Le chef du Courant patriotique libre (CPL) Michel Aoun. Photo d'archives AFP/HO/Charbel Nakhoul
Le chef du Courant patriotique libre (CPL) Michel Aoun a mis en garde samedi le commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwaji, contre le déploiement des militaires face aux manifestants aounistes, lorsque ces derniers auront recours à la rue pour contester la prorogation des mandats des responsables sécuritaires.
"Attention, Jean Kahwaji, de déployer l'armée pour nous affronter !", a martelé M. Aoun lors d'une réunion extraordinaire de sa formation à Rabieh, apostrophant le numéro un de l'institution militaire. "(Le chef de l'armée) n'a pas le droit de quitter Tripoli et Ersal pour nous affronter". Et d'ajouter : "L'armée est nationale, elle ne doit pas défendre un régime quelconque. Toute l'armée, soldats et officiers ne doivent pas faire face à une manifestation populaire". Le leader du CPL a également accusé le général Kahwaji de "politiser l'armée car il fait parvenir des politiciens à des postes de manière illégale", sans plus de précisions.
Mercredi soir, le ministre de la Défense Samir Mokbel a décidé de proroger d'un an le mandat du commandant en chef de l'armée, le généra Jean Kahwagi, du chef d'état-major de la troupe, le général Walid Salman, ainsi que du secrétaire général du Conseil supérieur de la défense, le général Mohammad Kheir.
"J'appelle tous les militant du CPL, une fois le moment venu, à manifester dans la rue. Sinon, à quoi bon être engagé politiquement?", a lancé M. Aoun, sans fixer de date précise au mouvement prévu. Le 9 juillet, les partisans aounistes avaient déjà manifesté place Riad Solh afin de réclamer "la restitution des droits des chrétiens".
Dans son allocution, Michel Aoun a ensuite mené une attaque frontale tous azimuts contre le gouvernement ainsi que ses opposants politiques. Il a accusé le Conseil des ministres (dont sa formation fait partie), de mener une tentative de coup d'Etat. "Le gouvernement a pris des décisions arbitraires envers l'institution militaire : c'est une tentative de coup d'Etat", a martelé le chef du CPL.
Et de poursuivre, sans épargner la presse : "Les journaux usent de grands mots en reprenant des propos de politiciens qui affirment qu'on a détruit Aoun, qu'on la défait, qu'il est en banqueroute. Mais qui sont ces semblants d'homme qui ne comprennent pas que mon capital est populaire et que personne ne peut me l'ôter. Ce sont eux qui ont volé l'argent public, qui ont falsifié les vérités. Qu'ils s'abstiennent d'accuser quiconque".
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"Un gouvernement d'ordures"
S'attardant sur la crise des déchets qui paralyse le pays depuis le 17 juillet, et au lendemain de l'annonce de trois offres pour Beyrouth soumises par des sociétés privées afin de ramasser et traiter les ordures, M. Aoun a balayé d'un revers de main ce développement : "Ils promettent des solutions pour Beyrouth, mais ce sont des menteurs. Ils transportent les déchets de la capitale vers la montagne. Ce n'est pas une solution. La traîtrise est flagrante, le vol aussi. Ils doivent en rendre compte. Ceux qui nous accusent de corruption, le sont eux-même, ainsi que leurs maîtres". Et de lancer à l'encontre des responsables politiques : "Vous êtes le gouvernement d'ordures".
Le chef du CPL a conclu son allocution en s'adressant aux chrétiens libanais : "Vous, Libanais, surtout chrétiens, êtes aujourd'hui en danger, comme les chrétiens de la plaine de Ninive (en Irak). Seul le Hezbollah nous défend, mais on le critique pourtant. Quelle ingratitude! Comment compte-on défendre le pays contre les terroristes et Israël? Où est le courage de ceux qui critiquent le Hezbollah? Assez de mensonges".
Pour mémoire
"Attention, Jean Kahwaji, de déployer l'armée pour nous affronter...
MALGRÉ LES MOYENS IRRESPONSABLES EMPLOYÉS PAR LE GÉNÉRALISSIME PARAVENTISSIME... IL A RAISON DE REFUSER LES PROROGATIONS ET DE DEMANDER LE RETOUR DES POSTES CHRÉTIENS ACCAPARÉS PAR LES DEUX AUTRES COMMUNAUTÉS... MAIS IL NE DOIT PAS PARLER SEULEMENT DE TRIPOLI ET DE ERSAL... LES TRIPOLITAINS ET LES ERSALIS N'INTERVIENNENT PAS MILITAIREMENT EN SYRIE ET AILLEURS DANS LE MONDE ARABE... AU MÉPRIS DE L'ETAT ET DE SON ARMÉE NATIONALE !!!
19 h 58, le 09 août 2015