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Moyen Orient et Monde - Analyse

Peut-on trouver un compromis avec l’Iran en Syrie ?

Pour François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France à Téhéran, « une évolution de la position iranienne est tout à fait possible, mais il faut que le président Rohani conquiert toute l’autorité nécessaire pour jouer un rôle en politique étrangère ». Atta Kenare / AFP

Principal allié de Damas, Téhéran défend ses intérêts stratégiques en Syrie. Les évolutions de la scène intérieure iranienne et son intégration à la table des négociations pourraient néanmoins l'amener à faire évoluer sa position sur le dossier.
Au moment où Moscou déployait ses nouvelles forces à Lattaquié, Téhéran concluait un cessez-le feu de six mois dans les localités de Zabadani, de Foua et de Kefraya, après de longues négociations avec les membres de l'Armée de la Conquête, coalition de rebelles menée par le Front al-Nosra – branche syrienne d'el-Qaëda – et le groupe salafiste Ahrar el-Cham. Si ce cessez-le-feu pourrait être sérieusement menacé par le début des frappes russes en Syrie, notamment contre les positions de l'Armée de la Conquête, il n'empêche qu'il consacre le rôle de l'Iran comme l'un des principaux acteurs militaires et politiques de la crise syrienne. Comme l'explique l'analyste syrien Hassan Hassan, dans un article publié dans le journal britannique The Guardian, intitulé Ceasefire deal is testimony of Iranian power, cette trêve démontre que « malgré leurs divergences, les puissances régionales peuvent s'entendre avec des groupes locaux pour trouver des solutions basées sur la réalité du terrain ».

 

(Lire aussi : Après les frappes russes, une offensive au sol du Hezbollah et de l'Iran?)


En menant les négociations de cessez-le-feu, l'Iran se place non seulement comme un acteur capable d'imposer son propre agenda au régime syrien, mais aussi comme un belligérant susceptible de faire preuve de pragmatisme en fonction des évolutions sur le terrain.
Malgré l'intensité de l'engagement de Moscou et sa capacité à modifier les rapports de force en faveur du régime, Téhéran reste en première ligne dans ce conflit. Des milliers de pasdaran sont présents sur le terrain, forment et encadrent des milices syriennes, afghanes et irakiennes, sans compter les combattants du Hezbollah (entre 5 000 et 8 000 selon les experts) et les milliards de dollars que Téhéran fournit à Damas depuis le début du conflit. Autrement dit, les Russes dominent les airs pendant que les Iraniens avancent au sol : ce qui semble indiquer une coordination, malgré des intérêts parfois divergents, entre les deux principaux alliés de Damas.

 

Revoir sa position ?
Si aucune solution n'est désormais possible sans l'accord de la Russie, le rôle de Téhéran n'est pas pour autant marginalisé. Toutes les tentatives sérieuses de mettre fin à ce conflit devront forcément impliquer l'invitation de l'Iran à la table des négociations. Mais ce dernier, qui montre un soutien indéfectible à son allié syrien depuis le début du conflit, est-il prêt à revoir sa position ? Pour François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France à Téhéran, « une évolution de la position iranienne est tout à fait possible, mais il faut que le président Rohani conquiert toute l'autorité nécessaire pour jouer un rôle en politique étrangère ». Selon lui, les élections législatives de février prochain vont être déterminantes dans la mesure où « elles ne concernent pas seulement le Majlis mais également la nomination des membres de l'Assemblée des experts, qui est l'autorité chargée d'élire le futur guide suprême. M. Rohani est en train de remettre en question le fonctionnement des gardiens de la révolution. Pour l'instant ce sont les pasdaran, et non le gouvernement, qui ont la main sur le dossier syrien. Mais intégrer l'Iran à la table des négociations pourrait renforcer les positions de Rohani et de l'aile modérée », analyse M. Nicoullaud.


Un avis partagé par Thierry Coville, chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) et spécialiste de l'Iran, qui estime que « l'accord nucléaire entre l'Iran et les 5+1 (signé en juillet dernier, ndlr) a changé la donne et symbolisé la victoire de Rohani sur les pasdaran ».
Selon M. Nicoullaud, « les Iraniens n'ont pas la volonté de maintenir comme il est le régime Assad. Ils ne s'opposeraient pas à la formation d'un gouvernement multiconfessionnel. Mais ils proposent une séquence : "Vous nous aidez à détruire l'État islamique (EI), puis on discute de la future Constitution." Une séquence que défend également Moscou mais que les Occidentaux et les puissances sunnites refusent pour l'instant, estimant de leur côté que le maintien de M. Assad alimente les groupes jihadistes.
« Il n'y a aucune garantie sur le fait que des négociations entre Occidentaux et Iraniens aboutissent, mais elles apparaissent être la meilleure façon de procéder pour trouver une issue à ce conflit », estime M. Coville, en ajoutant que « comme sur le dossier nucléaire, il faudra certainement du temps pour trouver un compromis ».


Difficile, à l'heure actuelle, de voir quelle forme pourrait prendre ce compromis. Sans être forcément attachés à la personne du président syrien, Bachar el-Assad, les Iraniens défendent des intérêts stratégiques en Syrie, surtout liés à la présence du Hezbollah. Pour « vendre la carte Bachar el-Assad », il leur faudrait probablement obtenir en amont des garanties sur le fait que le nouveau pouvoir ne remettrait pas en question l'axe Téhéran / Hezbollah / Damas. En outre, la rivalité croissante qui oppose actuellement Téhéran et Riyad sur plusieurs dossiers régionaux, particulièrement la Syrie et le Yémen, pourrait être un frein aux négociations. En parrainant plusieurs groupes rebelles armés en Syrie, Riyad cherche avant tout à contrer les offensives de son rival iranien et à déstabiliser son principal allié dans le monde arabe. Pour trouver une sortie de crise en Syrie, les Occidentaux et les Russes devront donc se placer comme les arbitres de la guerre froide que se mènent les deux mastodontes régionaux. Tout en tenant compte de leurs intérêts personnels et de ceux d'Ankara. Ce qui est loin d'être une mince affaire.

 

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Principal allié de Damas, Téhéran défend ses intérêts stratégiques en Syrie. Les évolutions de la scène intérieure iranienne et son intégration à la table des négociations pourraient néanmoins l'amener à faire évoluer sa position sur le dossier.Au moment où Moscou déployait ses nouvelles forces à Lattaquié, Téhéran concluait un cessez-le feu de six mois dans les localités...

commentaires (3)

Qu'est ce qu'on aimerait avoir une opposition modérée ! !!! Tout ce gazouillis de salafowahabites dit modérés ou brutaux ne sont connus que des occicons. Sur le terrain comment les distinguer ? Tenez on va finir par organiser un concours de défilé de mode et un jury nous déterminera qui est présentable et qui ne l'est pas. Restera à savoir qui va présider ce défilé. Hahahahaah. Quand j'entends encore le chef des huluberlus qui nous annonce presque chaque fois qu'on le lit que damas Moscou Téhéran le hezb Pékin seront bombardés et finis demain matin, j'espère me dis que ses sources sont fiables autant que celles d'un magicien charlatan.

FRIK-A-FRAK

10 h 24, le 02 octobre 2015

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Commentaires (3)

  • Qu'est ce qu'on aimerait avoir une opposition modérée ! !!! Tout ce gazouillis de salafowahabites dit modérés ou brutaux ne sont connus que des occicons. Sur le terrain comment les distinguer ? Tenez on va finir par organiser un concours de défilé de mode et un jury nous déterminera qui est présentable et qui ne l'est pas. Restera à savoir qui va présider ce défilé. Hahahahaah. Quand j'entends encore le chef des huluberlus qui nous annonce presque chaque fois qu'on le lit que damas Moscou Téhéran le hezb Pékin seront bombardés et finis demain matin, j'espère me dis que ses sources sont fiables autant que celles d'un magicien charlatan.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 24, le 02 octobre 2015

  • LA DONNE SUR LE TERRAIN S,IMPOSE ! TOUS VONT SUIVRE LA LOGIQUE DES INTERETS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 32, le 02 octobre 2015

  • L’Iran sera obligé de le lâcher et de se contenter d'un gouvernement de transition sans lui. En sus, l'Iran obligera son héZébbb à retourner au Liban.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 55, le 02 octobre 2015

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