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À La Une - Analyse

Former des rebelles, un chemin d'embûches familier aux États-Unis

"Nous avons besoin de forces modérées qui puissent aider à sécuriser la Syrie", affirme un ancien responsable US.

Un combattant rebelle lors d'affrontements avec les forces pro-gouvernementales le 18 septembre 2015 dans la province d'Idleb. AFP PHOTO/OMAR HAJ KADOUR

Les nouveaux rebelles syriens recrutés par les États-Unis étaient censés démontrer que Washington pouvait former des combattants modérés pour lutter contre les jihadistes de ce pays ravagé par la guerre.
Mais peu après leur retour en Syrie, ces combattants soutenus par l'Amérique ont livré plus d'un quart de leurs munitions et d'autres équipements au Front al-Nosra, un groupe affilié à el-Qaëda.

Cet aveu surprenant du Pentagone illustre l'étendue de la complexité du conflit syrien mais met aussi en lumière le bilan en dents de scie de la formation, par les États-Unis, de rebelles à l'étranger.
"Le bilan des succès et des échecs (de la formation de rebelles à l'étranger, NDLR) est au mieux inégal. Beaucoup d'échecs, pas beaucoup de victoires", affirme Stephen Biddle, professeur à l'université de George Washington, qui a écrit un projet de rapport sur ces missions. "Il est très improbable que ce programme de formation-équipement (des rebelles syriens) fonctionne", estime-t-il.

L'administration Obama a dévoilé en janvier un programme de formation des rebelles syriens de 500 millions de dollars, dans lequel des candidats dûment contrôlés promettent de combattre le groupe EI.
Mais ses débuts ont été désastreux. En juillet, le premier groupe à avoir été formé a été attaqué par al-Nosra. Un de ses membres aurait été tué, un autre capturé. Et le Pentagone ne sait pas très bien ce qu'il est advenu des 18 autres.
Et jeudi, l'influent sénateur John McCain a affirmé que les premières frappes de la Russie en Syrie avaient touché des rebelles formés par la CIA.

Contrairement au Pentagone, l'agence reste muette sur ses propres opérations en Syrie, dont le bilan n'est pas connu. Le Pentagone a reconnu cette semaine que le programme de formation des rebelles syriens était partiellement suspendu, aucune recrue n'arrivant en Turquie ou en Jordanie.
Et le président Barack Obama a avoué lui-même vendredi que le programme était à la peine. "Je suis le premier à reconnaître qu'il n'a pas fonctionné comme il aurait dû", a-t-il déclaré, en expliquant que les rebelles ne voulaient pas seulement combattre les jihadistes de l'EI. "La réponse qu'on reçoit c'est comment pouvons-nous nous concentrer sur l'EI quand chaque jour ils reçoivent des barils d'explosifs et des frappes du régime" syrien?, a-t-il expliqué.

(Lire aussi : Le jeu russe en Syrie : causes et conséquences... Le décryptage d'Anthony Samrani)

 

Peu de choix

Les formateurs misent pourtant sur les succès remportés avec les Kurdes dans l'est du pays, et le porte-parole du Pentagone Jeff Davis continue de croire que les États-Unis ont "besoin d'une force locale syrienne au sol avec laquelle (ils) peuvent travailler".

Le précédent le plus connu de formation de rebelles est celui mené par les États-Unis dans les années 1980 auprès des moudjahidines afghans contre les forces soviétiques. Ce programme était plus important que celui de la Syrie et il a contribué au retrait de l'Union soviétique. Mais des observateurs affirment que certains combattants sont allés former les talibans ou ont rejoint el-Qaëda, et que les États-Unis en paient toujours le prix.

En Irak, l'aide à la reconstitution d'une armée irakienne a partiellement réussi mais il a aussi grandement échoué quand ses forces locales se sont effondrées sous le joug du groupe EI l'an dernier.

De même que les milliards de dollars versés pour former des soldats afghans ont généré une armée qui peine encore à contenir les talibans. Ces derniers sont d'ailleurs parvenus cette semaine à s'emparer de la ville de Kunduz. M. Biddle note aussi que les 7 milliards d'aide américaine à l'armée pakistanaise n'ont pas généré de victoire contre les insurgés.
Obama avait confié l'an dernier au magazine New Yorker avoir demandé à la CIA d'analyser les exemples réussis de financement et de fourniture d'armes aux rebellions. Mais "ils n'ont pas pu m'en donner beaucoup", a reconnu le président.

Compte tenu de la complexité du conflit syrien, Anthony Cordesman, du Center for Strategic and International Studies, estime que ce programme de formation de rebelles est une des rares options acceptables. "La vie ne vous offre pas beaucoup de bons choix dans ce qui est devenu une des guerres civiles les plus destructrices et conflictuelles de l'histoire moderne", estime M. Cordesman.

Derek Chollet, ancien secrétaire adjoint à la Défense et conseiller au German Marshall Fund, explique que les États-Unis devraient poursuivre leur initiative. Si le président Assad "s'en va, nous aurons encore un gros problème en Syrie. Nous avons besoin de forces modérées qui puissent aider à sécuriser le pays", plaide-t-il.


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commentaires (1)

Edifiant ce que dit cet article , pas etonnant que les huluberlus refusent de le lire . Les occicons leur parasitent l'esprit sur le nouvel homme fort du monde libre .

FRIK-A-FRAK

16 h 18, le 04 octobre 2015

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Commentaires (1)

  • Edifiant ce que dit cet article , pas etonnant que les huluberlus refusent de le lire . Les occicons leur parasitent l'esprit sur le nouvel homme fort du monde libre .

    FRIK-A-FRAK

    16 h 18, le 04 octobre 2015

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