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Moyen Orient et Monde - La situation

La France fera-t-elle la guerre en 2015 comme les États-Unis en 2001 ?

Comment François Hollande entend-il combattre le terrorisme au lendemain des attentats de Paris et de la remise en question, sur le plan interne, de sa politique étrangère ?

François Hollande à Versailles hier: un discours ovationné par les députés et les sénateurs, debout pendant cinq minutes. Philippe Wojazer/AFP

Aux mêmes maux, les mêmes remèdes ? Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, les néoconservateurs américains avaient « déclaré la guerre au terrorisme » sur deux fronts : le renforcement de la sécurité sur le plan intérieur, avec notamment le Patriot Act, et les guerres punitive (Afghanistan) et préventive (Irak) à l'extérieur. « Why do they hate us ? » (Pourquoi nous haïssent-ils ? ), s'étaient alors demandé les Américains, effarés par le fait de pouvoir être les cibles d'une telle violence.

Au lendemain des attentats de Paris, les responsables politiques français sont en train de reproduire un schéma presque similaire. Le mot « guerre » est sur toutes les lèvres. Et cette même interrogation : « Pourquoi nous ? »
Compte tenu du bilan désastreux de la guerre américaine contre le terrorisme, qui aura finalement largement contribué à le renforcer et à donner naissance à l'organisation État islamique, Paris pourrait en effet s'interroger sur la meilleure façon de mener cette guerre. Comment la France va-t-elle faire la guerre au terrorisme ? François Hollande et Manuel Valls ont apporté hier les premières réponses. Alors que la traque aux assaillants se poursuit en Belgique, que les quatre terroristes identifiés pour l'instant sont tous de nationalité française, le président français a assuré que la France allait « intensifier ses frappes contre Daech ». « Ces attentats ont été organisés, pensés, planifiés depuis la Syrie », a dit pour sa part le Premier ministre, pour justifier cette décision.

(Lire aussi : « Les sociétés qui sont mentalement préparées aux attentats sont celles qui ont gardé vivants les rituels du deuil »)

 

Recomposition
Devant les deux Chambres, réunies exceptionnellement en Congrès à Versailles, M. Hollande a annoncé les autres mesures qui allaient permettre « à la République d'éradiquer le terrorisme » : une révision de la Constitution, impliquant les articles 16 et 36, une possibilité de prolonger l'état d'urgence et de déchoir les personnes accusées de terrorisme de leur nationalité, et de nouveaux moyens accordés aux forces judiciaires et policières. Un arsenal juridique et policier assez conséquent pour mener la lutte, sur le plan intérieur, contre le terrorisme.
Solennel, martial, ovationné par une Assemblée entièrement debout, M. Hollande a répondu aux critiques de l'opposition en durcissant sa politique. Pas sûr que cela suffise pour autant à apaiser les tensions. L'unité nationale n'aura pas duré plus de 24 heures. « L'esprit du 11 janvier » est mort le 13 novembre.
Sur le plan interne, les débats tournent autour de l'immigration, de l'identité nationale et de la place de l'islam dans la société française. Des thèmes chers à l'extrême droite qui, en raison des attentats terroristes, sont en train de recomposer la scène politique française.

(Lire aussi : L'enquête avance dans un climat de « guerre » contre le terrorisme)


Le ton, pas le fond
Mais c'est surtout la politique étrangère de la France qui est actuellement remise en question par la droite et l'extrême droite. Les attentats terroristes donnent du crédit aux partisans d'une alliance avec Moscou et Téhéran, d'un éloignement vis-à-vis des pays du Golfe et d'un changement de position en Syrie. Un changement qui profiterait inévitablement à Bachar el-Assad, qui cherche à se positionner comme un moindre mal par rapport aux groupes terroristes. L'idée que M. Assad est l'ennemi de son peuple mais, qu'au contraire des groupes terroristes, il ne constitue pas une menace pour les Occidentaux, serait-elle en train de gagner du terrain – même s'il est clair que les Français ont changé de ton, mais pas dans le fond ?
« M. Assad ne peut constituer l'issue » du conflit, a effectivement dit hier M. Hollande, avant d'ajouter : « Notre ennemi, c'est Daech. » Le choix des mots est loin d'être anodin, à des années-lumière de l'époque où le président syrien était surnommé « le boucher de Damas » par l'exécutif français.


(Lire aussi : Une série de raids franco-américains vise l'EI en Syrie)


Bachar el-Assad pourrait bien être, au moins à court terme, le principal bénéficiaire des attentats de Paris. C'est notamment de son sort dont devrait parler le président français avec Barack Obama et Vladimir Poutine dans une rencontre qui doit se tenir ces prochains jours. Nouveau fer de lance de la lutte antiterroriste, Paris a demandé une réunion du Conseil de sécurité pour « adopter une résolution marquant la volonté commune de lutter contre le terrorisme ». Ni les Russes ni les Américains ne devraient s'y opposer, étant donné leur détermination, affichée au sommet du G20, à tout faire pour éliminer l'EI. Reste à savoir s'ils mèneront cette lutte ensemble, ou séparément...

 

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Aux mêmes maux, les mêmes remèdes ? Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, les néoconservateurs américains avaient « déclaré la guerre au terrorisme » sur deux fronts : le renforcement de la sécurité sur le plan intérieur, avec notamment le Patriot Act, et les guerres punitive (Afghanistan) et préventive (Irak) à l'extérieur. « Why do they hate us ? » (Pourquoi...

commentaires (6)

Comme le disait le New York Times le 16/11, dans un article de Roger Cohen intitulé 'To Save Paris, Defeat ISIS', la logique et le bon sens indiquent que c'est l'OTAN, collectivement, qui a le devoir de faire une implacable et véritable guerre d'élimination de Daech en Syrie et en Irak. Ce n'est pas à la France toute seule que revient ce devoir et c'est une erreur de penser de la sorte.

Halim Abou Chacra

17 h 41, le 17 novembre 2015

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Commentaires (6)

  • Comme le disait le New York Times le 16/11, dans un article de Roger Cohen intitulé 'To Save Paris, Defeat ISIS', la logique et le bon sens indiquent que c'est l'OTAN, collectivement, qui a le devoir de faire une implacable et véritable guerre d'élimination de Daech en Syrie et en Irak. Ce n'est pas à la France toute seule que revient ce devoir et c'est une erreur de penser de la sorte.

    Halim Abou Chacra

    17 h 41, le 17 novembre 2015

  • la France, avec Hollande à sa tête en est incapable de faire la guerre comme les USA. La France en a les moyens mais Hollande n'en a pas la capacité... ce n'est pas un président comme il devrait être et il n'en a pas la capacité comme il l'a témoigné durant toute sa carrière dans les différents postes occupés. Les femmes la bonne bouffe, c'est sa force

    FAKHOURI

    12 h 06, le 17 novembre 2015

  • A chacun ses moyens.... Et donc c'est impossible vu les "moyens" de cette puissance plus que moyenne.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 20, le 17 novembre 2015

  • SEULE UNE CONCERTATION DE TOUTES LES FORCES DES PAYS CONCERNÉS OCCIDENTAUX ET RUSSE RÉSULTANT EN UNE INTERVENTION TERRESTRE DE GRANDE ENVERGURE APPUYÉE PAR LEURS AVIATIONS RESPECTIVES POURRAIT METTRE UN TERME DÉFINITIF SUR LES TERRAINS... CAR LES INFILTRÉS TERRORISTES DANS LEURS PAYS C'EST UNE AUTRE QUESTION QUI DEMANDE AUSSI UNE GUERRE SANS PITIÉ DE CHACUN À LA MAISON...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 31, le 17 novembre 2015

  • F.Hollande combat surtout sa chute dans les sondages...! environ 15% de satisfaits chez le peuple de gauche ...en d'autres termes ca fait 87/92 % de défiance chez les français...

    M.V.

    09 h 29, le 17 novembre 2015

  • Avant c etait ASSAD qui decidait du sort des presidents libanais,avec pouvoir de vie ou de mort sur eux....et maintenant le sort du dic tateur syrien depend du bon vouloir d autres dirigeants internationaux.....

    HABIBI FRANCAIS

    02 h 40, le 17 novembre 2015

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