M. Geagea, accueillant M. Hariri, hier soir, à Meerab.
Le chef du courant du Futur, le député et ancien Premier ministre Saad Hariri, s'est rendu hier soir à Meerab, où il a été reçu par le président des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, et son épouse, la députée Sethrida Geagea. M. Hariri était accompagné d'une délégation formée de ses conseillers Nader Hariri et Hani Hammoud.
« Vous êtes le bienvenu à Meerab. Votre absence a été longue », a indiqué M. Geagea à l'adresse de M. Hariri, à son arrivée dans la cour extérieure du QG du président des FL. « Merci, cher docteur. J'espère que je ne m'absenterai pas plus », a aussitôt répondu M. Hariri.
À son tour, Mme Geagea a exprimé sa joie de « voir le chef du courant du Futur à Meerab et au Liban ». M. Hariri a aussitôt souri et dit : « J'espère que c'est pour le mieux. » Ce à quoi Samir Geagea a aussitôt répondu : « Certainement que ça l'est. Le pays ne peut plus en supporter davantage. »
À l'issue de leur entretien, MM. Geagea et Hariri se sont exprimés devant les journalistes présents à Meerab. L'un d'eux a aussitôt demandé à l'ancien Premier ministre s'il était venu présenter ses excuses au président des FL au lendemain de son allocution au Biel, qui avait laissé un climat latent de tension entre leurs partisans respectifs. M. Geagea a aussitôt interrompu la question et interpellé le journaliste: « Entre cheikh Saad et nous, il n'y pas besoin d'excuses, sous quelque forme que ce soit. Nous sommes des compagnons de route, directement depuis 11 ans et indirectement depuis 25. C'est pourquoi, en ce qui me concerne, je rejette cette logique. Cette visite était décidée à l'avance. »
Sur le fait de savoir si la phrase que M. Hariri lui avait adressé dimanche au Biel – « la réconciliation avec le Courant patriotique libre aurait dû avoir lieu il y a trente ans et vous auriez ainsi épargné de grandes souffrances aux chrétiens » – l'avait dérangé, Samir Geagea a répondu : « Je suis habitué à cheikh Saad. Tout le monde a remarqué que j'ai pris ça naturellement, parce que nous avons l'habitude de beaucoup plaisanter entre nous. J'ai même oublié un instant que nous étions à un meeting, estimant que nous étions ensemble à la maison. Lorsqu'il a dit cette phrase, j'ai pensé "Mieux vaut tard que jamais" (NDLR: en français dans le texte). Mais lorsque le meeting s'est terminé, j'ai remarqué la chaleur de l'accueil que me réservait la base du courant du Futur, mais aussi combien le public FL avait été déstabilisé. Nous continuons jusqu'à présent d'en réparer les séquelles. »
« Les jeunes sont passés à côté de l'essentiel »
De son côté, M. Hariri a affirmé: « Ce qui nous unit avec le Dr Geagea est le 14 mars, le 14 février et l'assassinat de mon père, aux côtés de plusieurs autres choses. Ce que j'ai voulu dire hier, c'est que le Liban aurait été bien mieux si toutes les réconciliations avaient eu lieu plus tôt. Il ne faut pas s'arrêter sur cela et il y avait des positions plus importantes dans mon discours. Les jeunes des FL et du Futur sont passés à côté de l'essentiel de ce discours en raison de leur enthousiasme. »
Et M. Hariri de poursuivre: « Nous avons dit hier que, selon la Constitution, nous sommes dans un régime démocratique. Tout le monde sait qu'il y a trois candidats et qu'il pourrait y en avoir d'autres. C'est pourquoi nous devons inciter tous les députés à se rendre à la séance électorale pour élire un président de la République. Il s'agit d'un droit constitutionnel réel, et chaque député doit l'accomplir. »
Samir Geagea a pour sa part estimé que « le meeting était organisé pour la commémoration de Rafic Hariri, qui a changé la face de l'histoire contemporaine du Liban ». « Partant, il n'est plus permis de s'arrêter à chaque détail. Cheikh Saad ne voulait rien dire de négatif contre moi, les FL ou les chrétiens », a-t-il noté, avant d'ajouter : « Hariri est tombé en martyr parce qu'il voulait construire un pays comme il le faut, un État réel. Nous devons retourner à l'essentiel. Notre rencontre aujourd'hui vise à poursuivre sur la même voie. »
« Le 8 Mars n'a plus aucune excuse »
Concernant l'appel lancé au général Aoun à participer à la prochaine séance électorale, le président des FL a répondu, sur le ton de la plaisanterie : « Je vais faire le médiateur auprès du général Aoun, et cheikh Saad va en faire de même auprès de Sleiman Frangié. Cheikh Saad appelle les députés à participer aux séances, mais son candidat non plus ne fait pas le déplacement. »
M. Geagea a toutefois souligné, sur un ton plus sérieux, la nécessité pour les députés d'accomplir leur devoir constitutionnel de manière démocratique. « Ne disent-ils pas qu'ils ont triomphé ? Qu'il y a deux candidats du 8 Mars ? Qu'ils aillent donc au Parlement cueillir le fruit de leur victoire ! » a ajouté de son côté Saad Hariri.
« Le 8 Mars, et surtout le Hezbollah, affirment qu'ils sont fidèles au général Aoun, auquel ils affirment tant devoir. Mais, en même temps, ils ne participent pas aux séances, en prétendant que le courant du Futur boycottera la séance parce qu'il oppose son veto au général Aoun », a indiqué Samir Geagea, soulignant que M. Hariri avait démenti cette rumeur lors de son discours de dimanche, en affirmant qu'il ne boycotterait jamais une séance. « Partant, le 8 Mars n'a plus aucune excuse pour s'absenter », a-t-il noté.
« Le vide présidentiel est une catastrophe pour le pays », a poursuivi Saad Hariri. « L'essentiel, maintenant, est de se rendre à la Chambre pour élire un nouveau président », a-t-il conclu.
Il convient enfin de noter que M. Geagea a retenu M. Hariri et ses conseillers à dîner à Meerab.
FALLAIT ADRESSER L'APPEL À KHAMENEÏ !!!
10 h 09, le 16 février 2016