L'ancien Premier ministre Saad Hariri a rendu visite hier matin au chef du parti Kataëb, le député Samy Gemayel, à la Maison centrale de Saïfi. M. Hariri a insisté avec Samy Gemayel sur la nécessité du respect du jeu démocratique lors de la présidentielle et a mis en garde contre « toute spéculation » concernant sa relation avec Samir Geagea et Samy Gemayel. Il s'est entretenu en soirée avec le ministre de la Justice Achraf Rifi.
C'est à la Maison centrale du parti Kataëb que Saad Hariri a donc donné le coup d'envoi des multiples réunions de travail qui ont rythmé sa journée d'hier jusqu'en soirée lorsqu'il s'est rendu à Meerab afin de s'entretenir avec M. Geagea.
À Saïfi, le chef du courant du Futur a convenu avec M. Gemayel de la nécessité de respecter le « jeu démocratique » lors de l'élection présidentielle, abstraction faite du résultat du vote. « Il ne fait pas de doute qu'il existe une relation privilégiée entre nous et j'espère qu'elle sera appelée à se développer encore plus dans un avenir proche », a noté M. Hariri.
« C'est un honneur de rencontrer Samy Gemayel pour le féliciter car c'est la première fois que je lui rends visite en sa qualité de chef de parti, a ajouté M. Hariri. Nous avons discuté de l'importance de respecter la Constitution et le jeu démocratique, nous avons également dit qu'il est primordial que les députés se rendent au Parlement pour remplir leur devoir d'élus et de voter pour un président. Nous sommes dans un pays démocratique, il existe des candidats déclarés, et c'est de cette manière qu'un président de la République est élu démocratiquement », a affirmé M. Hariri devant les journalistes. Il a ajouté que son courant est « clairement engagé en faveur de la candidature du ministre Sleiman Frangié ». « Nous nous devons de respecter le jeu démocratique, il est inadmissible de se voir imposer un candidat unique avec tout le respect que nous portons pour le général Michel Aoun. Mais si nous nous rendons à l'hémicycle et que M. Aoun est élu, nous serons les premiers à l'en féliciter (...), a-t-il déclaré avant d'ajouter qu'il respecte ses engagements jusqu'au bout. »
Interrogé par ailleurs sur sa relation avec le chef des Forces libanaises Samir Geagea, Saad Hariri a expliqué : « Oui il existe des divergences d'opinion entre nous, mais lorsqu'il est question de principes nous sommes tous unis, face à l'affront fait à l'État et aux intérêts du pays. Que personne ne s'avise de spéculer sur la relation que j'entretiens avec M. Geagea ou Samy Gemayel. » En réponse à une question, M. Hariri a indiqué qu'il se rendra à la prochaine séance pour l'élection du président.
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Gemayel : Hariri prône la modération
« Cheikh Saad est ici chez lui », c'est par ces mots que le chef du parti Kataëb a accueilli M. Hariri, avant de rappeler « la longue histoire de sacrifice et de martyre » qu'ils partagent. Il a souligné par ailleurs l'importance d'avoir au Liban un courant « modéré », notamment à l'aune des événements qui secouent la région en termes de « persécutions en tout genre, takfir et extrémisme ». « Il est très important pour l'avenir du pays qu'il y ait au Liban un courant modéré de cette ampleur ; nous devons le préserver et le soutenir », a dit Samy Gemayel avant de relever que « M. Hariri s'engage, avec le courant du Futur à respecter la Constitution, le jeu démocratique et ses résultats ». Et de souligner: « Personne ne se rend à des élections en connaissant à l'avance le résultat du scrutin. À ce moment-là, ce ne sont plus des élections et de la démocratie, mais de la dictature et de la désignation. »
Pour M. Gemayel, l'important est d'être tombé d'accord avec l'ancien Premier ministre sur la nécessité de « respecter le processus démocratique en base duquel ce pays a été édifié durant 80 ans (...) Celui qui n'est pas prêt à accepter le risque de perdre ou de gagner aux élections n'est pas un démocrate. Or nous ne pouvons pas confier notre Constitution et notre système démocratique à un groupe qui n'est pas prêt à les respecter ».
Chez Salam au Sérail
M. Hariri s'était, tôt dans la journée, rendu au Grand Sérail où il était attendu par le Premier ministre Tammam Salam. Les deux hommes se sont réunis à huis clos puis l'ancien Premier ministre, répondant aux questions des journalistes, a affirmé que les discussions ont été axées sur la nécessité d'élire un président de la République. « Nous avons aujourd'hui trois candidats déclarés et nous devons nous rendre à l'hémicycle pour élire l'un d'entre eux, notre Constitution nous y oblige. Il n'y a aucune raison de ne pas tenir d'élections présidentielles, surtout que deux des trois candidats font partie du 8 Mars. Quelle est donc la cause du retard dans la tenue de l'élection ? » s'est ainsi demandé l'ancien Premier ministre. Il a par ailleurs affirmé qu'il a discuté avec Tammam Salam de la nécessité de redynamiser le travail du gouvernement car « même si le blocage prévaut au niveau de l'élection présidentielle, il n'est pas possible de paralyser le travail gouvernemental et de négliger les questions qui préoccupent les citoyens ».
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Saad Hariri s'est également entretenu avec l'ambassadeur d'Arabie saoudite au Liban, Ali Awad Assiri, en présence de son directeur de cabinet, Nader Hariri. Commentant le discours prononcé dimanche dernier au Biel par l'ancien Premier ministre, M. Assiri a affirmé que l'accent a clairement été mis sur « la préservation de l'État libanais, ses institutions ainsi que son identité arabe, et sur l'ouverture vis-à-vis de tout effort qui verserait dans l'intérêt du Liban et de son peuple ». Il a dit espérer dans ce cadre que ce discours puisse constituer « la première étape d'un processus de dialogue et de franchise ». M. Hariri a ensuite reçu le charge d'affaires américain l'ambassadeur Richard Jones, qui a dit à l'issue de la réunion : « J'ai eu l'occasion d'écouter son discours hier, et je pense que c'était un discours fort qui a communiqué un message clair : il est temps d'élire un président de la République, et c'est la position affichée par les États-Unis depuis un bon moment (...) il est certainement temps pour le Liban d'élire un président. »
L'ancien Premier ministre a également eu un entretien avec l'ambassadeur de France Emmanuel Bonne et avec la députée Bahia Hariri.
Par ailleurs, le président Hariri a reçu une série d'appels tout au long de la journée, notamment de l'ancien président de la République Michel Sleiman, de l'ancien vice-président de la Chambre Michel Murr, de l'ancien vice-Premier ministre Issam Farès, du ministre Boutros Harb, du patriarche maronite, le cardinal Mgr Béchara Raï, du commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi, du directeur général de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, du mufti du Mont-Liban, cheikh Mohammed Ali Jouzou, du député et ancien Premier ministre Nagib Mikati et du député Talal Arslane. Tous l'ont félicité d'être de retour au Liban.
Dans la soirée, l'ancien Premier ministre a poursuivi ses consultations à la Maison du Centre et a reçu tour à tour la coordinatrice spéciale de l'Onu pour le Liban Sigrid Kaag. Celle-ci aaffirmé que les discussions ont porté sur « la question de la vacance présidentielle » et la nécessité d'y mettre un terme le plus rapidement possible notamment à l'aune de la conjoncture régionale actuelle. Ils ont également abordé l'après-conférence de Londres et « la capacité du Liban à mieux supporter le fardeau » des réfugiés syriens pour consolider la stabilité du pays. Troisième point abordé par Mme Kaag avec M. Hariri, la publication prochaine du rapport sur la mise en application de la résolution 1701 et l'engagement de l'Onu aux côtés du Liban pour l'aider à faire face aux tensions auxquelles il se trouve actuellement confronté.
Saad Hariri a également reçu l'ambassadeur des Émirats arabes unis au Liban Hamad ben Souaid al-Chamsi. Plus tard dans la nuit, il a accueilli à la Maison du Centre le ministre de la Justice Achraf Rifi et le député Ahmad Fatfat, ainsi que le ministre des Affaires sociales Rachid Derbas, et le coordinateur général du 14 Mars, l'ancien député Farès Souhaid, en présence de son conseiller, Ghattas Khoury.
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commentaires (7)
SAAD EMPLOIE LES CHRÉTIENS COMME IL CHANGE DES CHAUSSURES. POURQUOI LE PAYS EST DANS SON PIRE ÉTAT AUJOURD'HUI. IL N'EST PAS DIRIGÉ PAR DES COMPÉTENTS MAIS PAR DES FILS À PAPA. SAAD HARIRI, BAHIA HARIRI, WALID JOUMBLTT ET BIENTÔT TAYMOUR, AMINE GEMAYEL ET MAINTENANT SAMI, SLEIMAN FRANGIEH, GEBRAN BASSIL LE GENDRE, ETC ETC... C'EST LE SYSTÈME POLITIQUE ROYAL PLUTÔT MAFIEUX QUI BARRE LA ROUTE AUX GENS BIEN ET COMPÉTENTS.
Gebran Eid
14 h 04, le 16 février 2016