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Économie - Conjoncture

Liban : Un premier semestre de mauvais augure

Les indicateurs disponibles pour le premier semestre semblent confirmer l'aggravation des répercussions de la crise institutionnelle et des troubles sécuritaires régionaux sur l'activité libanaise.

Les importations ont chuté de 17 % au premier semestre. Archives AFP

Depuis la fin de l'été, le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, a déclaré à plusieurs reprises que la croissance libanaise serait sans doute proche de zéro cette année, contre 2,5 % en 2014.
Raisons principales de cette atonie prévue ? La poursuite des troubles géopolitiques et sécuritaires dans la région et surtout celle de l'instabilité politique locale, amplifiée désormais par la crise des déchets qui secoue le pays. « L'année 2015 est la cinquième année consécutive d'instabilité politique et sécuritaire, impactant la confiance des consommateurs et des investisseurs qui est au plus bas », affirme à L'Orient-Le Jour le chef du département de recherche de Byblos Bank, Nassib Ghobril. « Selon notre dernier indice de confiance, 80 % des consommateurs libanais considèrent que leur situation financière a empiré et plus de 70 % qu'elle allait se détériorer davantage dans les six prochains mois. Ils dépensent donc moins, d'où une baisse drastique de la demande », ajoute-t-il.

 

(Lire aussi : L’IFI révise à la baisse ses prévisions de croissance)


Les principaux indicateurs de la demande ont en effet enregistré des baisses importantes au premier semestre, et notamment les importations (-16,77 % en rythme annuel), les permis de construire (-19 %) ou les chèques compensés (-9 %). Si la demande interne a pu tirer en partie profit de la baisse des prix du pétrole – qui explique en partie la forte réduction de la facture des importations – elle a été moins soutenue par les flux de capitaux, qui ont chuté de 33,1 % en rythme annuel sur les six premiers mois à 5,9 milliards de dollars, selon une étude de la Fransabank. La balance des paiements a de ce fait affiché un déficit de 1,32 milliard de dollars fin juin, contre un excédent de 215,7 millions de dollars en juin 2014. « Il s'agit de l'une des pires années pour le Liban. Des secteurs sont en récession, d'autres en stagnation et d'autres encore en croissance très ralentie », souligne Nassib Ghobril.

 

(Lire aussi : S&P plus pessimiste pour l’économie libanaise)

 

Décélération de la croissance bancaire
Le secteur public a lui aussi fortement pâti de la conjoncture morose. Le déficit public a augmenté de 13 %, à 1,8 milliard de dollars (26,3 % des dépenses publiques) au premier semestre, selon le ministère des Finances. Les recettes ont totalisé 5 milliards de dollars, en baisse de 4,4 % sur un an. Ce recul est essentiellement dû à la baisse de 16,9 % des droits d'enregistrement des transactions immobilières, ainsi que celle de 4,9 % des revenus liés à la TVA. La dette publique, elle, s'est élevée à 69 milliards de dollars fin juin, affichant une hausse de 5 % sur un an, et représentant 135 % du PIB.
« Le secteur bancaire reste toutefois résilient. Il bénéficie toujours de la confiance des déposants et peut financer les besoins du gouvernement qui sont de plus en plus importants avec son niveau élevé de liquidités », considère Nassib Ghobril. Reste que là encore, l'heure est à la décélération. Le bilan consolidé du secteur bancaire au Liban s'est élevé à 180,1 milliards de dollars fin juin, en hausse de 2,5 % sur les six premiers mois de l'année contre 2,9 % sur la même période en 2014. Les dépôts du secteur privé ont augmenté de 5,9 % en rythme annuel, contre une croissance de 7 % sur la même période un an plus tôt. En parallèle, les crédits au secteur privé ont progressé de 5,2 % sur un an, contre une croissance de 12 % un an plus tôt.


Face au marasme économique, la BDL a annoncé une nouvelle enveloppe d'un milliard de dollars pour 2016 afin de soutenir la croissance et relancer l'économie. Cela porterait le total des injections réalisées depuis 2013 aux alentours des 5 milliards de dollars. Mais pour Nassib Ghobril, la solution réside dans un « choc » politique comparable à la conférence de Doha en 2008 qui passerait par « une élection présidentielle, la formation d'un nouveau gouvernement et des législatives, accompagnées de véritables réformes structurelles ».

 

 

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