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Moyen Orient et Monde - conflit

Une série de raids franco-américains vise l’EI en Syrie

Un chasseur bombardier français. Dix chasseurs ont bombardé Raqqa en Syrie dans la nuit d’hier à aujourd’hui. Photo archives AFP

Des avions français et américains de la coalition antijihadistes ont mené une série de raids en Syrie en visant des infrastructures du groupe État islamique (EI) à Raqqa et une centaine de camions-citernes servant au trafic de pétrole. Ces nouveaux raids interviennent alors que la France a prévenu ce week-end qu'elle serait « impitoyable » dans la « guerre » contre l'EI, qui a revendiqué les attentats sanglants ayant frappé Paris vendredi. Le ministère français de la Défense a annoncé que dix chasseurs bombardiers français avaient largué 20 bombes dimanche soir dans le nord de la Syrie, détruisant un poste de commandement et un camp d'entraînement de l'EI.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), « il y a eu au moins 36 explosions dans la nuit (de dimanche à hier) à Raqqa, certaines causées par des frappes aériennes, d'autres par des explosifs ». « Les explosions ont secoué la cité entière. Il y a eu des raids au nord et au sud de Raqqa », a précisé Rami Abdel Rahmane, son directeur qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie. Parmi les cibles visées, l'OSDH a cité la « brigade 17 », un camp d'entraînement incluant des dépôts d'armes, à l'entrée nord de la ville. Le directeur de l'OSDH n'était pas en mesure de fournir un bilan. Mais selon Abou Mohammad, du groupe d'activistes anti-EI, « Raqqa est massacrée en silence », il n'y a « pas eu de civils tués ». Il a précisé que les raids avaient visé 10 sites utilisés comme bases de l'EI ainsi que des points de contrôle du groupe jihadiste dans Raqqa et à l'entrée sud de la ville, citant notamment le stade municipal et le musée. En réaction aux raids, l'EI a interdit la circulation et coupé l'électricité dans la ville, a-t-il ajouté.
Les avions de la coalition ont par ailleurs détruit 116 camions-citernes utilisés par le groupe EI dans l'est de la Syrie, a affirmé le Pentagone. « Ce n'est pas la première fois que des camions-citernes sont attaqués, mais c'est la première fois qu'il y en a autant de touchés », a précisé un porte-parole de la coalition. Ces camions ont été détruits dimanche près de Boukamal, dans un parc de stationnement dans la localité tenue par l'EI à la frontière avec l'Irak, où les camions attendent de remplir leur réservoir. La coalition a récemment annoncé qu'elle allait davantage frapper au portefeuille l'EI, qui contrôle la majorité des champs pétrolifères de Syrie, notamment dans la province de Deir ez-Zor. Cette contrebande lui rapporterait 1,5 million de dollars par jour lorsque le prix moyen s'établit à 45 dollars le baril, selon une enquête publiée en octobre par le Financial Times.

« Victimisation »
Pour Charlie Winter, un expert des mouvements jihadistes basé à Londres, il est « difficile de croire que de hauts dirigeants (de l'EI) soient à Raqqa » où ils seraient une cible facile. « Cela serait une chose ridicule et stupide », selon lui. Mais si des victimes civiles tombent, « elles seront sûrement transportées devant les caméras », estime-t-il, ajoutant que l'EI jouera sans doute la carte de la « victimisation (...) pour justifier les brutalités futures ». On rentrera ainsi dans un « cercle vicieux ».
Pour lui, si la France dispose d'assez de renseignements et si elle mène les frappes pour la « bonne raison » et pas seulement dans un esprit de vengeance, elle « pourrait construire quelque chose d'utile ».
Éviter des victimes civiles semble en effet une tâche difficile, souligne Hachem al-Chami, un autre expert des mouvements jihadistes. Selon lui, l'EI installe souvent ses camps d'entraînement et ses dépôts d'armes auprès des hôpitaux et d'autres établissements civils.
Il ajoute que l'EI répartit ses forces sur trois zones : ses fiefs qui ne risquent pas d'attaque terrestre, des « zones mixtes » qui pourraient être sous la menace d'attaques ennemies et les « zones » de guerre où le groupe combat d'autres forces. Ses dirigeants se trouvent souvent dans les « zones mixtes », selon M. Chami.
La France, qui participe depuis un an à la coalition internationale contre l'EI en Irak, avait décidé en septembre d'élargir ses opérations à la Syrie. Elle affirme avoir gardé son autonomie de décision dans le choix des cibles dans ce pays alors qu'elle est pleinement associée à la coalition internationale en Irak dirigée par Washington.

Sara HUSSEIN/AFP

Des avions français et américains de la coalition antijihadistes ont mené une série de raids en Syrie en visant des infrastructures du groupe État islamique (EI) à Raqqa et une centaine de camions-citernes servant au trafic de pétrole. Ces nouveaux raids interviennent alors que la France a prévenu ce week-end qu'elle serait « impitoyable » dans la « guerre » contre...

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