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Liban - Aïn el-Tiné

Le dialogue national consacre une entente pour la relance de l’exécutif

Les pôles politiques, réunis hier autour de la table de dialogue à Aïn el-Tiné. Photo Sami Ayad

La 13e séance de dialogue national qui s'est tenue hier à Aïn el-Tiné a porté principalement sur la relance de l'exécutif. La tenue d'un Conseil des ministres jeudi prochain, avec à l'ordre du jour 140 points non litigieux, a été approuvée par tous les participants, y compris le Hezbollah. Cette séance de jeudi devra, en principe, relancer l'action du gouvernement.

Seule la position des ministres du bloc du Changement et de la Réforme reste pour l'heure incertaine. Lors du débat relatif à l'exécutif, ayant meublé la grande partie de la séance d'hier, le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil (représentant le chef du bloc du Changement et de la Réforme, le général Michel Aoun), a entretenu le flou sur la participation de son parti au Conseil des ministres de jeudi. Il n'a fait « aucune allusion » à son intention de maintenir le boycottage de l'exécutif, rapportent des participants à la réunion. Au contraire, il se serait montré même « très positif et réceptif » aux arguments sur la nécessité de mettre en marche le cabinet. Il se serait d'ailleurs abstenu de mentionner les nominations sécuritaires.

C'est une même attitude « positive » que le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, avait perçue chez le général Michel Aoun, lequel l'avait reçu samedi dernier à Rabieh. Dans cette logique d'apaisement, M. Bassil aurait seulement réitéré sa position relative au mécanisme de prise de décision (écarter toute décision à laquelle s'opposeraient au moins deux ministres). Il aurait contesté, en substance, la normalisation du travail du cabinet en l'absence d'un président de la République, qui banaliserait le rôle de la magistrature suprême. Mais le débat relatif aux modalités de relance de l'exécutif n'a pas été approfondi.
Il a été convenu de multiplier les contacts en vue de garantir une relance durable du gouvernement dès jeudi, avec la participation souhaitée de toutes ses composantes.


(Lire aussi : Pourquoi un appui FL à la candidature de Michel Aoun ?)


Sachant que le bloc aouniste demande que le gouvernement planche sur les nominations sécuritaires, préalablement à tout autre dossier, il se pourrait, disent certains, qu'il décide finalement de prendre part à la réunion ministérielle de jeudi, en contrepartie de nominations sécuritaires qui seraient limitées aux deux membres catholique et orthodoxe du Conseil militaire. Le ministre Michel Pharaon dément toutefois à L'Orient-Le Jour qu'un tel « échange » ait été concédé au Courant patriotique libre (CPL). Il estime que les nominations en question ne peuvent se faire du jour au lendemain. Pour lui, le CPL essaie de « tâter le terrain » en diffusant dans les médias la possibilité pour lui d'obtenir au prochain Conseil des ministres une partie des nominations sécuritaires qu'il réclame.
« Un accord a été obtenu pour redynamiser le gouvernement et redoubler d'efforts pour dissiper les entraves à la marche du cabinet », a déclaré hier le député Ali Fayad, membre du bloc du Hezbollah, à l'issue de la séance de dialogue. Il a ainsi levé le doute sur la participation des ministres du Hezbollah à la réunion de jeudi et confirmé les informations selon lesquelles le parti chiite finirait par convaincre son allié d'y prendre part.

L'objectif du dialogue étant moins de trouver des solutions à la crise que d'en contenir les répercussions, la séance a fourni par ailleurs l'opportunité d'un lavage de cœurs entre le Futur et le Hezbollah, après l'escalade verbale marquée par de virulentes accusations du député Mohammad Raad (représentant le Hezbollah hier à la séance) contre le chef du courant du Futur, Saad Hariri.
Comme il l'avait annoncé la veille, Fouad Siniora a demandé à M. Raad de préciser les motifs de sa déclaration, celle-ci étant « d'une virulence telle qu'elle questionne l'utilité de maintenir le dialogue bilatéral ». Le chef du bloc du Hezbollah lui aurait expliqué que cette hausse de ton a fait suite à l'attaque verbale dirigée par le ministre Achraf Rifi contre le secrétaire général du Hezbollah.
Le débat a en tout cas été interrompu par le président de la Chambre, jugeant plus opportun pour les deux partis d'exprimer leurs reproches mutuels dans le cadre de leur dialogue bilatéral, dont la 23e séance était prévue en soirée, également à Aïn el-Tiné.

En outre, l'attitude du Liban qui s'est abstenu d'entériner la déclaration panarabe votée à l'unanimité au Caire en solidarité avec l'Arabie saoudite face à Téhéran a été passée en revue. À la demande du chef du bloc du Futur, Fouad Siniora, M. Bassil a invoqué la politique de distanciation à l'égard des conflits régionaux et réitéré ses réserves sur la clause liant le Hezbollah au terrorisme. Il a fait remarquer par ailleurs, pour sa défense, qu'il a exprimé la solidarité du Liban avec l'Arabie saoudite, en dénonçant les agressions contre les représentations diplomatiques et consulaires saoudiennes à Téhéran.
Ces arguments sont soutenus par le Premier ministre – avec lequel le ministre des AE avait coordonné la position du Liban au Caire. Ils ont surtout convaincu les centristes présents au dialogue. « Nous avons écouté les précisions fournies par le ministre Bassil, et nous les comprenons parfaitement », a ainsi déclaré le chef du Rassemblement démocratique, le député Walid Joumblatt, à l'issue de la séance.
Dans sa critique de la position du Liban au Caire, Fouad Siniora a surtout reproché à Gebran Bassil de n'avoir pas tenté le vote avec réserve sur la clause relative au Hezbollah, au lieu de s'abstenir de tout vote. Il lui a surtout fait remarquer que son allocution au Caire ne s'est pas alignée sur le principe de distanciation qu'il prétend défendre : il aurait dû mettre l'accent sur le principe de non-ingérence d'un État ou d'un parti dans un conflit extérieur, au lieu d'affirmer que « le Liban n'interfère dans les affaires intérieures d'aucun pays ». Pour M. Siniora, la position du chef du CPL constitue une soumission au projet iranien dans la région.

La discussion n'a toutefois pas été plus loin. Le président de la Chambre Nabih Berry est en effet intervenu pour clore un débat « vain ».
La 14e séance de dialogue se tiendra le 27 janvier.
En marge de ces « débats vains », des efforts se poursuivent en silence, semble-t-il, pour débloquer la présidentielle. C'est en effet pour cause de voyage que le député Sleiman Frangié s'est ainsi absenté hier, pour la première fois, à la séance de dialogue, à laquelle il a délégué l'ancien ministre Youssef Saadé.

 

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Pour mémoire
Entre le Hezbollah et le courant du Futur, le dialogue malgré tout
, le décryptage de Scarlett Haddad

La 13e séance de dialogue national qui s'est tenue hier à Aïn el-Tiné a porté principalement sur la relance de l'exécutif. La tenue d'un Conseil des ministres jeudi prochain, avec à l'ordre du jour 140 points non litigieux, a été approuvée par tous les participants, y compris le Hezbollah. Cette séance de jeudi devra, en principe, relancer l'action du gouvernement.Seule la position des...

commentaires (3)

OÙ EST LE DIALOGUE NATIONAL, CE N'EST QU'UN DIALOGUE IRANO/SAOUDIEN VIA NOS MERCENAIRES.

Gebran Eid

14 h 10, le 12 janvier 2016

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Commentaires (3)

  • OÙ EST LE DIALOGUE NATIONAL, CE N'EST QU'UN DIALOGUE IRANO/SAOUDIEN VIA NOS MERCENAIRES.

    Gebran Eid

    14 h 10, le 12 janvier 2016

  • DE LA RIGOLADE CAR COMME TOUJOURS : Où À NOS CONDITIONS OU RIEN ! OU NOUS OU PERSONNE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 39, le 12 janvier 2016

  • Dez-ébaubis, certains, sont forcés de recourir à 1 fiction pour expliquer le développement de ce pays. Ils s’imaginent que tout a été inventé au service de leur idée fixe : La parité Musulm(ent)ans-Chréti(e)ns ou Sunnitique-Chïïtique ; alors que leur "explication" n’est que bêtement naïve ! On a inventé ces choses pour la parité, mais elles se sont retournées contre la parité. C'est là "le raisonnement" ! Ils font 1 supposition, et parce que la réalité et leur bête fiction se contredisent, ils concluent qu'y a contradiction. Ils dissimulent qu'il y a en fait contradiction entre leur idée fixe et la réalité. Ils n'ont pas vu que les Libanais en évoluant développent des rapports de forces entre eux, et que le mode de ces rapports change avec l'accroissement de ces évolutions. Ils n'ont pas vu que ces "conFessions" ne sont qu'abstractions de la réalité ; qu'elles ne sont que des vérités que pour autant que cette réalité subsiste. Ils déboitent alors, et voient dans ces "conFessions" des lois éternelles et non historiques ; et qui ne le sont que pour un développement déterminé à un moment donné. Au lieu de considérer ces "conFessions" comme des abstractions faites de relations sectaires transitoires, par leur simplisme, ils ne voient dans ce rapport de force réel qu’une incarnation de ces abstractions : Qui, elles, ne sont que des formules sommeillant dans leur imaginaire de pâmés minoritaires since le début de leur pathétique désarroi séculaire + même que millénaire !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 04, le 12 janvier 2016

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