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À La Une - Conflit

Les atermoiements d'Obama face au chaos syrien

Soucieux de marquer une rupture nette avec l'interventionnisme de son prédécesseur républicain George W. Bush, le chef de la Maison Blanche est-il allé trop loin dans l'autre sens?

Le président américain Barack Obama insiste sur l'importance de la coalition internationale en Syrie, recherche des alliances régionales, et met inlassablement en garde contre les interventions irréfléchies. Mark Wilson/Getty Images/AFP

De la ligne rouge aux contours flous sur les armes chimiques à la réponse alambiquée face à l'entrée en scène fracassante de la Russie, la stratégie et les objectifs de Barack Obama face au chaos syrien suscitent la perplexité.

Ses détracteurs dénoncent un manque de clarté, de vision, ou d'audace. Mais à moins de 500 jours de son départ, rien n'indique que le président américain change d'approche, ou se laisse imposer un autre rythme.
Fort de sa conviction que la puissance militaire américaine ne peut -- à elle seule -- répondre aux violentes crises qui secouent le monde, en particulier au Moyen-Orient, M. Obama insiste sur l'importance de sa coalition, cherche des alliances régionales, met inlassablement en garde contre les interventions irréfléchies.

Mais la valse-hésitation, à l'été 2013, sur l'opportunité de frappes après l'utilisation d'armes chimiques par le régime de Bachar el-Assad, a laissé un réel sentiment de flottement. Et la séquence des derniers jours, où la Maison Blanche est apparue prise de court face à l'offensive diplomatique et militaire russe, a jeté une lumière crue sur les hésitations américaines.

Le président américain a choisi lui, pour l'heure, le silence. "En politique étrangère, il est toujours difficile de dire ce qui se passe en coulisses. Mais l'impression qui domine est qu'il n'a pas de réponse claire. Or l'impression est cruciale en politique", souligne Julian Zelizer, professeur d'histoire à l'université de Princeton.

 

(Lire aussi : Obama et la Syrie : « No change »)


Soucieux de marquer une rupture nette avec l'interventionnisme de son prédécesseur républicain George W. Bush, M. Obama est-il allé trop loin dans l'autre sens et a-t-il "sonné la retraite (des États-Unis) au Moyen-Orient", selon les termes du sénateur républicain John McCain ?
"Dans l'intérêt du peuple syrien, le temps est venu pour le président Assad de se retirer", lançait-il le 18 août 2011 après cinq mois de répression par Damas d'un mouvement de contestation sans précédent.
Deux ans plus tard, il annonçait que les États-Unis étaient prêts à frapper des cibles du régime syrien après une attaque à l'arme chimique - ligne rouge selon l'administration - qui avait fait plus de 1.400 morts selon le renseignement américain.

Mais, à la surprise générale, il faisait aussi part de sa décision de... soumettre cette décision à un vote du Congrès, écartant de facto une action militaire à court terme. Le vote, qui s'annonçait extrêmement difficile, n'eut finalement pas lieu, les frappes ayant été abandonnées après une proposition russe de destruction des armes chimiques syriennes.

 

(Lire aussi :Le chaos syrien ne cesse de s'étendre : acteurs et intérêts s'enchevêtrent)

 

'Guerrier réticent'

En août 2014, une phrase maladroite venait accentuer le sentiment d'indécision: "Nous n'avons pas encore de stratégie", lançait-il en conférence de presse en évoquant la lutte contre l'EI en Syrie. La Maison Blanche tentait l'explication de texte. En vain, la formule est restée.

A reculons, M. Obama s'engagera dans la formation de l'opposition modérée pour combattre en Syrie le groupe jihadiste État islamique (EI). L'opération est un fiasco. Il y a deux semaines, les élus du Congrès ont écouté, médusés, le général Lloyd Austin, présenter ses chiffres: doté de 500 millions de dollars, ce programme qui devait concerner environ 5.000 rebelles par an n'a pour l'instant permis de former que quelques dizaines de combattants.

D'une phrase ciselée, John McCain a résumé cette semaine sa vision du dossier: "Cette administration a créé la confusion chez nos amis, encouragé nos ennemis, confondu un excès de précaution avec de la prudence et remplacé les risques de l'action par les dangers de l'inaction".

 

(Lire aussi : Peut-on trouver un compromis avec l’Iran en Syrie ?)

 

La Maison Blanche assure de son côté que les frappes aériennes de la Russie -- dont elle dénonce les contradictions et les incohérences -- ne provoqueront pas de "ré-évaluation générale" de sa stratégie en Syrie. Et, dans une pique à la fois à ses adversaires républicains et Vladimir Poutine, souligne qu'il n'est pas possible d'imposer "une solution militaire" en Syrie, pas plus que cela ne l'a été pour les États-Unis en Irak il y a une décennie ou pour la Russie en Afghanistan, il y a 30 ans.

Reste que l'extrême prudence de Barack Obama face à l'envoi de troupes au sol est en phase avec un sentiment largement partagé aux États-Unis, rappelle Julian Zelizer. "De manière générale, à l'exception d'une brève parenthèse après le 11-septembre 2001, (...) il y a de réelles résistances chez les Américains à s'engager dans une guerre, en particulier au Moyen-Orient", souligne-t-il.

Lorsqu'il a pris la parole lundi à la tribune de l'Onu lors d'une assemblée générale, M. Obama, très attendu, a d'abord prononcé un vibrant plaidoyer pour la diplomatie. "Si la puissance militaire est nécessaire, elle n'est pas suffisante pour résoudre la situation en Syrie", a-t-il martelé devant les dirigeants de la planète rassemblés à New York. "Ce travail prendra du temps". Pour Julian Zelizer, ce discours prouve une nouvelle fois -- s'il en était besoin -- que Barack Obama est un "guerrier réticent". Et qu'il "n'a pas l'intention de changer".

 

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Ses détracteurs dénoncent un manque de clarté, de vision, ou d'audace. Mais à moins de 500 jours de son départ, rien n'indique que le président...

commentaires (5)

Ce n'est point de l'atermoiement, mais de la préméditation.... criminelle tout simplement !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

11 h 16, le 04 octobre 2015

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Commentaires (5)

  • Ce n'est point de l'atermoiement, mais de la préméditation.... criminelle tout simplement !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 16, le 04 octobre 2015

  • C'est un fait que Obama et ses 6 conseillers juifs a la maison blanche se plantent tous le jours dans leurs decisions . Est ce voulu ? obama en fait ne fait qu'executer les ordres donnes ... et remettra son tablier au prochain executant , tant que un assainissement global de politique americaine ne se fera pas .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 55, le 03 octobre 2015

  • FAIRE OU NE PAS FAIRE ? ET... QUE FAIRE ???

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 17, le 03 octobre 2015

  • Il n'a pas étét trop loin. Il a fermé les yeux comme sur la photo pour ne pas voir la honte du massacre d'un peuple avec la participation active des Hezbollah et consorts qui va un jour rentrer au Liban en criant victoire après un abandon organisé de la Syrie

    FAKHOURI

    00 h 33, le 03 octobre 2015

  • une Vraie catastrophe pour l humanite le passage a la maison blanche de cet incapable cynique d OBAMA....tous les dictateurs par contre se frottent les mains....assad kamenei kim il jung castro maduro etc eTc

    HABIBI FRANCAIS

    23 h 56, le 02 octobre 2015

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