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À La Une - Terrorisme

L'EI aurait donné de nouvelles consignes : "Commencer à bouger, notamment au Liban et en Turquie"

Le groupe jihadiste pourrait avoir décidé au mois de septembre dernier de porter le combat en France et ailleurs.

Un soldat de l'armée libanaise sécurisant le site du double-attentat perpétré jeudi 12 novembre 2015 dans la banlieue sud de Beyrouth. REUTERS/Aziz Taher

Confronté à des revers sur le terrain au sein même du califat qu'il a instauré en Syrie et en Irak et à l'intensification des frappes aériennes de la coalition internationale menée par les États-Unis, le groupe Etat islamique (EI) pourrait avoir décidé au mois de septembre dernier de porter le combat en France et ailleurs.

D'après un combattant de l'EI (Daech selon son acronyme arabe) joint en Syrie par l'agence Reuters, le porte-parole du groupe sunnite ultra-radical, Abou Mohammad al-Adnani, a donné la consigne d'agir à l'étranger.

"Il a envoyé un ordre écrit à tous les secteurs et à toutes les brigades de sécurité de commencer à bouger, notamment au Liban et en Turquie", explique le combattant syrien, contacté dans le nord de la Syrie via les réseaux sociaux. "Le Liban et la France et d'autres endroits font tous partie des opérations ordonnées il y a deux mois."

En moins de 24 heures, Daech a revendiqué les attentats de Paris qui ont fait 129 morts vendredi soir, en représailles aux frappes aériennes en Syrie, ainsi que le double attentat-suicide qui a fait 43 morts jeudi dans la banlieue-sud de Beyrouth, fief du Hezbollah qui combat en Syrie aux côtés du président Bachar el-Assad.

L'EI a également revendiqué la destruction d'un avion de ligne russe au-dessus de la péninsule du Sinaï le 31 octobre, tuant les 224 personnes à bord après le début des frappes aériennes russes en Syrie.

Par ailleurs, les autorités turques soupçonnent un dirigeant jihadiste qu'elles ont interpellé la semaine dernière d'avoir eu l'intention de préparer des attentats proches de ceux de Paris, a-t-on appris dimanche.
L'EI a également menacé d'attaquer l'Arabie saoudite, les Etats-Unis et la Russie.

Reuters n'a pu vérifier cet ordre donné par le porte-parole qui, selon des combattants et des sympathisants de l'EI, a été donné à des cellules dormantes dans plusieurs endroits.


(Lire aussi : Beyrouth-Paris : Quand les internautes libanais s'interrogent sur une solidarité à géométrie variable)


Dans le sang et le carnage
"Les messages qu'ils nous envoient sont envoyés dans le sang et le carnage, aussi nous leur renvoyons leurs messages de la même façon, c'est simple", commente le combattant de l'EI basé dans le nord de la Syrie.

L'EI agit dans le plus grand secret et a une organisation compliquée. En général, son calife, Abou Bakr al-Baghdadi, est le décisionnaire ultime, mais il a aussi un adjoint qui a du pouvoir.

Tous deux consultent un Conseil de la choura où siègent notamment des dirigeants militaires et religieux qui donnent leur avis au calife sur la stratégie militaire. Une version très stricte de l'islam y est pratiquée, qui considère que tous ceux qui s'y opposent sont des infidèles qui doivent être tués.

L'EI a attiré des milliers de jihadistes du monde entier et notamment d'Europe. Mais les contrôles plus stricts en matière de sécurité imposés par certains pays européens ont empêché les candidats au jihad de partir rejoindre le groupe en Syrie et en Irak.

En surmontant ce problème, Daech a établi des contacts avec des candidats à partir de ses bases au Proche-Orient et les a encouragés à agir en tant que "loups solitaires" ou à s'organiser en petite cellules pour mener des attentats individuels à l'intérieur de pays où ils habitent et travaillent.


(Lire aussi : Paris-Raqqa, avec escale à Damas ?)

 

Moral revenu après les attentats de Paris
Selon l'un des combattants, les cellules dormantes n'ont pas de contact entre elles mais toutes répondent à une structure spéciale chargée des "opérations étrangères" auprès de qui elles prennent leurs ordres pour attaquer. Il n'a pas donné d'autres indications.

Selon le combattant, le chef de cet appareil serait un Jordanien qui travaille en étroite collaboration avec la direction en Syrie et en Irak et qui se déplace entre les deux pays. On ne le connaît que par un surnom. "Il dirige ces opérations, entre en contact avec les sympathisants, les guide pour l'entraînement, ainsi que pour les opérations et les cibles", explique-t-on de source jihadiste proche du groupe. Son récit n'a pu être corroboré.

Selon le New York Times, les auteurs des attentats de Paris auraient à un certain stade été en contact avec des membres connus de l'EI en Syrie.

Les combattants de Daech disent que les attentats de Paris ont redonné le moral au sein de l'organisation après une semaine lors de laquelle elle a perdu une ville stratégique en Syrie proche de la frontière irakienne, ainsi que Sinjar en Irak, à la faveur d'une contre-attaque parmi les plus importantes depuis que l'EI s'est emparé de vastes territoires en Irak l'an dernier.

En outre, l'armée syrienne et ses alliés du Hezbollah, soutenus par les frappes aériennes russes, ont brisé le siège d'une base aérienne assiégée par l'EI depuis près de deux ans.

 


AFP PHOTO / MIGUEL MEDINA



"L'arrogance des Français"
Parmi les pays occidentaux que l'EI souhaite frapper, la France occupe une place de choix, expliquent des jihadistes parce que, disent-ils, les musulmans y font l'objet de discriminations.

"Ce n'est que le commencement. Nous n'avons pas non plus oublié ce qui s'est passé au Mali", déclare un combattant islamiste non syrien contacté sur internet, en faisant allusion à l'intervention française pour lutter contre les islamistes qui s'étaient emparés du nord du Mali en 2013. "L'amertume provenant du Mali, l'arrogance des Français ne sera pas du tout oubliée", a-t-il dit, en saluant les attentats de Paris. "Leurs atrocités en Syrie et leur soutien à la tyrannie s'ajoute à cela."

Dans un de ses hymnes populaires qui s'intitule "Bientôt, bientôt" , l'EI promet une longue bataille qui frappera tous ses opposants. "Bientôt, bientôt, vous verrez des merveilles avec une bataille terrifiante. Vous verrez. Nos batailles seront à l'intérieur de chez vous. J'ai tiré mon épée pour votre destruction." "Vous avez commencé à me combattre avec cette alliance qui se fait des idées; aussi maintenant, vous allez avoir une idée de mon courroux. Il durera longtemps. Nous viendrons vers vous avec la mort et le massacre. Et vous connaîtrez le goût de la défaite."

Les partisans de l'EI disent ne pas être impressionnés par les frappes de la coalition internationale en Syrie. "Nous travaillons à partir d'une idéologie. Comment voulez-vous vaincre une idéologie ou quelqu'un qui croit? Plus grande sera la guerre contre nous, contre l'islam, le véritable islam, plus forte sera notre foi et notre engagement envers notre califat", déclare un fidèle. "L'Etat ne dit pas ce qu'il va faire demain. Il a dit au monde qu'il sera puni et il en sera ainsi."

 

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D'après un combattant de l'EI (Daech selon son acronyme arabe)...

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Et en Per(s)cée, l'Iran ? c'est pour quand ?

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

16 h 04, le 17 novembre 2015

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Commentaires (2)

  • Et en Per(s)cée, l'Iran ? c'est pour quand ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    16 h 04, le 17 novembre 2015

  • Des malades...

    Michele Aoun

    15 h 20, le 17 novembre 2015

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