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Liban - Décryptage

Entre le Hezbollah et le courant du Futur, le dialogue malgré tout

Le Liban est quand même un pays étonnant. Alors que la tension ne cesse de monter entre l'Iran et l'Arabie saoudite, le Hezbollah et le courant du Futur s'apprêtent à tenir lundi, sauf imprévu, une nouvelle séance de dialogue à Aïn el-Tiné. Même si le courant du Futur maintient le suspense et traîne un peu les pieds, le Hezbollah, lui, a confirmé sa participation à cette séance et les sources proches de Aïn el-Tiné assurent qu'elle aura lieu comme prévu, les réserves du Futur étant de pure forme.

La division entre sunnites et chiites s'aggrave donc dans toute la région, mais au Liban, des efforts sont déployés pour maintenir un contact minimal, afin de préserver la stabilité du pays. Pour certains, c'est là le véritable « miracle libanais ». Mais pour d'autres, il s'agit plus prosaïquement d'une question d'intérêts, à la fois internes et régionaux. Pour le Hezbollah, en dépit des attaques directes contre les dirigeants saoudiens, la priorité reste à l'apaisement au Liban. D'une part, parce qu'il est trop pris par les questions régionales pour pouvoir se consacrer aux guéguerres internes et d'autre part, parce que le maintien de la stabilité au Liban s'inscrit dans une stratégie régionale, voire internationale. Le ton a d'ailleurs été donné par le secrétaire général du Hezbollah dans son dernier discours, après l'exécution par les autorités saoudiennes du dignitaire chiite cheikh Nimr el-Nimr. Nasrallah avait certes été d'une rare violence à l'égard des autorités saoudiennes, mais il avait insisté sur la nécessité de maintenir le calme au Liban, ainsi que sur le refus de tout conflit entre sunnites et chiites. Il a donc concentré ses critiques sur la famille royale saoudienne, mais il a pris soin d'épargner le peuple saoudien et les sunnites en général. Selon une source proche du Hezbollah, Hassan Nasrallah a donc haussé le ton à l'égard des dirigeants saoudiens pour pouvoir faire accepter à sa base populaire les appels au calme.
À ce stade des développements régionaux, le Hezbollah ne veut donc pas de complications sur le plan interne. Mais il ne veut pas non plus d'un déblocage prématuré avant de voir l'évolution de la situation dans la région, et notamment sur les trois dossiers brûlants, le Yémen, la Syrie et l'Irak. Le timing de l'opération menée dans les fermes de Chebaa, en réponse à l'assassinat par les Israéliens de Samir Kantar, aurait donc été sciemment choisi pour remettre à l'ordre du jour « la résistance contre l'ennemi numéro 1 », dans une tentative de faire passer au second plan l'escalade verbale contre les dirigeants des pays du Golfe. Tout en ne se faisant pas trop d'illusions sur les résultats concrets du dialogue avec le courant du Futur, le Hezbollah se raccroche à ce fil ténu pour éviter tout dérapage qui aurait pour résultat de le détourner de ses objectifs principaux en ce début d'année 2016.
De plus, le Hezbollah est conscient du fait que la tension montante entre l'Iran et les pays du Golfe, notamment l'Arabie saoudite, sert les intérêts des « faucons » au sein du courant du Futur, en particulier l'ancien Premier ministre Fouad Siniora et le ministre de la Justice Achraf Rifi. Il cherche donc en quelque sorte à rectifier le tir à travers la tenue de la séance de dialogue avec les représentants considérés comme modérés de ce courant (Le ministre Nouhad Machnouk, le député Samir Jisr et le chef du cabinet de Saad Hariri, Nader Hariri) prévue lundi à Aïn el-Tiné. D'ailleurs, à part la tirade du chef du bloc parlementaire de la Résistance Mohammad Raad, les principales figures médiatiques du Hezbollah ont évité de répondre aux critiques souvent violentes qui ont été adressées à leur chef, après son dernier discours. La source proche du Hezbollah précise d'ailleurs que des instructions strictes ont été données à cet effet, pour éviter une poursuite de l'escalade verbale. La position officielle du parti a été donnée par le secrétaire général. Elle était indispensable après l'exécution du cheikh Nimr pour répondre à l'attente de la base populaire, mais il n'est pas question pour le Hezbollah d'aller plus loin et de mettre en péril la stabilité du Liban.
Pour le courant du Futur, tiraillé entre plusieurs tendances, le dialogue est aussi une nécessité. D'abord, parce qu'une éventuelle déstabilisation du Liban servirait essentiellement les extrémistes sunnites au détriment de ce courant qualifié de modéré et ensuite parce qu'il permet de préserver une cohésion au sein de ce courant au profit du chef en exil, Saad Hariri.
La séance de dialogue devrait donc avoir lieu et permettre à chaque partie d'étaler ses griefs. Mais personne ne s'attend à une entente sur des points importants. S'il y avait une chance même minime que le Hezbollah fasse des concessions sur le plan interne, à l'égard du courant du Futur, elle a été balayée par les derniers développements. L'option dite Frangié est l'une des premières victimes de cette nouvelle attitude du Hezbollah. Comme s'ils craignaient d'ailleurs de tels développements, les artisans de cette option avaient voulu agir très vite et mettre les protagonistes libanais au pied du mur. Les développements ont été plus rapides et toutes les parties sont désormais d'accord pour affirmer que la relance du dossier présidentiel est reportée de quelques mois.

Le Liban est quand même un pays étonnant. Alors que la tension ne cesse de monter entre l'Iran et l'Arabie saoudite, le Hezbollah et le courant du Futur s'apprêtent à tenir lundi, sauf imprévu, une nouvelle séance de dialogue à Aïn el-Tiné. Même si le courant du Futur maintient le suspense et traîne un peu les pieds, le Hezbollah, lui, a confirmé sa participation à cette...

commentaires (4)

Nous comprenons donc que c'est bien le Hezbollah qui est derrière le blocage des élections présidentielles en attendant qu'il assure son avenir qui dépend grandement de celui de Bashar et de l'Iran malgré l'aide Russe qui n'a rien donne de concret sur le terrain. Soulignez bien Mme qu'avoir peur d’élire un Président suivant les règles démocratiques et constitutionnelles est la plus grande preuve du désarrois de ceux dont vous faire les éloges ou couvrez les méfaits. Si le Hezbollah était vraiment a l'aise, même l’élection de Dr. Geagea ne l'aurait pas troublé. Par contre, le 14 Mars demandent que les élections se fassent même si le Général ou un autre gagne car ce mouvement représente la majorité de ce que désire le peuple qui est l’indépendance, la souveraineté et la liberté du pays. Last but not least, il faut que vous arrêtez de toujours prétendre que le courant du Future, les FL ou même le 14 Mars sont perdus, divisés, etc... En 15 ans de guerre et 15 ans de terreur il n'ont pu venir a bout des FL, comme ils sont le cœur du mouvement du 14 Mars, ce n'est pas maintenant qu'ils réussirons a le faire. Ils le savent et essayent de sauver ce qui peut être sauver... Ils ne le pourrons pas. Depuis leur entrée dans la guerre en Syrie. le Hezb a signé son arrêt de mort. Nos joyeuses condoléances!

Pierre Hadjigeorgiou

13 h 37, le 08 janvier 2016

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Commentaires (4)

  • Nous comprenons donc que c'est bien le Hezbollah qui est derrière le blocage des élections présidentielles en attendant qu'il assure son avenir qui dépend grandement de celui de Bashar et de l'Iran malgré l'aide Russe qui n'a rien donne de concret sur le terrain. Soulignez bien Mme qu'avoir peur d’élire un Président suivant les règles démocratiques et constitutionnelles est la plus grande preuve du désarrois de ceux dont vous faire les éloges ou couvrez les méfaits. Si le Hezbollah était vraiment a l'aise, même l’élection de Dr. Geagea ne l'aurait pas troublé. Par contre, le 14 Mars demandent que les élections se fassent même si le Général ou un autre gagne car ce mouvement représente la majorité de ce que désire le peuple qui est l’indépendance, la souveraineté et la liberté du pays. Last but not least, il faut que vous arrêtez de toujours prétendre que le courant du Future, les FL ou même le 14 Mars sont perdus, divisés, etc... En 15 ans de guerre et 15 ans de terreur il n'ont pu venir a bout des FL, comme ils sont le cœur du mouvement du 14 Mars, ce n'est pas maintenant qu'ils réussirons a le faire. Ils le savent et essayent de sauver ce qui peut être sauver... Ils ne le pourrons pas. Depuis leur entrée dans la guerre en Syrie. le Hezb a signé son arrêt de mort. Nos joyeuses condoléances!

    Pierre Hadjigeorgiou

    13 h 37, le 08 janvier 2016

  • Vous faites un boulot remarquable Scarlett ! On en arrive à vous identifier au chef de la résistance , lol. C'est pourtant simple de comprendre que vos analyses ne font qu'expliquer les choses d'un point de vue autre que celui qui nous est servi par tous les autres collègues dans ce journal . Il ne me passerai jamais à l'idée de demander à Touma, Malkhoul ou Fayad de m'expliquer ce que saad ou geagix diraient si...etc... Elevons le débat , ne pensez vous pas que si le Liban échappe à une guerre civile c'est parce que par expérience plus aucun libanais n'a envi de se retrouver dans ce qu'il y a eu de pire au Liban depuis sa création ? Ou tout simplement parce que le hezb résistant étant la seule force arabe qui a fait mordre la poussière aux envahisseurs voleurs de terre venus d'israel , est craint par les envoyés de cette usurpie qui auraient bien raison de lui dire si toi tu n'as pas pu , comment pourrons nous? Finalement la situation qui fait que le hezb est une puissance (mini) et le seule du pays a bien fait d'équilibrer les tensions qu'on voit ailleurs ! les 14 mars du futur de je ne sais quoi s'adossent sur leurs bactéries pour nous servir des excuses du genre , eux ils sont extrémistes et nous des modérés etc.. eh ! les amis ça ne marche pas ce truc faudra trouver autre chose.....pour exister . Une dernière chose Scarlett , à Chébaa c'était quoi ? un avertissement , un flop ? ne nous faites pas languir .Please .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 35, le 08 janvier 2016

  • En lisant votre analyse je me suis posé la question de savoir quelle aurait pu être l'attitude de Hassan Nasrallah s'il avait été dans la conjoncture actuelle, Président de la République, plusieurs interrogations m'ont alors interpelé: Comment aurait-il agi pour respecter la souveraineté nationale ? Comment aurait-il respecté les choix démocratiques des composantes nationales? Comment aurait-il résolu les problèmes dissentionnels sur la scène interne face au comportement d'un parti comme Hezbollah...? Autant de questions et bien d'autres, que lui, tous ses alliés et ses admirateurs feraient bien de se poser, peut-être bien qu'elles l'amèneraient à trouver les solutions indispensables au déblocage de la vie politique nationale que lui et son parti ont pris en otage depuis plus de dix ans...!

    Salim Dahdah

    10 h 54, le 08 janvier 2016

  • ET LES FABLES CONTINUENT... VOUS AURIEZ DU... TRES CHERE MADAME SCARLETT HADDAD... DIRE EN DEUX MOTS LE RESUME DE VOTRE ARTICLE QUI AURAIT DU ETRE : ILS GARDENT UN SIMULACRE DE DIALOGUE POUR PRESERVER LE PAYS EN DEHORDS DES TOURMENTES REGIONALES... EN LE GARDANT EN OTAGE... DANS L,ESPOIR DE (SE PRESERVER) ... AU JOUR DES COMPTES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 03, le 08 janvier 2016

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