certaines régions sans combats".
"Je ne parle pas de victoire ou de défaite complète (des adversaires du régime syrien et de ses alliés), a-t-il dit, réitérant à ce stade la position de l'Iran et du Hezbollah en faveur d'une "solution politique" à la guerre syrienne et mettant en garde la Turquie et l'Arabie à envisager une implication terrestre en Syrie pour combattre l'EI. C'est maintenant qu'ils se sont réveillés pour combattre le terrorisme? Ou serait-ce plutôt parce que les groupes terroristes qui relèvent d'eux sont en train d'échouer" ? s'est-il interrogé, accusant les Turcs et les Saoudiens d'être "prêts à conduire la région vers une guerre régionale et même mondiale" et de ne pas être disposés à accepter une solution négociée" au conflit.
Pour conclure son point sur la Syrie, Hassan Nasrallah a affirmé que le Hezbollah continuera son combat. "Aujourd'hui il est important de dire que la volonté de résister en Syrie a gagné jusqu'à présent et elle est aujourd'hui extrêmement forte. Il n'est pas permis ni à Daech ni à el-Nosra ni aux aux États-Unis ni à la Turquie de dominer en Syrie, ni à Israël de réaliser ses rêves et objectifs. La Syrie restera un pilier de la résistance dans dans la région (...) Aujourd'hui nous sommes plus que convaincus de notre choix, nous resterons là où nous devons être", a-t-il affirmé.
Par ailleurs, Hassan Nasrallah a dénoncé les tentatives de "diaboliser" le Hezbollah. "La guerre psychologique n'a aucun résultat sur nous", a-t-il dit.
Concernant la possibilité d'une "troisième guerre" d'Israël contre le Liban, Hassan Nasrallah a indiqué qu'"il y a une chose qui empêche aujourd'hui Israël de mener une guerre : elle ne s'engage dans une guerre que si la victoire est garantie et claire". "Lorsque nous soutenons la Résistance nous empêchons une guerre (d'Israël) contre le Liban, a poursuivi Hassan Nasrallah. Nous ne voulons pas la guerre, nous ne cherchons pas la guerre, mais nous devons être prêts pour l'empêcher d'avoir lieu"
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commentaires (8)
Israël, toujours cette "chemise d'Osman". Même les 270.000 morts et la destruction de plusieurs villes en Syrie, sont l'oeuvre de l'ennemi israëlien.
Un Libanais
15 h 20, le 17 février 2016