Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a exprimé « sa préoccupation face à la vacance de la présidence de la République au Liban, clé de voûte des institutions », lors d'un entretien d'une demi-heure vendredi avec l'ancien président de la République Amine Gemayel, au Palais de Verre à New York. La réunion « amicale et franche », qui s'est déroulée en présence du représentant permanent du Liban à l'Onu, Nawaf Salam, a eu lieu au bureau de M. Ban, sis au 38e étage du siège de l'Onu. Mettant en garde contre la « gravité de la situation », le secrétaire général de l'Onu a « évoqué des dommages irréversibles, d'où la nécessité d'aider le Liban à sortir de ce marasme », a indiqué M. Gemayel, dans un entretien accordé à L'Orient-Le Jour après sa rencontre avec Ban Ki-moon. Au menu de leurs discussions : la dimension régionale de la présidentielle, la situation à la frontière, les réfugiés et le Tribunal spécial pour le Liban.
Dimension régionale de la présidentielle
La question vitale de l'élection présidentielle et sa dimension régionale, avec « les interventionnismes des uns et des autres dans le processus électoral », ont été évoquées lors de cette rencontre. Une « démarche régionale et des contacts à haut niveau ont été établis, à commencer par l'Iran. La semaine prochaine, un émissaire onusien se rendra à Téhéran pour encourager les acteurs libanais à régler finalement le problème de la présidence », a noté M. Gemayel.
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Protection internationale de la frontière
L'entretien avec Ban Ki-moon a également porté sur la situation préoccupante à la frontière libano-syrienne. « Les frontières libanaises ont besoin, par n'importe quel moyen, d'une protection internationale. Il y a une réflexion sérieuse sur la situation à la frontière suite à la crise syrienne, la dégradation de la situation au Liban et le flux des réfugiés syriens. Il est vrai que c'est une responsabilité libanaise, mais c'est aussi une responsabilité régionale et internationale face à la situation actuelle des institutions libanaises en difficulté à cause de la vacance présidentielle et la situation générale qui règne dans le pays et dans la région. Il vaut mieux prévenir que guérir », souligne Amine Gemayel.
« Réfugiés »
La dimension des réfugiés syriens au Liban a été également discutée avec le secrétaire général de l'Onu. « Nous avons parlé de la proportion de réfugiés par rapport à la population libanaise : au Liban, nous comptons 350 réfugiés syriens pour 1 000 habitants ; en Turquie, on compte 30 réfugiés syriens pour 1 000 habitants. La Turquie a un potentiel beaucoup plus grand avec 80 millions d'habitants. Nous avons à peu près le même nombre de réfugiés, avec quatre millions d'habitants. La proportion est énorme. Le Liban ne peut pas continuer à gérer une situation pareille, sur les plans sécuritaire et social, car les Syriens sont en train de prendre les emplois des Libanais, ni sur les plans démographique et de l'équilibre national, dans la mesure où 90 % des réfugiés syriens sont d'une confession déterminée. Cela crée un déséquilibre complet, d'autant qu'on ne sait pas si ces réfugiés vont rentrer chez eux », estime-t-il.
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Le TSL
La question du Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a été également soulevée avec M. Ban. « J'ai réitéré ici l'étude de la possibilité que l'affaire de Pierre Gemayel soit incluse dans la compétence du Tribunal international, parce que le gouvernement a fait une démarche en ce sens. Il y a eu un début d'enquête internationale sur l'assassinat de Pierre, mais elle est restée sans lendemain par rapport à la procédure judiciaire », précise M. Gemayel.
Décrivant le climat général de cette rencontre, l'ancien chef d'État a noté que « la discussion avec Ban Ki-moon était amicale, ouverte et très franche ». « Le secrétaire général de l'Onu semblait très préoccupé par la vacance à la présidence de la République, qui est la clé des institutions, notamment le Parlement, le gouvernement et l'administration. Il y a un phénomène d'érosion qui peut devenir très grave. Il a également évoqué des dommages irréversibles, d'où la nécessité de nous aider à sortir de ce marasme », ajoute l'ancien chef d'État.
Rencontre avec Feltman
Amine Gemayel avait eu auparavant une rencontre avec l'ambassadeur Jeffrey Feltman, secrétaire général adjoint pour les Affaires politiques de l'Onu. Cette visite « amicale et nostalgique d'une heure », au cours de laquelle « la situation au Liban a été longuement décrite et discutée », a eu lieu en présence de Nawaf Salam, accompagné de son équipe. La visite à New York d'Amine Gemayel se situe dans le cadre de la conférence de haut niveau organisée, du 17 au 19 septembre, par le puissant think tank allemand IPPFoRB/Konrad Adenauer Stiftung, autour du thème « Efforts multinationaux pour promouvoir la liberté de religion et de croyance. Une action conjointe commune pour promouvoir le bien commun ». Cette conférence a groupé plus de 100 parlementaires et experts de 45 pays pour discuter de stratégies visant à assurer la liberté religieuse dans le monde, en présence notamment de Nasser Abdel Aziz Nasser, haut représentant des Nations unies pour l'Alliance des civilisations.
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S'il pouvait y avoir ... une vacance de la présidence Onusienne ...sans doute pas beaucoup de monde... serait préoccupé.....
13 h 54, le 21 septembre 2015